Paul Biya et sa femme arrivant au Québec
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" En 27ans de pratique du journalisme, c'est la première fois que je vois une
telle sécurité, violente qui empêche les médias d'avoir accès à l'information.
Le mot d'ordre est clair No Medias ". C'est par cette phrase que le
présentateur vedette du journal à l'Office radio et télévision du Niger, Assane
Mbaye introduisait son stand-up devant l'hôtel Loews Le Concorde. Une trentaine
de policiers et gendarmes sont devant l'hôtel et fouille tous ceux qui entrent.
Des hélicoptères dans le ciel, des canots pneumatiques sur le fleuve, les
convois dans les rues et des légions de policiers qui quadrillent le centre des
congrès, l'hôtel Hilton et l'hôtel Loews Le Concorde où certaines délégations
officielles invitées au XIIème sommet de la francophonie qui se déroule à Québec
sont descendues.
C'est aussi l'hôtel où le chef de l'Etat camerounais, Paul Biya réside avec ses
plus proches collaborateurs. "Il était initialement prévu qu'il soit logé au
Hilton, mais comme il tardait à confirmer nous avons fait une autre réservation
à Loews Le Concorde. Finalement, entre son arrivée à l'aéroport et son départ du
salon privé, le Président Biya a choisi le Concorde. Il faut également souligné
que nous sommes débordés par le nombre impressionnant des délégations africaines
qui varient de 60 à 80 personnes. Alors que seules quatre participent au Sommet
", explique un chargé de la sécurité et des arrivées présidentielles de la
Gendarmerie royale du Canada.
En effet, Paul Biya est arrivé mercredi à l'aéroport international Jean Lesage
de Québec à 17heures, heure locale (environ 22heures à Yaoundé). Visage fatigué,
emmitouflé dans un manteau bleu sombre avec un foulard aux motifs jaunes et
noir, le président Biya était accompagné de la flamboyante Chantal Biya vêtu
d'une robe velours rouge et d'une cape assortie et des mini-bottes de la même
couleur. Sa crinière jaune au vent. Le président Paul Biya a été accueilli par
le représentant du Premier ministre Québécois, Jean Charett. Une centaine de
Camerounais et Camerounaises venus d'Ottawa, de Montréal, Toronto et Québec
n'ont pas pu le saluer comme annoncé, puisqu'il est passé par une porte moins
encombrée. Avec à sa suite, Martin Belinga Eboutou, René Sadi et Jean Baptiste
Béléoken.
Dans la soirée un huis-clos qui avait été arrangé par les soins de l'Oif pour
permettre aux premiers chefs d'Etats arrivés à savoir Amadou Toumani Touré, Omar
Mbongo et Paul Biya de mettre au point une stratégie pour préparer la réunion
avec Sarkozy, a avorté. La venue de Sarkozy qui est très controversée ici et qui
a d'ailleurs amené le secrétaire d'Etat français à la Coopération et à la
Francophonie, Alain Joyandet dans une conférence de presse hier, jeudi 16
octobre 2008, à demander aux médias de ne pas dire que " Sarkozy vient au Sommet
de la francophonie pour 24h, mais qu'au vu du poids de sa charge actuelle
déclenché par le krach il a tenu à participer au sommet ".
Aucune raison sur l'échec de la rencontre des trois chefs d'Etats n'a filtré du
côté de la délégation camerounaise. On a cependant évoqué la fatigue des chefs
d'Etats qui ont fait pour certains entre 10 et 15 heures de vol. Hier matin, les
délégués camerounais et chargés de la sécurité présidentielle devant l'hôtel
Loews Le Concorde avouent " ne pas maîtriser le programme du Boss
(Paul Biya), mais qu'il va passer la journée à se reposer et recevoir le
ministre Henri Eyebe pour être briefé sur les enjeux des quatre tables rondes
introduites pour la première fois dans la tenue du sommet de la Francophonie ". Les quatre tables
rondes qui débuteront après la cérémonie d'ouverture du XIIème sommet de la
Francophonie à Québec porteront sur la langue française, Paix démocratie et Etat
de droit, l'environnement et le développement durable et Gouvernance et
solidarité économique.
Source : Mutations
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