Lapiro de Mbanga reconduit à la prison de Nkongsamba
Lambo Pierre Roger dit Lapiro de Mbanga n’est pas au bout de ses peines. Alors qu’il croyait s’être affranchi des conditions de détention dures de la prison de Nkongsamba, du moins provisoirement en attendant le verdict du tribunal de première instance du Moungo, l’homme politique et leader d’opinion viennent d’être désillusionné. Sur la demande expresse du procureur de la République de Mbanga exécutant un ordre provenant de Nkongsamba. “ Il est venu (le procureur de Mbanga, Ndlr) le chercher après avoir remis au régisseur de la prison une note. Je n’ai pas vu la note, donc je ne peux pas vous dire qui en est le signataire ”, déclare l’épouse de Lapiro joint au téléphone par Le Messager alors que le prisonnier et ses anges gardiens étaient en route pour Nkongsamba.
Qui a signé la fameuse décision ? Me Augustin Mbami, l’avocat constitué par le Sdf pour défendre Lapiro avoue son ignorance. “ Je fais tout depuis que je l’ai appris pour joindre le procureur de la République de Nkongsamba, en vain. Tout ce que je sais pour l’instant, c’est que le procureur de la République de Mbanga lui a signifié l’ordre de rejoindre Nkongsamba ”. Mais pour autant, le conseil de l’accusé suggère quelques pistes pour comprendre ce qui a pu se passer. “ Nous sommes dans le cadre d’une décision administrative et comme telle, il peut y avoir des retournements. Cette initiative peut provenir du procureur de la République de Nkongsamba, du procureur général ou de la chancellerie ”, explique au Messager Me Augustin Mbami. Selon l’homme de lois, la décision de ramener Lapiro de Mbanga à la prison de Nkongsamba ne peut provenir que de ces trois sphères, ne pouvant émaner du juge qui n’a pas la compétence nécessaire.
Quoi qu’il en soit, le retransfèrement du célèbre musicien, de surcroît enchaîné, suscite une interrogation centrale : qu’est-ce qui a motivé la décision de le ramener au pénitencier de Nkongsamba à 15 jours du verdict ? D’autant plus que les raisons ayant conduit à son transfèrement sont liées à son état de santé chancelant. “ Il est gravement malade au point qu’il ne supporte pas la station assise. Actuellement il est sous traitement. A l’hôpital, on a diagnostiqué la typhoïde, le palu, le mal de nerfs et de dos… ”, confirme, ébranlée, Louisette son épouse. Me Augustin Mbami y voit “ une chasse aux sorcières ” dont est victime “ son client depuis quelques jours ”. “ A Mbanga, il était dans sa ville, dans sa commune. Il m’était plus facile de lui rendre visite et les conditions d’accueil étaient un peu plus humaines. Aujourd’hui, il a les mains enchaînées. Chaque moment de visite est un calvaire ”, se plaignait-elle déjà le 3 juillet dernier dans les colonnes du Messager. Ce retour ne va pas arranger les choses…
L’incarcération de Lapiro survient après les émeutes de la faim de fin février dernier. Accusé de “ complicité de pillage en bande, destruction des biens, incendies volontaires, obstacle à la voie publique, dégradation des biens publics ou classés et attroupement ”, il est placé en détention provisoire le 9 avril. Ce n’est que le 10 juin, deux mois plus tard, que Lapiro est envoyé devant le Tgi du Moungo statuant en matière criminelle. Le 20 août dernier, au terme de 4 mois de procédure, il obtient l’autorisation d’être transféré à la prison de Mbanga, sa ville natale. C’est de là qu’il se présente au Tgi où le 27 août, on assiste à un revirement spectaculaire de l’accusation. La Société anonyme des brasseries du Cameroun se déconstitue partie civile alors que la Société des plantations de Mbanga (Spm) soutient qu’elle n’a jamais porté plainte contre l’accusé mais contre “ X ” en sollicitant néanmoins du tribunal des dommages et intérêts de un milliard Fcfa. La Cour a renvoyé le délibéré au 24 septembre 2008.
Source: Le Messager
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