Yves-Michel Fotso défendu par Laurent Esso au Cameroun
Celle de l’arrestation de l’ancien administrateur directeur général de la compagnie aérienne, Camair, Yves Michel Fotso (Ymf). La veille, ce dernier sortait d’une confrontation musclée à la police avec Hubert Patrick Otélé Essomba, l’homme par qui la firme londonienne la fameuse Aircraft Portfolio Management (Apm), a fait son entrée au Palais de l’unité. D’après une source introduite au Palais, « l’information a été véhiculée dans les plus hautes sphères de l’Etat, d’où elle émanait d’ailleurs ». Vérification faite dans l’entourage de l’intéressé, on l’a dit « en liberté et en voyage à l’Ouest ».
De fait, cette information n’est pas fortuite. Elle trahit au demeurant, d’après une source proche du vice-Premier ministre, ministre de la Justice, garde des sceaux, « une mésentente procédurale entre l’actuel secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, et le vice-Premier ministre, Amadou Ali, sur la conduite de l’opération Epervier ». C’est que, toutes les arrestations instruites par le vice-Premier ministre, ministre de la Justice, ont fait l’objet, à chaque fois, d’une note de compte-rendu adressée au secrétaire général de la Présidence. C’est, en fait, ce dernier qui choisit les « proies de l’Epervier » dont les listes sont directement adressées au chef de l’Etat, pour approbation. En général, les dossiers sont triés dans le portefeuille très fourni du ministère délégué à la présidence de la République en charge du contrôle supérieur de l’Etat…
Spectacularisation
Il revient au chef de l’Etat de marquer son accord pour que le délégué général à la Sûreté nationale soit instruit à son tour pour action. C’est une opération « spectaculaire » dont le timing tient scrupuleusement compte de la réaction populaire, « on est loin de s’imaginer ». Justement, dans la conclusion de l’enquête sur l’aéronef présidentiel « The Albatros » en fin de semaine dernière, le vice-Premier ministre aurait suggéré dans une note que la boucle soit bouclée avec l’arrestation de Ymf « pour entretenir l’opinion ».
A cette proposition, le magistrat du Palais d’Etoudi a réagi plutôt négativement. D’après des indications exclusives, ce dernier a notamment excipé l’instruction du chef de l’Etat demandant d’arrêter uniquement les vrais coupables de l’opération « The Albatros ». En clair, Ymf ne serait pas concerné par l’affaire du Boeing 767 qui fut retiré de la flotte de Air Madagascar et qui, après un séjour de parking dans le désert de l’Arizona, fut vendu par Boeing Corporation au loueur américain ILFC, qui en partage la propriété avec la US Bank National Association…
Compte tenu de l’acuité technique de ce dossier judiciaire et surtout face à « l’hypothèse implacable » alors opposée par les « suspects », à savoir que l’aéronef fut en excellent état, YMF a joué un rôle capital pour éclairer l’enquête préliminaire dépourvue d’outils professionnels à même de mettre en exergue les négligences qui établissent l’infraction d’«atteinte à la sécurité de l’Etat » envisagée. D’après des sources à la police, « il ne s’est pas contenté de communiquer des centaines de pages de documents administratifs sur les transactions ; il a également joué un rôle central dans l’exégèse desdits arguments ». Si cela est vrai, on pourrait ainsi comprendre que Laurent Esso ne voudrait pas tuer la poule aux oeufs d’or de si tôt.
Mais tout n’est pas rose pour YMF. Il s’est vu refuser par la police la restitution de son passeport alors qu’il devait présider les conseils d’administration du Groupe Commercial Bank (GCB) à Sao Tomé et Principe, Ndjaména, et Bangui. Ce passeport fut confisqué à la sous direction des enquêtes économiques et financières de la direction de la police judiciaire lors de la toute première audition d’icelui, le 30 avril 2008.
Source: Le Messager
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