Etonde Ekotto se confie sur les conditions de sa détention à Douala dans le cadre de l'affaire Epervier.
Ce n'est pas tous les jours que les nouvelles de ceux-là qui ont été confinés derrière les barreaux sont portées sur la place publique. Surtout lorsqu'il est question des anciens gestionnaires de la fortune publique mis au ban par une conjoncture politique déterminée à leur régler quelques comptes pour le moins intime. C'est par la grâce de Jeune Afrique, on va dire, que l'on peut prendre la température de ces infortunés qui siègent au quartier dit spécial de la prison de New-Bell cette semaine. Cela par le truchement d'un article qui s'étend sur les pages 31 et 32 et écrit par un compatriote qui a établi ses quartiers dans ce magazine parisien après avoir fait ses armes dans une publication de notoriété au pays.
Au cours donc de ce qui s'apparente à une descente dans cette prison où ne s'y trouvent pas que des " rebuts de la ville ", le reporter de J. A. a pu avoir les confidences d'un de ses illustres pensionnaires en la personne de Etonde Ekotto ci-devant Pca du Port autonome de Douala. A 71 ans, l'homme goûte depuis décembre les délices d'un espace des plus réduits, les cellules faisant aux dires d'un détenu " 1,70m de large ". Où le luxe de ses anciens bureaux de la Cud et du Pad ne sont qu'un lointain souvenir. Où il inhale, comme ses autres co-détenus tout aussi illustres, " en plus des odeurs émanant des toilettes à la turque de la cellule, les relents nauséabonds de la tambouille de mitard. "
Tout ancien colonel qu'il est, il n'est pas moins à la merci du périlleux " Carrefour Ndokoti ", coin de cette prison où sévissent " les détenus les plus dangereux " qui n'hésitent pas à recourir à l'arme blanche qui y circule, semble-t-il, en toute impunité. Si " les co-détenus du quartier spécial ont fait ériger une barrière électrifiée pour se protéger des agressions ", il demeure que ces Vip ne mènent pas une vie à la mesure de leur statut antérieur à la prison. Car " à la privation de liberté s'ajoute l'absence d'une alimentation digne de ce nom ". La prison n'offrant qu'un repas quotidien. Un repas dont on peut imaginer l'épaisseur quand on sait, selon J.A, que " L'Etat n'octroie que 6.000 Fcfa de ration alimentaire par mois ! "
Pour la nouvelle vie du colonel Etonde, on retient grâce à Jeune Afrique qu'il " trompe l'ennui en lisant des livres sur la religion, une biographie de Bernard Tapie et des livres sur Barack Obama " ; qu'il " ne (se) pose plus des questions sur le pourquoi (de sa mise au ban du système). Je me demande seulement pour combien de temps encore ceux que je considère toujours comme étant mes amis vont me maintenir dans cette prison épouvantable " ; qu'il " se déplace à l'aide d'une béquille " ; que pendant qu'il se faisait soigner d'une infection à l'hôpital général, une escouade de gendarmes a dû prendre ses quartiers dans la prison pour assurer sa garde, avec la conséquence que " les médecins refusent désormais de lui accorder des rendez-vous pour effectuer les contrôles prescrits ".
Source: Quotidien Mutations
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