La production de volaille pourrait augmenter au Cameroun dans les prochaines années
Ce dernier inculque à son jeune manœuvre les techniques élémentaires d'élevage de poulets. Pourvu d'une certaine expérience, M. Ndonie ouvre sa propre entreprise et depuis lors, il gère un poulailler dans cette zone industrielle de Douala. Une activité rentable d'après lui, vu que sa production mensuelle s'évalue à environ 1300 poulets de chair de 45 jours. "Si j'avais la formation adéquate et des fonds nécessaires, je pourrais certainement améliorer ma productivité", se plaint-il.
En effet, la formation est le principal obstacle à la production avicole. Beaucoup de personnes se retrouvent fortuitement dans la filière. Adeline Kamga se range dans cette catégorie. Elle commence à élever des poulets de chair en prévision à la célébration du mariage de sa fille, en décembre 2008. Elle se découvre ainsi les talents d'éleveur et réitère l'expérience après les réjouissances. Comme bon nombre d'éleveurs, elle achète les poussins d'un jour auprès des accouveurs, les nourrit et 50 jours après, les poussins devenus poulets attiseront la convoitise des grossistes du marché central de la capitale économique. Mais la route est souvent parsemée d'embûches jusqu'au produit fini.
Du fait de son inexpérience dans l'activité avicole, Mme Kamga confie qu'elle est régulièrement sujette à l'arnaque des "mauvais provendeurs. Actuellement j'utilise de la provende chinoise pour l'alimentation de ma volaille", révèle t-elle. L'alimentation n'est pas le seul souci des éleveurs de poulets de chair. "La psychose de la grippe aviaire se fait permanente", confie M. Fountsop. Face à ces difficultés, les éleveurs doivent se de démener sans un quelconque appui extérieur. "Le volet formation doit être privilégiée dans l'élevage. Si le Cameroun ne parvient pas encore à acquérir une autosuffisance alimentaire, en terme de poulets de chair, c'est parce que beaucoup d'autodidactes se retrouve dans ce secteur d'activité", soutient Etienne Fountsop.
Baisse de 100 frs
Ce dernier s'est lancé dans l'écriture des ouvrages spécialisés dans les techniques avicoles et a rejoint l'équipe de formateurs particuliers du centre de formation et de recyclage en élevage de Bafoussam. "L'Etat camerounais devrait s'appesantir sur la formation des éleveurs et non promettre des financements qui jusqu'ici, ne profitent pas aux éleveurs eux-mêmes, mais plutôt aux poches des fonctionnaires", déclare t-il. En terme de financement, une convention a été signée le 02 juillet dernier, entre l'Etat et le regroupement des producteurs de poussins. Cet accord stipule que l'Etat leur octroie une subvention. En retour, les accouveurs s'engagent à baisser le prix unitaire du poussin.
"Ainsi d'ici le mois d'octobre, date à laquelle les effets de la convention seront visibles, le poussin passera de 455 à 355 francs Cfa, soit 100Fcfa de rabais", déclare Jean-Paul Fouda Ottou, le secrétaire permanent de l'interprofession avicole du Cameroun (Ipavic). "Cela paraît négligeable mais pour des éleveurs qui achètent plus de 1000 poussins par mois, c'est une mesure salvatrice" poursuit-il. Selon ce dernier, l'Etat a également prévu la formation des éleveurs et le financement de leurs projets d'élevage. Ces initiatives étatiques n'enchantent visiblement pas les acteurs agricoles. "Ce sont des décisions qui vont figurer sur le papier, mais qui ne bénéficieront pas aux éleveurs. Si vous interrogez les éleveurs, la plupart vous diront qu'ils financent eux mêmes leur élevage.
Ils ne bénéficie d'aucun appui technique ou financier l'Etat. Le plus à plaindre, c'est le consommateur. Qui du fait de la rareté de l'offre, doit se rabattre sur les poulets congelés", déplore Movou Maurice, éleveur dans la périphérie de Bonabéri. La solution, à en croire Thomas Mambou, le responsable technique de la provenderie "Belgocam", la solution reste au niveau du financement: "La filière porcine a été dotée d'environ 6 milliards de subventions. Mais à ce jour, on ne sait pas exactement à quoi ces fonds ont servi. Comment pouvez-vous être intéresser à quelque chose qui ne vous profitent pas L'alimentation participe à 90%, si au finish, l'on veut avoir un bon et vigoureux poulet de chair".
Si les statistiques de production en poulet de chair des éleveurs camerounais n'existent pas encore, ceux-ci vise, grâce à la formation et au financement, la production de 50.000 tonnes par an. Ce qui leur permettra de figurer parmi les plus grands producteurs africains.
Source: Quotidien Mutations
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