Elisabeth Enguidounolok a été retrouvée à Douala, non sans avoir subi des traumatismes
C’est avec un large sourire que Mireille-Grâce Ambang,animatrice assistante de production à Spectrum Télévision (STV), nous a une fois de plus reçu à son bureau du 10ème étage de l’immeuble KASSAP d’Akwa à Douala. Et pour cause ? Elisabeth Enguidounolok, sa fille de 18 ans, a finalement été retrouvée après d’interminables jours de recherches. D’où notre présence à son lieu de service ce mardi 29 Juillet 2008. Objectif : partager d’abord cette bonne nouvelle et nous enquérir ensuite de la situation de la jeune demoiselle portée disparue le 17 Juillet dernier, suite à sa rencontre avec un blanc. « Elle a été retrouvée hier lundi 28 Juillet 2008 dans une auberge de la rue King Akwa, MELROSE PLACE pour être précis », lâche alors Mireille-Grâce Ambang d’entrée de jeu, précisant qu’il s’agit d’un coin lugubre et très discret.
Très courageuse, elle s’est faite assistée par la gendarmerie nationale, MTN, la famille et des amis. Ce qui a permis de la retrouver en chair et en os. Rappelons déjà que depuis Jeudi 17 Juillet 2008, la jeune Elisabeth Enguidounolok, âgée de 18 ans et mère d’un bout de choux de 8 mois, s’était rendue à Akwa Palace en compagnie d’une amie. Elle avait alors rendez-vous avec un « vieux » blanc, apprend-on finalement, et qui serait de nationalité française. Ce dernier, à en croire la copine de la jeune Elisabeth, n’avait pas apprécié qu’elle vienne au point de rencontre accompagnée. De quoi avait-il peur s’il était animé de bonnes et saines intentions ? Là est toute la question. Parenthèse. La jeune demoiselle affirme par ailleurs que c’est lorsqu’elle attend un taxi que le mystérieux blanc s’est pointé, déroulant son baratin. On ne sait cependant pas ce qu’il lui a dit. Mais on sait tout de même qu’il l’aurait séduit par de belles paroles. Comportement pas du tout honorable de la par d’un adulte, fut-il un blanc ou un noir. Tout porte donc à croire qu’il s’agirait d’un réseau de trafic d’enfants. Suivez notre regard. La première hypothèse relative à l’enlèvement va se confirmer au fur et à mesure que vous lirez les circonstances ayant précédé sa trouvaille.
Comment elle a été retrouvée
C’est en principe jeudi dernier (24 Juillet 2008) que la maman de la jeune Elisabeth Enguidounolok était supposée confirmer sa déposition à la Police Judiciaire de Bonanjo à Douala. « Je ne suis plus allée à la PJ de Bonanjo. J’ai fait une réquisition de prestation de services adressée à MTN, à la Brigade des Recherches à Bonanjo. Il était 14h30mn », raconte-t-elle. Une fois la réquisition délivrée par cette unité de la gendarmerie nationale, elle s’est rendue à la Direction Générale MTN à Akwa où elle dépose le dit document. C’était vendredi 25 Juillet 2008. « Pendant que j’hésitais entre appeler les numéros composés par ma fille et rentrer à la Brigade des Recherches à Bonanjo, ma copine m’a encouragé d’appeler tout de suite. J’ai donc composé le dernier numéro que ma fille a appelé ce lundi 28 Juillet 2008 entre 16h et 16h30, et je tombe sur un bonhomme que ma fille appelle Patrick », poursuit-elle dans ses propos. A en croire la mère de Elisabeth, il a fallu d’abord réfléchir sur la démarche à suivre pour mettre l’interlocuteur en confiance. « On a simulé une histoire drôle, le genre où une femme prétend être très intime avec celui qui est au bout du fil et ça a marché comme sur des roulettes »,déclare-t-elle,les yeux étincelants.
Il faut dire qu’en ce moment, elles ne savent pas si c’est un homme qui va décrocher le téléphone,mais le coup est quand même tenté. « C’est ainsi que ma copine prend le téléphone et dit au bonhomme : allô, bonjour ! », poursuit-elle sourire aux lèvres. Avant d’interroger : « Qui peut résister face à une belle femme à la voice douce ? ». Difficile, en tout cas. Sa copine continue avec la démarche : « Allô, c’est Angèle. Ça fait longtemps ! Depuis, tu ne me cherches même plus. Tu ne me connais pas ? ». Le bonhomme à l’autre bout du fil est un peu hésitant mais est tenté de rencontrer cette belle créature qui prétend si bien le connaître. C’est ainsi qu’après leur discussion au téléphone, le sieur Patrick, gérant de l’auberge Melrose Place à Akwa, fini par lui demander de venir le retrouver. Occasion à ne pas rater. Mireille-Grâce Ambang, sa copine qui vient de jouer le rôle de Angèle, son cousin et un ami sautent dans un véhicule et démarre en trombe. Ils prennent tous la direction de Melrose Place, située à la rue King Akwa, ci à Douala.
