La sécurité du vice-Premier ministre, Amadou Ali, a été renforcée au Cameroun
Comment savoir s’il en a touché un mot à Paul Biya lors de l’audience du 26 août, à Etoudi ? Toujours est-il que “ l’affaire ” est apparue comme un sujet de préoccupation pour Amadou Ali : on a renforcé, au niveau de sa résidence, les effectifs des gendarmes commis à sa sécurité.
Selon des informations de La Nouvelle Expression, de quatre qu’ils étaient, les pandores ont vu leur nombre passer à sept ! Ce qui n’est pas allé sans surprendre le vice-Premier ministre, ministre de la Justice.
Plusieurs interlocuteurs de confiance de Amadou Ali ont pu rapporter, en privé, que l’ancien secrétaire général de la présidence de la République s’est étonné des mesures prises. Pour deux raisons : non seulement il n’aurait pas exprimé de besoin particulier pour sa sécurité, mais en plus, la guérite de sa résidence qui accueille les gendarmes se serait avérée étroite pour sept éléments…
La porte ouverte à tous les soupçons et aux insinuations en tout genre. S’agissant surtout d’une poutre de l’édifice gouvernant, et non moins acteur majeur - parmi d’autres, et sous les ordres du président de la République - de la désormais fameuse “ opération épervier ”. Le contexte dans lequel interviennent ces mesures sécuritaires autour de Amadou Ali n’est pas des plus sereins au sein du régime. La récente sortie médiatique du vice-Pm dans le cadre d’une interview fleuve – 18 pages- accordée à Jeune Afrique Economie. La livraison du périodique de Blaise Pascal Talla présentait Amadou Ali comme “ le procureur des procureurs ”, et a alimenté des commentaires les plus tendancieux sur les enjeux souterrains de ce moment médiatique, ses supposés contours politiques au bénéfice présumé de l’interviewé. De sorte que le vice-Pm – qui n’a jamais dévoilé ses véritables ambitions politiques pour le sommet de l’Etat - avait dû rappeler au président de la République qu’il s’agissait d’une interview réalisée en 2006, sur instructions du le Premier ministre, Ephraïm Inoni…
Instructions
Une controverse en appelant une autre, la responsabilité des mesures de sécurité décidées en faveur du vice-Pm fait aussi débat.
La Nouvelle Expression a pu apprendre, de bonnes sources, que c’est Paul Biya en personne qui a donné des instructions pour ce renforcement de la garde de Amadou Ali. Insuffisant pour couper court à quantité d’interprétations. Illustration : certains hôtes du vice-Pm rapportent que, selon lui, le responsable de l’accroissement des effectifs des gendarmes chargés d’assurer la sécurité à son domicile n’est autre que le ministre délégué à la présidence de la République, en charge de la Défense, Remy Ze Meka. Tant pis s’il existe quand même un secrétaire d’Etat à la Défense, spécialement chargé de la Gendarmerie. Et si, au dessus de tous, se trouve le chef des armées…
De quoi en tout cas raviver les relations tumultueuses entre Amadou Ali et Ze Meka. Et rappeler la mémorable affaire de la poudrière qui avait secoué les milieux militaires, inquiété le pouvoir et mobilisé des lobbies de tous ordres il y a sept ans. En février 2001, un incendie s’était déclenché dans une soute à munitions du Quartier général à Yaoundé. Les observateurs avaient pu remarquer que des insinuations apparemment exprimées en privé et attribuées à Remy Ze Meka - alors secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie - semblaient faire porter la responsabilité de cette incendie à… Amadou Ali, ministre délégué à la présidence en charge de la Défense au moment des faits. L’actuel vice-Premier ministre, ministre de la Justice, avait d’ailleurs semblé confirmer ce malaise quand, an avril 2001, à la faveur d’un remaniement gouvernemental qui le nommait ministre d’Etat, chargé de la Justice, il avait eu cette réaction toute de sous-entendus : “ Le président Paul Biya m’a blanchi ”...
Une certitude : aucun observateur attentif ne peut jurer de la sérénité des relations entre Remy Ze Meka et Amadou Ali. Des avis informés expliquent même que la mise à l’écart de la gendarmerie - au profit de la police -, dans le cadre de la plus récente phase d’activation de “ l’opération épervier ” tiendrait, pour une part, aux incompatibilités entre les deux hommes. En attendant de voir si les manœuvres de l’ombre, de plus en plus portées dans les médias, contribueront à ramener les gendarmes au cœur du dispositif opérationnel de lutte contre la corruption.
Source: La Nouvelle Expression
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