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La boucle du grand Nord de Suzanne Bomback
(20/10/2008)
Le ministre de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff) vient de sillonner le Septentrion. Objectif : briser les chaînes qui empêchent l’épanouissement de la gent féminine dans cette région. Nul ne peut parier sur l’impact de cette visite
Par Georges Alain BOYOMO
Les exciseurs déposent leurs lames

Suzanne Bomback
Suzanne Bomback


Il faut certainement remonter à près d’une décennie pour voir un ministre en charge de la condition féminine parcourir autant de localités d’affilée dans le grand Nord. Sous le prétexte de la journée mondiale de la femme rurale, Suzanne Mbomback a décidé de donner un coup de pied dans la fourmilière des maux qui relèguent la femme au rang de bête de somme dans cette région qui concentre plus de 40% de la population camerounaise. A Kousseri, Mora, Maltam, Maroua, Garoua, Goulfey, Guider, Poli, Tchabbal, Ngaoundéré, etc., le Minproff a remis en lumière pour les déplorer l’excision, les mariages précoces, le dépérissement de la femme rurale…

S’agissant des mutilations génitales, d’aucuns avaient cru que le gouvernement avait abandonné le combat, malgré l’existence de poches de résistance du phénomène dans certains coins de la province de l’Extrême Nord. Dans la volée de bois vert qu’elle inflige aux exciseurs et exciseuses, Suzanne Mbomback n’épargne pas les chefs traditionnels, qui du haut de leurs majestés soutiennent très souvent tacitement l’odieuse pratique. "L’excision constitue une violation des droits humains. On ne doit en aucun cas et pour aucune raison exciser les filles. J’en appelle aux chefs traditionnels, dépositaires des us et coutumes. Le chef du gouvernement sait que je suis à Mora pour parler de l’excision. Je voudrais donc rentrer d’ici avec la réponse des majestés qui voudraient bien me donner leurs avis sur l’excision", assène Mbomback dans le chef-lieu du département du Mayo-Sava.

Comme des guérilleros qui acceptent de voir leurs armes précipitées dans un bûcher, "les chirurgiens du clitoris" ont déposé leurs couteaux devant les objectifs des cameras et autres appareils photos. Suzanne Mbomback demande à ces "travailleurs" de se reconvertir dans d’autres activités génératrices de revenus. A eux de monter des micro-projets porteurs qui pourront être financièrement soutenus par les pouvoirs publics et les partenaires au développement. S’agissant de la scolarisation de la jeune fille par exemple, Suzanne Mbomback déclare à Tchabbal : "il faut que les hommes et les femmes s’entendent pour envoyer leurs filles et garçons à l’école. Lorsque votre fille ou votre fils deviendra ministre, c’est vous qui allez en profiter". Dans la foulée, elle condamne fermement les mariages forcés qui foisonnent encore malheureusement dans cette région. 




Les mamelles nourricières boivent du petit lait

Il n'y en avait que pour la femme rurale le 15 octobre 2008 à Tchabbal-Mounguel. La célébration de la journée mondiale qui lui est dédiée dans cette localité située à quelques 30 km de Ngaoundéré y a drainé le ministre de la Promotion de la femme et de la famille et le gratin politico administratif de l’Adamaoua. L’atmosphère un tantinet féerique a sorti ce bled de sa torpeur habituelle. Le thème de cette 13e édition, "Changement climatique : les femmes rurales apportent des solutions". Sous une pluie insolite, Suzanne Bomback révèle qu’en matière de climat, l’on note ces derniers temps à l’échelle mondiale et particulièrement au Cameroun, les saisons (sèche et pluvieuse) se caractérisent par leur instabilité dans la durée et la périodicité. Pour ce qui est du cas spécifique des activités de la femme rurale néfastes à l’environnement, Suzanne Bomback énumère : l’abattage, le défrichage, la recherche et la commercialisation du bois de chauffage, la fabrication du charbon de bois, l’agriculture itinérante sur brûlis, la pollution de l’environnement et bien d’autres techniques traditionnelles destinées à produire des denrées alimentaires à la famille ainsi qu’à la commercialisation.

Le ministre invite la femme de l’Adamaoua et de la région à changer de comportement. A l’en croire, les femmes rurales, qui sont en interaction quotidienne avec l’environnement sont concernées au premier chef par la protection de celui-ci et par la protection écologique durable. Outre ce vibrant appel, Suzanne Bomback promet des appuis à la femme rurale s’agissant des problèmes tels que l’accès au micro-crédit, l’acquisition d’intrants agricoles et du matériel agricole, la construction des magasins de stockage. Amplifiant une annonce faite par le responsable du Programme national de développement des racines et tubercules (Pndrt), présent sur les lieux, le Minproff demande aux femmes de se rapprocher des maisons de promotion de la femme et de la famille (elle en a inauguré une douzaine au cours de sa tournée septentrionale) pour bénéficier gratuitement des variétés de patates, pommes de terre, ignames, macabos, etc. Elle affirme également que des crédits remboursables seront octroyés aux reines de la terre dans ces structures. Pour l’exercice 2009, une provision de plus de 13 millions Fcfa est prévue à cet effet pour la seule province de l’Adamaoua. Le Pndrt pour sa part met à la disposition de "Miss femme rurale" une somme de 500.000 Fcfa pour booster sa production agricole et/ou pastorale.



Retour précipité de Bomback

L’autre grand axe du séjour de Suzanne Mbomback dans la partie septentrionale du pays a été la célébration des mariages collectifs. A diverses étapes, des couples ayant longtemps vécu en concubinage ou en unions libres se sont unis pour le meilleur et pour le pire. Cependant, dans une région où les mariages se nouent et se dénouent à une fréquence défiant tout entendement, nul ne peut jurer que les mariages célébrés avec grand faste tiendront la route. "Certaines personnes se sont empressées de se passer les bagues aux doigts parce qu’elles voulaient bénéficier de 50.000 Fcfa et d’un pagne offerts par le Minproff. D’autres couples ont été forcé à se présenter devant le maire pour donner un sens à cette cérémonie", révèle un agent de la délégation de la promotion de la femme et de la famille de l’Adamaoua. N’empêche. Suzanne Bomback n’a pas boudé le plaisir de "sécuriser la famille". "La famille a pour rôle de soutenir et non de détruire le mariage. Chaque conjoint doit faire le choix de son régime, polygamie ou monogamie. Nous ne souhaitons pas que cette expérience s’achève au tribunal. N’hésitez pas à revenir dans nos services pour régler un problème ou solliciter une conciliation", explique t-elle.

Ironie de l’histoire, le ministre de la promotion de la femme et de la famille n’a pas pu rester jusqu’au terme de la cérémonie de célébration des mariages collectifs (sa marque de fabrique depuis son avènement au Minproff) à Ngaoundéré. C’est en catastrophe qu’elle quitte le Centre de promotion de la femme et de la famille pour honorer "l’appel de sa hiérarchie" vers 18h30, le 15 octobre 2008. Elle n’assistera pas à l’élection de "Miss femme rurale" le lendemain. Le lendemain 16 octobre 2008, au journal parlé de 13h sur les ondes de la Crtv, un vaste redéploiement du personnel au Minproff est lu. Des têtes tombent. Des carrières décollent. L’on comprend dès lors pourquoi mme le ministre a pris ses jambes à son cou.

Source : Le Messager




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