Une fois au point de rencontre, « Angèle » est escortée à distance par l’un des gros bras qui accompagnent les deux femmes dans cette aventure . « Nous avons garé à 50 mètres de l’entrée de l’auberge. Car, il fallait éviter d’éveiller tout soupçon. Et puis je tenais à ce que ma copine soit en sécurité. Pendant qu’elle attendait, mon pote jouait au flic avec son imposante carrure, ses bras forts et musclés (rires). Quelques minutes après, le bonhomme est venu la chercher. Dès qu’ils sont entrés, il les a suivi à l’intérieur et s’est dirigé vers le bar comme un client venu prendre un pot », nous narre-t-elle. Véritable film policier avec des intrigues bourrées de suspens. Précision. Pendant qu’ils sont à l’intérieur, Mireille-Grâce Ambang, la mère de l’enfant, est dans la voiture avec son cousin. Il fallait une discrétion absolue. Il est 16h à sa montre lorsque sa copine va à la rencontre de Patrick. L’attente se fera longue, mais sera récompensée. Très facilement, le jeune homme de l’auberge reconnaît avoir déjà vu la petite Elisabeth Enguidounolok dans ces lieux. « Dans une discussion improvisée par ma copine sur les blancs, elle évoque la disparition de ma fille Elisabeth. Et c’est là que le gérant,très coopérant d’ailleurs, avoue qu’elle y passe souvent, mais nous conseille de l’attendre sur place », souligne l’animatrice/assistante de la production de STV. L’attente sera longue. C’est trois heures après que Mireille-Grâce Ambang aura la chance de revoir sa fille enlevée depuis dix jours. La rencontre est plutôt riche en émotion. Elle éprouve, nous confie-t-elle, un mélange de joie et de douleur. Elle est calme, dépassée et ne sait quoi lui dire. Elisabeth quant à elle fond en larmes et pleure chaudement. L’essentiel est fait. Elle est retrouvée en chair et en os. « Dès qu’elle m’a vue, elle a fondu en larmes. Elle venait d’être déposée par un monsieur qui la détenait captive depuis dix jours, dans une maison située non loin du chemin de fer à Bonabéri », déclare Mireille-Grâce Ambang qui avoue qu’à l’instant elle est restée muette,incapable de prononcer le moindre mot.
Où était-elle ?
Du jeudi 17 Juillet 2008 au lundi 28 Juillet 2008, la jeune Elisabeth Enguidounonlok a passé 10 jours en captivité dans une chambre d’un des quartiers populeux de Bonabéri qu’elle dit non loin du chemin de fer. Mais avant, elle était avec le Sieur Jean-Pierre, le blanc, qui lui donne rendez-vous le jour de sa disparition devant l’hôtel Akwa Palace. C’est au cœur de Douala. Le curieux personnage en question se plaint de ce qu’elle n’est pas venue seule. Selon la confidence faite à sa mère, Elisabeth a été abandonnée dans la soirée à Village par le blanc , après qu’elle ait refusé ses avances. Elle sera donc récupérée par celui qui l’a détenu captive pendant des jours, abusant d’elle après lui avoir fait ingurgiter du whisky et de la drogue permanemment. A en croire la petite, « c’était avec des menaces de mort à l’appui ». Son bourreau menaçait de la tuer où qu’elle irait si elle osait le dénoncer. C’est ainsi qu’à son passage à l’auberge, il fallait qu’elle dise qu’elle est orpheline de père et de mère et qu’elle est seule au monde. Sans appui. Le Monsieur qui l’a déposée devant l’auberge le lundi 28 Juillet dernier tenait absolument à ce qu’elle reste discrète et muette tout en jouant le jeu.
Que faisait-elle à l’auberge ? L’individu en question venait de lui trouver de quoi s’occuper dans cette auberge, le temps de la transférer à Edéa. Le mystère qui reste à élucider c’est celui relatif au blanc. Quel peut bien être le lien entre cet Européen et le Camerounais qui servait de garde du corps à la pauvre Elisabeth. Leur stratégie est tellement sophistiquée qu’ils ont fini par faire croire à la petite que le blanc ne connaît pas le noir. Tout porte donc à croire que sa récupération par le Camerounais n’est pas un fait du hasard. Sinon, pourquoi l’aurait-il empêché de retourner à la maison depuis ce fameux soir ? Question. « Maman, ils me faisaient boire du whisky, ils me droguaient et ils abusaient de moi », a révélé Elisabeth Enguidounolok à sa mère, toute en larmes.
