L’ancien rédacteur-en-chef de Radio Siantou, producteur et présentateur de plusieurs émissions sur Canal 2 au Cameroun, vit désormais en exil aux Etats-Unis. Il vient d’imaginer un projet pour les maires du Cameroun.
Par Franck Essomba
Les Camerounais qui vous suivaient jusqu’en 2006 n’ont plus eu de vos nouvelles. Pourquoi vous êtes parti du Cameroun ?
Je suis parti du Cameroun parce que j’étais devenu une menace pour beaucoup de personnes. Et à partir du moment où vous êtes considéré comme une menace, vous n’êtes plus en sécurité. C’est ainsi que votre vie est menacée et Dieu seul sait que je suis passé à cote de la mort ! Au plan strictement professionnel, il était devenu pratiquement impossible pour moi de m’exprimer. Pourtant, je crois avoir donné le meilleur de moi-même aussi bien comme rédacteur en chef de Radio Siantou de 2000 à 2004 que comme producteur et présentateur des émissions “ Corps Diplomatique ” ou encore “ Villes et Communes ” sur Canal 2 International.
Ayant abusivement été licencié de Canal 2 en février 2006 après un reportage sur l’inauguration de la nouvelle ambassade des Usa à Yaoundé, je me suis retrouvé au chômage pendant un an. J’avais essayé de me mettre à mon propre compte avec mon Ong, Hearafryca Foundation, qui s’illustrait déjà dans l’organisation des séminaires de formation des journalistes avec des partenaires comme l’Union de la Presse Francophone, l’ambassade de France ou encore Mtn. J’avais en outre essayé de lancer un nouveau concept d’émission qui m’avait conduit en Italie et en France pour une série de reportages et d’arrangement d’interviews avec des personnalités comme Jacques Diouf, Sylvio Berlusconi, Nicolas Sarkozy (alors ministre de l’Intérieur), Dominique Strauss-Khan (actuel directeur du Fmi), Bernard Kouchner ou encore Robert Menard de Rsf.
Revenu au Cameroun et malgré l’appui des personnes comme Mactar Silla que je remercie ici, j’ai dû faire face à de nombreux obstacles pour pouvoir trouver des sponsors pouvant supporter la production d’une émission de cette envergure. Donc au vu de ce qui précède j’avais le choix entre reculer, c’est-à-dire reprendre du service dans une radio ou une télévision au Cameroun ; ou alors relever de nouveaux défis sous d’autres cieux. Et comme j’aime bien les défis, j’ai décidé de quitter le Cameroun.
Où vivez-vous exactement et qu’est-ce que vous faites aux Etats-Unis actuellement ?
Je suis installé à New York depuis un an comme journaliste accrédité auprès du Département d’Etat américain et à l’Onu. Je travaille ainsi pour les magazines comme Ici les gens du Cameroun, Africa international ou encore la radio Africa n°1. Parallèlement, j’ai créé une entreprise de communication qui démarrera ses activités d’ici la fin de cette année et un cabinet de formation qui s’appelle American skills management. Lequel cabinet est à l’initiative du séminaire des maires qui se tient à New York du 29 au 30 avril 2008.
En quoi le projet que vous proposez aux maires du Cameroun diffère des initiatives qui foisonnent aujourd’hui autour des communes ?
Le séminaire que nous organisons à New York a pour thème “ Municipalités et développement : Enjeux et défis des partenariats et des jumelages entre municipalités du monde et municipalités américaines ”. Cette initiative est très différente de celles qu’on a souvent vues jusqu’ici dans la plupart des séminaires inspirés des systèmes francophones. L’approche que nous proposons est une approche à l’américaine et qui laisse très peu de place aux grandes théories, aux discours et où finalement le participant ne retient rien ! Au terme du séminaire de New York, chaque maire sera capable de négocier efficacement son partenariat avec une mairie américaine dans un esprit gagnant-gagnant.
Qu’est-ce que le Cameroun peut véritablement en tirer ?
Le séminaire de New York peut beaucoup apporter aux communes du Cameroun. La plupart des maires sont au début de leur mandat et c’est maintenant qu’il faut commencer le travail. C’est maintenant qu’il faut se lancer à la recherche des partenaires, c’est maintenant qu’il faut sceller les jumelages avec les autres communes du monde dans une approche gagnant-gagnant. Et vu sous cet angle, les Etats-Unis sont un pays vers lequel il faut se tourner. Il y a en effet des centaines de communes américaines qui souhaitent elles aussi s’ouvrir au monde et à l’Afrique notamment. Les municipalités des pays anglophones l’ont compris et profitent largement de ces opportunités qu’offrent les mairies américaines. Ce n’est hélas pas encore le cas pour les mairies des pays francophones et donc du Cameroun. Nous savons tous que beaucoup de nos communes manquent de financements et ne peuvent pas investir dans les infrastructures : écoles, hôpitaux, routes, ... Or avec des mairies partenaires américaines, tout cela devient possible.