La présidence de la République a ouvert une enquête
Depuis mercredi 30 juillet 2008, des inspecteurs d’Etat en
service au ministère du Contrôle supérieur de l’Etat sont déployés sur le
terrain. Sur instruction de la présidence de la République, ces professionnels
de l’audit et du contrôle sont envoyés auprès de certaines sociétés à capitaux
publics pour des missions qualifiées de « spéciales et urgentes ». Il
leur est, entre autres, demandé de « donner le maximum d’éclairage sur les
récentes gestions de ces sociétés d’Etat », pour reprendre les termes d’une source
proche du ministre délégué à la présidence de la République chargé du Contrôle
supérieur de l’Etat. Parmi les sociétés ciblées, figurent la Cameroon Radio
Télévision (Crtv), la Société camerounaise de dépôts pétroliers (Scdp), et l’ex
Camair, confie notre source. On se souvient que ces trois sociétés ont été
projetées au-devant de l’actualité à la faveur des soubresauts de l’opération de
lutte contre la corruption et le détournement de deniers publics, baptisée «
Epervier ».
A la Crtv, à plusieurs reprises, le conseil d’administration a refusé d’adopter
les comptes administratifs et financiers présentés par le directeur général
Amadou Vamoulké. La situation que l’on observe depuis le temps où les ministres
Pierre Moukoko Mbonjo et Ebenézer Njoh Mouelle étaient respectivement présidents
du conseil d’administration de cette société s’est empirée avec l’arrivée de
Jean-Pierre Biyiti Bi Essam. Plusieurs commentaires visant à incriminer la
gestion d’Amadou Vamoulké ont été enregistrés.
La Scdp connaît aussi depuis quelques temps des relations presque tumultueuses
entre son conseil d’administration et le directeur général Jean Baptiste Nguini
Effa. Le 22 juillet 2008, le conseil d’administration de la Scdp s’était réuni à
Douala. Il devait examiner les comptes administratifs et financiers 2007.
Malheureusement, lesdits comptes n’étaient pas prêts. Ils n’avaient pas encore
été finalisés par la direction générale, avait-on alors expliqué. Jean Baptiste
Nguini Effa avait évoqué la présence dans ses services d’une première mission du
Contrôle supérieur de l’Etat qui y avait séjourné jusqu’au 9 juillet 2008,
entraînant ainsi une mobilisation impérative de tout son personnel chargé
normalement d’apprêter les comptes administratifs et financiers de l’exercice
2007. Les membres du conseil d’administration de la Scdp avaient ainsi demandé à
M. Nguini Effa de tout mettre en œuvre pour apprêter lesdits comptes pour le 30
septembre 2008. Selon Mutations du 24 juillet, ils avaient recommandé qu’au 15
septembre 2008 au plus tard, une commission paritaire procède à la validation
des travaux préalables.
Cameroon Airlines (Camair), la compagnie aérienne nationale, est désormais
fermée, ou plutôt morte. On se rappelle que les managements successifs de ces
dix dernières années ont contribué à plonger l’entreprise dans le noir du
silence. L’on affirme que Paul Biya voudrait, au-delà de ce qu’il sait déjà,
avoir une lecture plus complète des causes du décès de la compagnie. On attend
donc les résultats de la mission. Mais en attendant, c’est la panique dans les
entreprises concernées.
Si le peuple ne sait exactement à quelle fin la présidence utilisera ces
résultats, on peut tout au moins remarquer que c’est généralement sur la base
des données du Contrôle supérieur de l’Etat que les inculpations, dans le cadre
de l’opération Epervier, sont diligentées. Mais à la lumière des grands procès
de cette opération, l’on s’interroge sur la pertinence des audits et des
enquêtes des inspecteurs et contrôleurs d’Etat. Les avocats ont en effet réussi
à démontrer devant la barre que leur travail était assez lacunaire. D’où
l’effondrement des charges généralement retenues au départ contre les manageurs
suspectés de corruption et de détournement de deniers publics.
Source : Le Messager
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