Triste histoire qui puise, sans doute , sa source dans ces nombreux trafics d’enfants et d’organes qui battent leur plein dans nos villes et campagnes . Renversant. Autre chose. Monsieur qui l’a détenait captive exigeait, apprend-on, qu’elle se fasse belle pour lui. « Elle est revenue avec une greffe sur la tête. Il voulait qu’elle se fasse belle pour lui. Et pour cela, il a fait venir une coiffeuse qui l’a coiffée sur place », raconte Mireille-Grâce Ambang à notre reporter. Le bourreau de la jeune demoiselle, en plus d’être menaçant, tenait absolument à ce qu’elle soit belle pour lui le jour de son transfèrement à Edéa. Sans doute leur quartier général. Pendant dix jours, elle a considérablement perdu du poids. « Elle m’a dit qu’on lui faisait manger du pain », ajoute la maman de Elisabeth qui compte l’amener à l’hôpital pour un check-up médical et des soins spéciaux.
Réseaux de trafiquants ?
La mésaventure de la jeune Elisabeth Enguidounolok est la preuve palpable que le phénomène de trafic d’enfants et même d’organes humains est une réalité chez nous et est en train de prendre des proportions inquiétantes. Dans une grande métropole comme Douala, plus un jour ne passe sans que les rubriques Faits Divers des journaux ne mentionnent des faits relatifs aux kidnappings,enlèvements voire trafics d’organes humains. Tout porte à croire dans ce cas particulier qu’il s’agit bien d’un réseau bien organisé spécialisé dans le trafic d’enfants. La preuve. Mireille-Grâce Ambang a, pendant ces longs jours (10 jours), reçu des messages inquiétants venant d’un même numéro de téléphone, et probablement des mêmes personnes. Morceaux choisis. La 1ère lui est envoyée le mardi 22 Juillet dernier à 22h35. Son contenu : « Je peux vous donner des informations permettant de retrouver votre fille, me joindre à ce numéro : 99 42 11 68 ». Message à la suite duquel, elle réagit naturellement. Mais à sa grande surprise son interlocuteur lui demande une rémunération au téléphone. Après une tentative de recherche de précisions sur la nature du service à fournir et sur l’identité de ce curieux personnage, ce dernier lui raccroche au nez. Le 2nd message lui est expédié le lundi 28 Juillet 2008 à 16h30. Il s’agit du même numéro de téléphone portable qui est utilisé. « Bonjour, voilà ma condition : 50.000 francs Cfa via Express Union de Edéa au nom Sege Armand Dongmeza. Carte SGBC wwww. Avant 16 heures. Si vous voulez. Elle va bien. Je travaille à Edéa et vit à Douala. Si vous le faîtes, vous aurez une suite ce soir. Si c’est non, plus de contact. A vous de décider », écrit ce parfait inconnu depuis le chef lieu de la Sanaga maritime à notre consoeur de STV.
Toutefois, elle appelle le numéro 99 40 11 68. Mais son interlocuteur profère des menaces. Ce n’est que lorsqu’elle lève aussi le ton que le Monsieur au bout du fil se calme, et prétend vouloir seulement l’aider à retrouver sa fille. Signalons qu’au moment où elle appelle, il est 16h, heure à laquelle elle est déjà postée à l’entrée de l’auberge où elle espère retrouver Elisabeth. A 19h, lorsque la fille est retrouvée, elle rappelle l’inconnu et s’aperçoit que son téléphone ne passe plus. Le même geste a été renouvelé mardi dernier. Toujours rien. Il aurait sans doute compris que leur victime a été retrouvée et qu’il ne fallait plus prendre le moindre risque. Comment ? Eh, bien, à travers son complice de Douala qui gardait la fille et qui venait la déposer dans la soirée. Voilà donc une histoire rocambolesque qui interpelle tous les parents, les jeunes filles et la société toute entière. Et qui mérite d’être suivie de bout en bout par les forces de l’ordre. Car l’enquête relative à sa disparition n’a même pas encore commencé. Ils ont détenu la jeune Elisabeth Enguidounolok pendant 10 jours, tout en abusant d’elle. Il faut qu’ils paient pour leurs crimes. On pourrait bien se contenter du fait qu’on l’a retrouvé en chair et en os. Mais qui sait ce qui lui serait arrivée si sa maman n’avait pas eu le courage, soutenue par ses proches, d’entamer elle-même les recherches ? Pendant dix jours, c’était l’enfer pour cette sympathique dame qui ces derniers temps était sous somnifère. Il est urgent de réagir face à ce phénomène pendant qu’il est encore temps. Ses tentacules sont, à n’en point douter, en train de se répandre sur notre sol.
Source: Camerounlink
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