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La Camair-co est-elle une nécessité?
(19/08/2008)
Créée en septembre 2006 par décret présidentiel pour assurer la continuité des activités de la Camair , en proie à des difficultés financières, la Camairco prépare activement son envol.
Par Jean Vincent Tchienehom
La nouvelle compagnie n'a pas encore ouvert ses portes au Cameroun
La nouvelle compagnie n'a pas encore ouvert ses portes au Cameroun
A en croire Louis Paul Motazé, le ministre de l’Economie qui préside le comité de pilotage du projet, la nouvelle compagnie pourrait décoller au début du mois d’octobre prochain. A la veille de cet évènement, il n’est pas inutile de réfléchir sur le futur de cette nouvelle compagnie. Comment éviter qu’elle tombe dans les mêmes errements que la Camair ? En décidant la création de CAMAIRCO, compagnie constituée à 100% de capitaux publics et dont 51% des actifs de l’Etat seront, à terme, cédés à un partenaire privé, le gouvernement s’est fixé deux principaux objectifs : améliorer la qualité du service de transport aérien et réduire puis éliminer les subventions de l`Etat à cette compagnie. Réussir ce double pari ne sera pas évident.

Un spécialiste du transport aérien avec qui j’ai parlé est même catégorique : il m’assure que Camairco qui va perdre de l’argent est vouée à l’échec. Pour étayer son analyse, il aligne des arguments aussi convaincants les uns que les autres. Premier élément : le transport aérien traverse une crise majeure. Il ne se passe plus une journée sans qu`une compagnie, quelle que soit sa taille ou sa nationalité, n`annonce une importante réduction de sa flotte, de son réseau ou de ses effectifs, quand ce ne sont pas les trois à la fois. Selon l`Association du transport aérien international, vingt-cinq compagnies ont mis la clé sous la porte depuis le début de l`année, victimes de l`augmentation des carburants et de la baisse de la demande en raison du ralentissement de l`économie mondiale. Dans ce secteur, nous assistons à "un changement d`époque", qui va nécessiter "un changement du modèle économique".

Deuxième argument : depuis la fin des années 1990 de nombreuses compagnies aériennes se regroupent au sein d`alliances. Il y a en a trois grosses (Staralliance, Oneworld et Skyteam) qui offrent ainsi un meilleur service au passager, en réalisant des économies d’échelle. Comment Camairco qui ne peut pas s’offrir un ticket d’entrée dans une de ces alliances peut-elle prétendre concurrencer ses membres, alors que ces mêmes alliances contrôlent Galiléo et Amadeus, les systèmes utilisés par les compagnies aériennes pour conserver des informations telles que les tarifs des vols, les places disponibles et les réservations effectuées. Il y a tellement de paramètres en dehors de sa portée qu’une compagnie comme Camairco, ne pourra jouer qu’en 3ème division, sur des marchés de niche, au plan national ou sous-régional, en perdant tout espoir de gagner de l’argent sur le long courrier du genre Paris-Douala.

Autre chose : les compagnies aériennes ne gagnent pas toujours de l’argent sur le transport proprement dit, mais sur les services connexes comme par exemple les services au sol comme l’enregistrement des passagers, la manutention des bagages et l’entretien courant des avions, pourtant retirés récemment à la Camair avant sa chute pour être confiés aux ADC (Aéroports du Cameroun). Question : l’Etat saura-t-il dégager les moyens conséquents pour donner à Camairco la possibilité de réussir dans un secteur hautement concurrentiel ? Les moyens dont on parle sont à rapprocher de ceux d’une compagnie comme Emirates, la compagnie de Dubai qui mobilise 20 000 milliards de FCFA. Comment prétendre voler dans le même ciel qu’un tel mastodonte. Et quand bien même, il serait possible au gouvernement de dégager des capitaux substantiels pour Camairco, il faut bien voir que cela se fera aux dépens d’autres secteurs de développement comme l’enseignement, la santé ou l’agriculture.

Au fond, qu’est ce qui est le plus urgent et le plus utile à long terme ? Réaliser une autoroute entre Yaoundé et Garoua, ou même entre Yaoundé et Douala ou acheter des avions pour Camairco tout en ayant la certitude mathématique que comme Camair, elle va perdre de l’argent, et vivre sous perfusion des pouvoirs publics. Et question sacrilège ? Le Cameroun a-t-il besoin d’une compagnie nationale de transport aérien ? La Belgique , la Suisse et le Nigeria s’en passent depuis les faillites de la Sabena , de Swissair et de Nigeria Airways ! Ibéria et British Airways vont fusionner pendant que Alitalia cherche preneur. Pourquoi le gouvernement cherche à reproduire Camair bis au lieu de laisser prospérer un projet entièrement privé, qu’il contrôlerait de loin, par l’octroi des droits de trafic et des privilèges de pavillon national, la garantie de ces emprunts et la réduction des taxes qui font des aéroports du Cameroun, les deuxièmes les plus onéreux du monde après ceux du Japon ? Pour mon interlocuteur, il n’y a pas de doute possible : l’existence de Camairco n’est qu’une astuce pour continuer comme auparavant avec le Dja, à donner au Président de la République pour ses déplacements officiels ou privés, un avion loué à crédit.



Source: Camerounlink


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