M. Biya, au lieu de rechercher la véritable cause de la légitimité des revendications des Camerounais et y apporter des solutions appropriées, veut chercher un bouc émissaire dans les rangs du Sdf et son leadership ”. Ni John Fru Ndi, président national du Social democratic front (Sdf), n’entend pas assumer la responsabilité du mouvement qui a embrasé presque toute la partie sud du Cameroun la semaine dernière. Il est accusé, ainsi que ses camarades, directement et/ou indirectement par des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et leur président national, d’avoir orchestré les derniers événements. “ (…) Ce qui est en cause, c’est l’exploitation, pour ne pas dire l’instrumentalisation, qui a été faite de la grève des transporteurs, à des fins politiques. Pour certains, qui n’avaient d’ailleurs pas caché leurs intentions, l’objectif est d’obtenir par la violence ce qu’ils n’ont pu obtenir par la voie des urnes ”, a affirmé Paul Biya mercredi dernier dans sa déclaration à la nation.
Dans un communiqué de presse écrit en anglais, signé le 29 février 2008 et parvenu à notre rédaction hier, dimanche 2 mars, Ni John Fru Ndi balaie du revers de la main les accusations portées contre lui et ses camarades par le parti au pouvoir. Il s’indigne des contradictions du ministre de la Communication (Mincom). Jean Pierre Biyiti bi Essam a dédouané le président provincial Sdf pour le Littoral sur ce qui est arrivé le 23 février dernier au quartier Dakar (Douala). En effet, selon le Mincom, les émeutes de samedi 23 février 2008 ont été provoquées par un accident de voiture. Le chairman du Sdf s’étonne que quelques jours plus tard, Jean Pierre Biyiti bi Essam se dédit en attribuant la responsabilité à son parti.
Pillages
Pour Ni John Fru Ndi, Paul Biya et les siens sont dans une logique de diabolisation de l’opposition en général et de quelques leaders d’opinion en particulier. Il estime aussi que le véritable objectif des barons et sbires du Rdpc c'est de “ détourner le chef de l'Etat de la poursuite de l'opération épervier ”. Ni John Fru Ndi soutient que ces prébendiers veulent éviter la bourrasque de cette opération qui, certainement, va les emporter. “ Le Sdf invite le chef de l'Etat à accélérer cette procédure sans honte ni peur afin d'empêcher ces aventuriers de détruire notre pays pour assouvir leurs intérêts personnels ”, écrit-il, en substance, dans son communiqué. “Selon des informations en notre possession, certains voleurs à col blanc manipulent l'appareil étatique et son système d'information. Ces gens qui ont aidé le Cameroun à occuper les premières loges de la corruption sont libres. Pire encore, ils sont toujours au pouvoir et ne veulent absolument échapper au sort de Ondo Ndong et compagnie. Ils ont décidé de piller et incendier notre pays dans l'intention de changer l'agenda actuel au profit de leurs intérêts imminents ”, a renchéri le chairman du Sdf.
Dans l’ensemble, le Sdf soutient les jeunes et les syndicats de transporteurs dans la revendication de “ leurs droits légitimes pour une amélioration de leurs conditions de vie ”. Toutefois, il condamne énergiquement “ la manipulation et la désinformation orchestrées contre le peuple du Cameroun par le régime Rdpc dans le but de le déstabiliser à des fins égoïstes ”, dit-il. Par ailleurs, Ni John Fru Ndi est formel : “ Seules des élections libres et transparentes peuvent garantir la stabilité au Cameroun et un développement durable ”. Traduction : tant que Paul Biya sera au pouvoir (l’opposition l’accuse de faire des “ hold-up ” électoraux pour se maintenir au trône), les mouvements comme ceux de la semaine dernière ne peuvent que se reproduire. Et le développement durable ne sera qu’un leurre.
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Source: Le Messager
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