Augustin Frédérick Kodock chez le procureur
Mais ce n’était pas un évêque ou un honorable abbé de l’Eglise catholique. Il s’agissait d’un homme qui, comme d’autres, était venu exprimer son soutien à l’ancien ministre de la Planification Augustin Frédérick Kodock qui a déféré à une convocation du procureur de la République après avoir refusé, en mars dernier, de se rendre devant les policiers pour être entendu. D’ailleurs, c’est mardi 17 juin dernier, que M. Kodock devait se présenter à une nouvelle convocation chez le magistrat enquêteur [voir Mutations, N°2176].
La mitre du supporter de M. Kodock était frappée d’un crabe noir et du sigle de l’Union des populations du Cameroun (Upc) dont l’ancien ministre est également le secrétaire général. Du moins quand on considère la branche du parti rassemblée autour de lui. D’ailleurs, lorsque Augustin Frédérick Kodock a quitté le bureau du procureur à 14h 15 pour une pause, ses partisans ont entamé un chant de gloire de l’Upc qui s’est rapidement perdu dans la cime des arbres. Les chanteurs se sont en effet rendu compte que le secrétaire général de l’Upc n’était pas encore un homme libre de tout mouvement. 45 minutes plus tard en effet, après avoir déjeuné au restaurant du Central Hôtel situé à deux pas du cabinet du procureur, M. Kodock est revenu à la rencontre de son interrogateur devant lequel il s’est présenté à 9h à bord d’une Toyota 4x4 verte, accompagné de plusieurs personnes, selon divers témoins.
Si pour certains M. Kodock n’a pas été immédiatement reçu par le procureur Jean Fils Ntamack, ses supporters massés à l’entrée étaient par contre convaincus qu’il allait sortir grandi de cette confrontation où deux avocats l’accompagnaient. Sous la pluie qui s’est abattue à plusieurs reprises sur Yaoundé hier, ils ont donc attendu que l’homme qui dirige leur parti depuis 1992 ressorte du bureau du procureur et s’en aille par une sortie dérobée un quart d’heure après 17h.
Pour autant, personne dans l’entourage de M. Kodock ne semblait disposé à dire le moindre mot sur le motif de cette longue entrevue avec le procureur. " Cela fait 60 ans que notre parti affronte des épreuves, je considère simplement qu’il s’agit d’un autre écueil à franchir ", dira par exemple un cadre de l’Upc. D’autres encore, s’étonneront que l’on puisse convoquer leur champion. " Il y a, dira l’un d’eux sous le regard amusé de certains habitués des couloirs des tribunaux, une séparation de pouvoir entre l’exécutif et le judiciaire. Pourquoi l’on vient lui demander des comptes sur l’application de la politique gouvernementale ? " Certains se demandaient si les anciens collaborateurs de Augustin Frédérick Kodock au ministère de l’Agriculture se sont également présentés devant le procureur.
Des interrogations qui permettent de rappeler que diverses sources assurent que l’homme qui a dirigé à deux reprises le ministère de l’Agriculture (1995-1997 et 2002-2004) doit aujourd’hui s’expliquer sur l’utilisation des ressources issues de l’initiative Pays pauvres très endettés (Ppte) durant son deuxième passage dans ce ministère.
Source: Quotidien Mutations
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