“ La surdité n’est pas une fatalité ; le sourd peut tout faire sauf entendre.” Telles sont quelques-uns des messages qui sont véhiculés par les personnes sourdes et malentendantes du Cameroun à l’occasion de la toute première édition, sur le plan national, de la célébration de leur semaine international.
A Bafoussam, l’événement a été porté par le Centre d’éducation et de réhabilitation des sourds et malentendants, Cersom. Après un défilé organisé dans les artères de la ville de Bafoussam, une messe d’action de grâce a été dite dans les locaux dudit centre.
Malgré leur handicap, les pensionnaires du Cersom ont démontré qu’ils sont des apprenants avec des droits et devoirs au même titre que leurs camarades valides qui fréquentent les établissements dits classiques. Ils se sont livrés à des jeux et autres distractions tels que le tir à la corde, la course dans le sac et les sketches.
Innocent Djonthe est le directeur du Cersom et promoteur au Cameroun de cette première édition de la semaine internationale des personnes sourdes. “C’est chaque établissement privé qui organise en son sein les manifestations du 24 au 26 novembre. Du 28 au 29 novembre, nous aurons une conférence de presse à Yaoundé ; suivi d’un match de football devant opposer les sourds muets de Douala à ceux de Yaoundé”, déroule-t-il.
Au regard des différentes activités retenues dans le cadre de cette semaine, il fait remarquer que : “C’est la première édition que j’ai eu l’idée de lancer et nous voulons faire comprendre à la communauté nationale et internationale que les sourds ont leurs droits. Droit à l’éducation, au travail et au mariage tout comme les personnes valides.”
La célébration de cette semaine internationale coïncide avec le séjour à Bafoussam de deux psychomotrices de nationalité française, Magalie Wibaux et Marie Péroline Tiezzi. Elles sont au Cersom pour vulgariser la psychomotricité, une nouvelle discipline, qui consiste à travailler la communication des enfants sourds muets à travers le gestuel. “Nous travaillons sur les connaissances qu’ils ont de leur corps ; notamment les mouvements, les jeux, le regard, la mime et autres expressions corporelles qui vont leur permettre d’enrichir leurs moyens de communication.
On travaille à travers le tonus sur la tension et la détente pour les amener à agir de manière plus douce parce qu’ils sont souvent très violents”, note Magalie Wibaux pour qui l’objectif premier est d’amener cette catégorie de personnes à se prendre personnellement en charge.
Marie Péroline Tiezzi quant à elle constate qu’“il s’agit en majorité des enfants qui ont été isolés au départ. C’est important pour eux de passer par les mouvements du corps avant l’apprentissage de la langue des signes. Compte tenu de certaines réalités rencontrées sur le terrain, on a dû faire beaucoup de cours pratiques pour que les choses soient bien comprises. Même avec les enseignants nous sommes obligées de faire plus de pratique que de théorie.”
Avec au quotidien plus d’une soixantaine d’enfants internes, le Cersom qui veut faire entendre sa voix et ses doléances au courant de cette semaine internationale des personnes sourdes fait face au quotidien aux problèmes d’insécurité, de nutrition de ses pensionnaires et à l’insuffisance des enseignants qui n’ont toujours pas de conditions de travail décentes.
Source : La Nouvelle Expression
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