Eugène Nyambal, employé de la Banque Mondiale
Cette phrase résume la conférence donnée au Grand amphithéâtre de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) vendredi dernier par Eugène Nyambal, sur le thème "L’Afrique: les voies de la prospérité". Le Camerounais qui s’occupe de la stratégie à la société financière internationale (groupe de la Banque mondiale), pense qu’"il faut sortir du Programme d’ajustement structurel et passer à l’étape prochaine". Même s’il n’avoue pas explicitement l’échec des politiques élaborées par les institutions de Bretton woods, l’homme reconnaît tout au moins que "ces politiques ont fait leur temps; elles ne peuvent plus développer l’Afrique".
Otant sa casquette d’employé de la Banque mondiale, l’expert en économie dénonce les privatisations imposées par ces institutions. Pour autant, ce n’est pas que ces institutions ont toujours des intentions malveillantes mais Eugène Nyambal voit y plutôt "la trahison des élites africaines". C’est que après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte, des pays riches en ressources naturelles comme le Cameroun, la Cote d’ivoire, devraient "élaborer de nouvelles stratégies de développement et l’on devrait désormais traiter avec le Fmi comme le font la France, ou même un pays africain comme la Tunisie". A savoir "s’atteler aux conseils et suggestions sans être obligé de les respecter". Une vision qui selon lui, "a aidé des pays comme l’Ile Maurice, la Chine, la Corée".
Dans un amphithéâtre plein comme un œuf, l’homme a analysé les chances de l’Afrique: réservoir de matières premières et d’intellectuels. Au-delà, deux principaux éléments sont à considérer: un pouvoir d’achat fort et une population large au pouvoir d’achat faible. Or de l’avis de M. Nyambal "l’Afrique en général n’a ni l’un, ni l’autre". Bref, "avec moins d’un milliard d’habitants pour 30 000 000 km2, l’Afrique est sous peuplé et participe à moins de 2% aux échanges internationaux", relève-t-il.
Ainsi, "les pays africains ont davantage un problème de productivité et de natalité", soutient-il. Prenant en contre-pied l’Anglais Robert Malthus qui préconisait au XVIIIe siècle la limitation des naissances pour faire face à la souffrance et à la famine, Nyambal affirme que "l’Angleterre a connu la première révolution industrielle au moment où elle atteignait un flux élevé de population". Il cite en exemple les pays émergents comme le Brésil, la Corée, la Chine,…, "pays où le pouvoir d’achat n’est pas très élevé mais qui attire les investisseurs du fait de leurs populations".
L’auteur du livre dont le titre se confond au thème de la conférence prescrit alors une politique nataliste pour "ouvrir nos marchés", la promotion du leadership dans l’économie, l’améliorer les conditions de vie des populations. Mais surtout on doit investir dans la formation professionnelle et technique. En clair, Eugène Nyambal appelle les Africains à "sortir de l’esprit de dépendance et à se prendre en charge eux-mêmes" car "il n’y a pas de fatalité à la pauvreté", confie-t-il.
Source: Quotidien Mutations
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