Jacques Fame Ndongo
On peut lire à la une : « Bilan et perspectives du Renouveau national dans la province du Sud » ; « les témoignages exclusifs de la première bachelière du Cameroun et du président des chefs traditionnels du Sud ». Pour ne pas faire les choses à moitié, les auteurs de la revue éditée pour présenter les mérites et les réalisations du Renouveau dans la province natale de Paul Biya illustrent la 1ère de couverture avec la maquette de l’hôpital de référence de Sangmélima. « Les travaux ont démarré en janvier 2008 et s’achèveront en décembre 2009 », lit-on.
Le magazine se veut accrocheur dès la 5e page. Dans son témoignage, le chef Emile Kouang de Lolodorf soutient : « Grâce au président Paul Biya, une belle route bitumée passe devant ma résidence et le lycée de Lolodorf ». D’un bout à l’autre de l’ouvrage, un florilège de témoignages accompagne celui du chef traditionnel. Jacques Fame Ndongo, qu’on retrouve dans le rôle d’éditorialiste, parle de la méthode Biya. Il introduit son édito par un extrait du discours de Paul Biya à Ebolowa, le 6 septembre 1991: « Bien sûr, je suis le président du Cameroun et de tous les Camerounais. Bien sûr en tant que chef de l’Etat, je ne peux appartenir à aucun groupe. Mais comment oublier que je suis né ici, au cœur de cette forêt équatoriale ? ». S’y adossant, Jacques Fame Ndongo ajoute: « [i Faisons confiance à monsieur le président de la République, président de tous les Camerounais […], président du Sud] ».
Sud Avenir révèle que la province natale de Paul Biya a bénéficié des « réalisations mémorables » : la création de nouvelles unités administratives et de nombreux nouveaux services administratifs. Dans le domaine de la communication et des télécommunications, la publication nous apprend que neuf radios émettent dans cette province, qu’un centre multimédia y a été créé par l’Iai, ... Le magazine ouvre des fenêtres sur : l’éducation, l’électrification et l’adduction d’eau, l’investissement, les mines, la santé, les travaux publics…
Batailles rangées
De la 1ère à la dernière page, la publication tente de prouver que la région d’origine du président de la République est logée à la meilleure enseigne. Sa parution intervient après la publication de l’ouvrage d’Ateba Eyene, intitulé « Le Paradoxe du pays organisateur ». Ici, l’autre enfant du Sud démontre que les fils du Sud ayant eu des postes de décision importants sous Paul Biya n’ont rien fait pour le Sud. A la lecture des deux publications, l’observateur averti comprend que les enfants du Sud se battent pour Paul Biya. Cette publication gagnerait à soigner sa présentation physique, à diversifier les rubriques, à améliorer le traitement des photos et le choix des couleurs. Le lecteur a l’impression que le numéro 002 de Sud Avenir a été confectionné à la hâte.
L’ouvrage laisse croire que tout est rose dans le Sud natal présidentiel. Et pourtant, la route qui mène vers le développement dans cette province est fortement encombrée de nombreuses poches de misère.
Source: Le Messager
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