John Fru Ndi estime que dans les conditions actuelles, aucune élection dans le sens du terme ne pourra avoir lieu au Cameroun.
Les Camerounais sont un peu habitués, depuis 1990, aux propos que vous venez de tenir. De manière pratique, qu'attendez-vous de vos militants et, probablement du peuple pour empêcher le fonctionnement de Elecam?
Nous demandons au peuple camerounais d'être avec nous par rapport aux revendications démocratiques que nous faisons depuis la création du Sdf. Lorsque nous le faisions déjà, beaucoup d'entre nos compatriotes étaient avec nous. Ce n'est pas une revendication personnelle. Nous continuions de jouer notre rôle de leader d'opinions pour dire au peuple que ces revendications restent à l'ordre du jour. Nous leur avons demandé de défendre leurs votes, de se défendre à différents niveaux de la société. Et quand je l'ai dit, certains organes de presse ont cru entendre que Fru Ndi n'a plus rien à dire. Ce n'est pas vrai.
M. Biya ne doit pas croire que les jeunes ont été manipulés. Lorsque les événements de février 2008 sont arrivés, le peuple revendiquait ce qui lui revient comme droits, la baisse des salaires, la faiblesse du pouvoir d'achat etc. je pense que quand des gens le font, il ne revient pas aux partis politiques de dire qu'on n'a pas de bancs dans des salles de classe. Nous avons réagi à l'Assemblée nationale au moment où un groupe a pensé qu'il fallait donner plus de représentativité à une région dans une école normale. Quand Paul Biya finit par lui donner 5000 places, il faut voir si la qualification y est. Il en est de même dans la police, où beaucoup de gens ne sont pas qualifiés. Ce n'est pas normal. Si tous ceux qui sont disqualifiés peuvent nous rejoindre, je pense que nous pouvons faire changer les choses.
Nous avons suivi dans les coulisses que le Sdf est non partant pour les sénatoriales ?
Le problème ne se situe pas à ce niveau. Nous disons au Sdf qu'avec les présentes lois électorales, aucune élection n'aura lieu au Cameroun. C'est pourquoi nous demandons à tout le peuple, qui a un grand intérêt pour ce pays et qui pense que la démocratie doit s'instaurer dans notre société (un système où nous avons des élections libres et transparentes, en donnant l'occasion au peuple de choisir ses représentants) pour assurer un changement de nous rejoindre. Nous ne voulons pas d'un changement selon les contextes, pour maintenir un parti, fut-il le Sdf, au pouvoir. Nous pensons que M. Biya a violé toutes les lois qui visent à mettre sur pied Elecam.
Nous sollicitons l'apport de tout le peuple pour nous soutenir dans cette démarche, à savoir qu'aucune élection n'ait lieu au Cameroun. Nous le disons d'autant plus que, dans les années 70, Ahidjo et Foncha avaient été élus par une population estimée à 3,5 millions de personnes. Plusieurs années après, le ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, dit avoir enregistré 4,5 millions de Camerounais pour 2,5 votants. C'est incompréhensible. On peut finir par ne plus croire en la démocratie, selon Paul Biya. Ceux qui veulent investir au Cameroun, tiennent compte de la gouvernance, du système électoral etc. Comment doivent-ils se comporter actuellement, quand ils se rendent compte qu'il n'y a pas de justice.
Comment ferez-vous au cas où les autres partis politiques ne vous suivent pas dans cette voie ?
Je voudrais vous dire que le Sdf, dans sa stature actuelle, ne peut pas s'attarder sur des considérations individuelles. Nous travaillons pour un peuple qui croit en nous. Maintenant, depuis son lancement, le Sdf n'était avec aucun autre parti politique. Et nous pensons que nous travaillons de façon solitaire. Cependant, les portes sont ouvertes pour les autres partis politiques. Ils peuvent nous rejoindre dans ce combat pour qu'on aille ensemble.
Après la décision de la Cour suprême agissant comme Conseil constitutionnel sur les recours introduits par le Sdf pour invalider l'acte nommant les membres d'Elecam, Jean Michel Nintcheu a affirmé sur les ondes de Bbc que le Sdf boycottera toutes les élections. Est-ce la position du Sdf ?
Nous le disons une fois de plus, le Sdf ne boycottera pas les élections. Le Sdf dit qu'il n'y aura pas des élections au Cameroun. S'il n'y a pas d'élection, ce sera la faute de M. Biya qui met de mauvaises lois électorales en place.
Source: Quotidien Mutations
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