Les corps de cinq des six personnes, un sous-préfet et cinq soldats, enlevées lundi
à Bakassi, zone frontalière du Nigeria, ont été découverts vendredi "criblés de
balles", ont annoncé samedi les autorités camerounaises précisant que la sixième
devrait être "décédée". Les cinq corps "mutilés" et "criblés de balles" ont été
retrouvés "enfouis dans les mangroves" et ont été "récupérés" par l'armée camerounaise
dans la nuit de vendredi à samedi, a indiqué le ministère camerounais de la Défense
dans un communiqué. "Les corps sont dans un tel état de décomposition qu'il faut
encore attendre que les médecins aient pu les identifier", a expliqué à l'AFP un
représentant du ministère de la Défense. "Il ne fait cependant quasiment aucun doute
que le sous-préfet enlevé est parmi eux et que la sixième personne dont on n'a pas
retrouvé le corps est aussi décédée", a-t-il ajouté. Les résultats des identifications
devraient être connus mardi, selon lui.
Le sous-préfet de Kombo Abedimo, Fonya Félix Morfan et cinq soldats avaient été
attaqués et enlevés le 9 juin alors qu'ils se trouvaient à bord d'une embarcation
sur le fleuve Akwa Yafé, près de la localité de Belmond. Trois autres soldats, "dont
un grièvement blessé", avaient réussi à échapper aux assaillants en plongeant dans
l'eau. Mardi, le chef d'état-major de l'armée camerounaise avait mis en cause "des
pirates postés sur terre ferme, puissamment armés" et qui avaient "ouvert un feu
nourri sur l'embarcation" transportant le sous-préfet et les soldats. La zone était
"bouclée" depuis et les "éléments des forces camerounaises poursuivaient les investigations
sur le terrain". En novembre, 21 militaires camerounais avaient été tués sur la
péninsule lors d'une attaque menée par des hommes armés non identifiés. A l'époque,
la presse privé non gouvernementale avait évoqué "un trafic d'armes" et "un règlement
de comptes entre soldats camerounais" à l'origine de cette attaque. Les résultats
de l'enquête ouverte par les autorités camerounaises sur cette affaire n'ont toujours
pas été rendus publics. Le commandant du détachement de l'armée camerounaise sur
la péninsule avait été limogé quelques semaines plus tard par le chef de l'Etat
Paul Biya. Potentiellement riche en pétrole, la péninsule de Bakassi (1000 km2)
a été officiellement remise au Cameroun en août 2006 par le Nigeria, après avoir
fait longtemps l'objet d'un différend frontalier entre les deux pays. En octobre
2002, la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye, saisie par Yaoundé, en
avait attribué la souveraineté au Cameroun.
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