Les pélerins camerounais éprouvent toutes les difficultés à se rendre à la Mecque
Venus de Ngaoundéré pour la plupart, ils ont, pendant la semaine, subi les vicissitudes d’un voyage mal organisé. « Nous sommes arrivés le samedi de Ngaoundéré, les encadreurs nous ont fait déposer à 500 mètres d’ici, nous désignant ce hangar. Les vols étaient alors annoncés dans les minutes qui suivaient. Jusqu’aujourd’hui, aucun membre de la commission ne s’est présenté. Ils nous ont abandonnés<», s’offusque Souleymane Nana, transporteur à Ngaoundéré. Il avoue être allé à la Mecque plusieurs fois. Jamais, prétend-il, l’organisation n’a été aussi mauvaise.
C’est, en fait, dans un hangar situé à un kilomètre environ de l’aérogare, que l’embarquement devait avoir lieu. Les fidèles, trimballant leurs bagages, se sont installés sur des matelas, en l’absence de bancs. De temps en temps, des encadreurs assermentés de la commission nationale du Hadj venaient les rassurer : le départ est imminent. Des conseils sur ce qu’il fallait transporter et sur les produits illicites en terre Sainte étaient diffusés en boucle par des haut-parleurs. Les heures ont passé. La nuit est arrivée, les vols ont été reportés au lendemain. Les organisateurs avaient, selon toute vraisemblance, prévu la déconvenue. Une cloison a été dressée entre les hommes et les femmes. La pudeur devant être préservée. On s’est installé au gré de la fortune. Ceux qui avaient encore un peu d’argent sont allés à l’hôtel. D’autres, la plupart, comme Iya Gadji vieil agriculteur de 78 ans parti de Nganla, se sont installés sur place. « Mes deux enfants venus m’accompagner à l’aéroport et moi dormons sur cette natte ». Un mètre cinquante sur quatre vingt dix centimètres.
Les membres de la commission responsable de l’expédition n’ont rien prévu en cas d’escale prolongée. « Nous vivons de la charité de nos coreligionnaires. Ils nous apportent à manger et à boire. Pour le reste, on se débrouille », observe Souleymane Nana.
Se débrouiller, alors que cette année le prix du séjour a été augmenté d’un demi-million de francs. Un encadreur s’est permis une indiscrétion « Le voyage est passé de 1 200 000 à 1 720 000 frs. Nulle part au monde les billets d’avion n’ont atteint ce prix. » Des billets cette année estampillés Air Niamey. Mais pour des raisons connues de la seule commission du Hadj, présidée par le ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, c’est finalement un avion turc parti d’Istanbul, vendredi dernier, qui a été chargé de desservir les six rotations initialement prévues entre le 15 et le 20 novembre.
Source: Le Jour Quotidien
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