La célèbre entreprise de coton pourrait mettre clé sous le paillasson
Dès la semaine prochaine, les ménagères devraient trouver sur les étals des échoppes, marchés et supermarché une huile étiquetée Diamaor + (plus). Conditionnée en bouteilles d'un litre, elle sera vendue à 1100F Cfa. Sa particularité : elle sera un mélange à volume égal de l'huile de coton, produite jusqu'ici par la Société de développement du coton (Sodecoton) sous le label Diamaor, et de l'huile de palme raffinée achetée localement à la société Scr Maya.
Cette innovation, de l'aveu d'Iya Mohamed, Dg de Sodecoton qui était hier en fin d'après-midi face à la presse à l'hôtel Hilton de Yaoundé, est dictée par un impératif de survivance de l'entreprise dont il a la charge. Les recettes tirées de la vente de l'huile faite à base de graine de coton représentent aujourd'hui environ 20% du chiffre d'affaire de la Sodecoton et offrent surtout des liquidités permettant de "tourner". Ce qui n'est pas le cas avec la vente des fibres dont le mode de paiement est complexe et se fait au moins à moyen terme.
Stopper la production d'huile par défaut de matière première aurait donc eu des conséquences dommageables bien au-delà de la mise en congé technique des 350 employés qui travaillent dans les deux huileries de l'entreprise. Sur le marché, on aurait eu une offre en moins alors que celle qui est déjà présente ne satisfait pas la demande. Ce qui logiquement aurait engendré une inflation difficilement maîtrisable. Pour l'entreprise, ca aurait été un déficit de recettes substantielles, les périodes de pointe restants le ramadan et les fêtes de fin d'année.
"Nous avons un stock d'huile pour tenir à peine trois semaines et après il faut attendre les premières récoltes de coton en janvier", a expliqué hier le Dg de la Sodecoton. Une situation qui est la conséquence de la baisse de la production nationale de coton qui est passée en quatre ans de 306.000 t à 114.000 t. Mais surtout de la conjoncture internationale marquée par une surproduction, résultante des subventions offertes par les Etats-Unis à leurs planteurs de coton et qui sont évaluées à près de 20 milliards de francs Cfa par an. Ce qui a entraîné une baisse des cours pendant que les coûts des intrants revenaient deux fois plus chers aux planteurs camerounais abandonnés à eux-mêmes et qui se sont naturellement détournés des plantations de coton dont le kilogramme est fixé à 180F Cfa pour la campagne en cours.
Du coup, les caisses de la Sodecoton qui ne sonnent pas encore creux se sont bien dégarnies. Selon Iya Mohammed, l'entreprise est passée d'un chiffre d'affaires de 100 milliards en 2004 à 60 milliards aujourd'hui avec en sus l'épuisement en trois ans du fonds de soutien qui était de 20 milliards et qui aidait à la péréquation. La Sodecoton a bénéficié de l'aval du gouvernement pour lancer Diamaor+ comme l'a confirmé le représentant du ministère du Commerce au cours de la conférence de presse d'hier.
Source: Quotidien Mutations
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