Rechercher
Rechercher :
Sur bonaberi.com   Google Sur le web Newsletter
S'inscrire à la newsletter :
Bonaberi.com
Accueil > News > Points de Vue
L'insuffisance du politique au Cameroun...
(12/08/2011)
Chronique du Camerounais Marcel Ebene sur la situation politique au Cameroun du point de vue de l'opposition comme de celui du parti au pouvoir
Par Marcel Ebene
Le rôle du politique tel que nous le concevons est triple


- Concevoir une idée de la société vers laquelle il faudrait aller (modèle de société et idées qui vont avec)
- Mettre en place ce modèle de société
- Conquérir le pouvoir (Normalement, pour pouvoir faire le deuxième rôle)

Au Cameroun, les acteurs politiques sont rangés en deux principales catégories: Le parti au pouvoir et les partis de la majorité présidentielle suivant aveuglément le Président de la république, de l'autre côté, les partis d'opposition constitués principalement de partis créés à l'avènement du multipartisme, avec des leaders qui sont en place depuis cette époque (SDF, UDC, MP, etc.).

Notons qu'il existe aussi de nouveaux partis, avec de nouveaux leaders, la plupart issus des partis précédemment cités. Analysons maintenant si de chacun de ses bords, le rôle du politique est joué.

Concernant le parti au pouvoir. Il est effectivement au pouvoir. Nous avons un gouvernement entièrement RDPC et affidés. Les plus mauvaises des langues diront que ce gouvernement ne fait rien. Ce n'est pas exact. En dépit de la gabégie, des mauvaises pratiques de gouvernance encore présentes, des mesures sont prises, des avancées sont constatées. Certainement pas aussi rapides que la population le souhaiterait.

Mais ces mesures qui sont prises, elles ne le sont pas au nom d'une vision de société (rôle 1 et 2). Elles sont principalement le fait de technocrates. Les ministres qui sont nommés, les membres de cabinet ne sont pas des hommes politiques, mais des technocrates. Ce n'est que quand ils deviennent ministres qu'ils prennent de l'envergure au sein de leur parti. Ils ne reçoivent pas de feuille de route programmatique. Chacun prend des mesures ou fait des actions, qui sont validées quand on en voit le bien fondé ou invalidées quand il y a un tollé populaire.

L'exemple récent des interdictions des voyages de nuit en est une belle illustration. Le ministre, constatant que c'est de nuit que le taux d'accidents mortels est le plus élevé décide d'interdire les voyages des transporteurs. Sa mesure est validée après de longues semaines d'attente dans le bureau du PM. Une fois validée, tollé des transporteurs. reculade du gouvernement, ministre désabusé.


Si Paul Biya a commis un ouvrage donnant sa vision de société il y a environ 25 ans, depuis il n'y a plus rien eu sur ce plan là. Les rares discours (Nouvel an, fête de la jeunesse, campagnes électorales, occasions particulières comme Fevrier 2008) ne sont souvent qu'un énoncé des réalisations, suivi de promesses, visant parfois à atténuer des tensions particulières (défiscalisation des importations de produits de base après Fevrier 2008, 25000 emplois en année électorale) , et parfois des incitations à saisir les opportunités. Mais pas de vision de société, économique ou sociétale. Même le DSCE dont le gouvernement est si fier n'a pour objectif que de sortir de la pauvreté à l'horizon 2035 et ne contient qu'un ensemble de mesures techniques (il a d'ailleurs été élaboré par des technocrates: économistes principalement).

Les problèmes que ce manquement dans le rôle des politiques au pouvoir entrainent sont d'une part que les mesures techniques prises souvent n'étudient pas tous les effets de bord possibles (dans le meilleur des cas), vu que que le technocrate, spécialiste dans son domaine, risque de ne pas prendre en compte les effets sur les autres domaines. C'est au politique d'arbirtrer. L'exemple des voyages de nuit l'illustre. De plus, souvent les mesures techniques sont carrément imposées d'ailleurs.

C'est le cas avec l'UE qui conditionne certains de ses financements avec par exemple le développement durable. Cela a aussi été le cas avec les ajustements structurels des années 90. Et ses contrainates souvent ne correspondent pas au contexte local, qui lui est du ressort du politique. Enfin, le troisième problème est que puisque la politique n'existe pas en tant que telle, le seul rôle qui reste aux hommes politique du pouvoir, c'est d'essayer de se placer correctemlent à tel ou tel poste (troisième rôle), mais pas pour mettre en place une politique, mais pour faire carrière ou s'enrichir. D'où la corruption, le népotisme, et autres maux, pas que de chez nous.

De l'autre côté, du côté de l'opposition, ce n'est guère mieux. Les rôles 1 et 2 sont largement galvaudés. Nous sommes à deux mois d'une élection présidentielle, et pour la plupart des candidats, nulle vision de société. Ils sont toujours en train de courir après le parti au pouvoir. Réagissant à telle actualité ou mesure, au lieu d'agir en lançant le débat sur tel ou tel aspect de la société qu'ils souhaiteraient.

Les débats qui ont secoué le landernau politique au Cameroun en cette année électorale sont les capacités d'Elecam à organiser les élections (alors que de facto, il le fera), débat entrainant parfois des ultimatums de partis (qui omettent de se préparer). Ensuite il y a eu le débat sur la capacité de Biya à se présenter alors que la constitution a été modifiée pour cela. Et en ce moment nous avons le débat pour savoir s'il convient de repousser les élections. Que pensent ces personnes des moyens de délivrer une santé de qualité au plus grand nombre? Nul ne le sait. De développer le tissus industriel? Nul ne le sait.

Pour la plupart d'entre eux, on ne retrouve, au mieux, qu'une page internet avec des promesses bateaux, sans que l'on sache comment ils s'y prendront. Ces promesses ne diffèrent pas de celles de l'autre camp. Tant qu'elles ne sont pas intégrées à une vision de société, et que l'on nous explique comment elles pourraient être mises en place, nous n'aurons au mieux que de nouvelles mesures techniques, et au pire, ce ne sont là que des promesses fallacieuses, qui se savent telles.

Quant au rôle 3, qui est la conquête du pouvoir, l'impréparation du projet de société entraine l'imprépartion de la stratégie de conquête du pouvoir. Nous avons donc soit rien (pour la majorité), soit la mise en place de coups médiatiques pour attirer les lumières comme aller se placer sous un camion qui arrose en levant les doigts en V, puis mettre cet "exploit" en Highlights de son site de campagne.


Nous savons tous que la magie n'existe pas. pour que cela change, il faudra que ceux qui en ont envie se retroussent les manches. Les voies et moyens sont nombreux. Au boulot...


Partager l'article sur Facebook
 
Classement de l'article par mots clés Cet article a été classé parmi les mots-clé suivants :
mebene  points de vue  politique  
(cliquez sur un mot-clé pour voir la liste des articles associés)
Discussions Discussion: 0 bérinautes ont donné leur avis sur cet article
Donnez votre opinion sur l'article, ou lisez celle des autres
Sur copos Sur Copos
Les vidéo clips Les vidéos clips
Récents Récents


Accueil  |  Forum  |  Chat  |  Galeries photos © Bonaberi.com 2003 - 2024. Tous droits de reproduction réservés  |  Crédit Site