Il est de moins en moins prisé par les consommateurs. Et la pénurie n’arrange
pas parfois les choses…
“Les gens n’achètent plus trop le sucre comme autrefois. Ils préfèrent le
saccharose que l’on vend sur le marché…” Cette complainte de Jules Nyemb,
commerçant à Douala, explique à merveille le comportement actuel du sucre sur le
marché. Nombreux sont les Camerounais qui ont décidé de changer leurs habitudes
de consommation du sucre. Mais, la grande mutation survenue est que le sucre en
morceaux est en nette baisse d’appréciation. Un tour fait dans des boutiques au
marché Mboppi démontre à merveille que le sucre en poudre est en effet le plus
prisé. “ Nous vendons en moyenne deux tonnes de sucre en poudre chaque mois ”,
révèle Justin Happi, propriétaire d’un magasin dans le marché.
L’une des raisons de ces changements s’explique par le fait que le sucre en
poudre est considéré par les consommateurs “ plus économique ” que celui en
morceaux. D’abord, pour ce qui concerne le prix. Actuellement, un sac de 50
kilogrammes de sucre en poudre coûte entre 23 000 Fcfa et 24 000 Fcfa. Il y a
trois mois, il fallait débourser entre 27 000 Fcfa et 28 000 Fcfa pour avoir la
même quantité. Un kilogramme de ce produit coûte dans les quartiers 500 Fcfa. “
Globalement, le produit a connu une baisse assez importante sur le marché en
quelques mois ”, souligne Justin Happi.
Pendant ce temps, les prix du sucre en morceaux continuent leur montée
vertigineuse. Il y a trois mois, il fallait débourser 14 000 Fcfa environ pour
s’offrir un carton de ce type de sucre. Actuellement, il vaut 17 000 Fcfa
environ. Certains petits commerçants ont même décidé de ne plus en vendre,
puisqu’il est de moins en moins demandé. “ Il me faut environ deux mois pour
écouler mon sac de sucre en poudre alors que je dois patienter près de cinq mois
pour finir le carton de sucre en morceaux ”, explique Gérard Ngangam, installé
au marché de Ndogpassi.
L’augmentation du prix du sucre en morceaux n’est pas un fait nouveau. Depuis
plus de trois ans, des tensions inflationnistes rythment le marché de ce
produit. Cette situation peut s’expliquer dans un premier temps par le
déséquilibre entre l’offre et la demande. Selon des données fournies par le
ministère du Commerce, l’offre serait d’environ 150 000 tonnes de sucre par an.
La Société sucrière du Cameroun (Sosucam) se taille la part du lion avec une
production de 130 000 tonnes par an. Vient ensuite la Nouvelle sucrerie du
Cameroun (Nosuca) avec 10 000 tonnes environ ; et enfin la Sucrerie moderne du
Cameroun (Sumocam) avec près de 6 000 tonnes. Mais, selon les estimations du
Mincommerce, cette offre est inférieure à la demande qui se situerait à près de
200 000 tonnes par an. D’où l’augmentation du prix sur le marché.
D’autres raisons peuvent expliquer la montée des prix du sucre en morceaux. Pour
certains, la surenchère – qui découle de la pénurie – est causée par le fait que
le sucre camerounais s’évade de plus en plus vers les marchés voisins. Les
entreprises productrices de sucre au Cameroun soutiennent par ailleurs que
d’énormes marges bénéficiaires sont opérées par des spéculateurs, surtout ceux
qui se trouvent en bout de la chaîne de distribution. En attendant une
augmentation possible de la production, les consommateurs préfèrent “ le
saccharose ”. Source : Le Messager
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