Energie : L'Extrême-Nord et le Nord broient du noir
(04/05/2009)
Cameroun: La chute de trois pylônes a privé six départements de l'énergie électrique.
Par Dieudonné Gaïbaï (Quotidien Mutations)
L'extrême-Nord et le Nord du Cameroun sont dans le noir depuis jeudi dernier, la faute à trois pylônes endommagés.
L'évènement qu'on croit passager dans la ville de Maroua se prolonge et dure toute la nuit. Dans la matinée du 1er mai, les premières informations en provenance de la direction régionale Aes Sonel de Garoua font état de ce que trois pylônes sont victimes de torsions, comme en mai 2008. Le département du Mayo Louti et cinq départements de la région de l'Extrême Nord à l'exception du Logone et Chari sont concernés par l'arrêt de la fourniture du courant électrique. Les conditions de vie dans ces localités deviennent de plus en plus rudes.
La fourniture de l'eau par la Camerounaise des eaux est interrompue. Le recours aux forages et puits est la règle. La canicule dont la température à l'ombre oscille autour de 36°C en rajoute à un environnement difficile à supporter. Les festivités de la fête du travail en prennent un sérieux coup. La mobilisation traditionnelle à cet évènement ne dure que quelques heures, le temps d'en venir aux boissons devenues chaudes. Les festivités dans les boites de nuit et cabarets sont rares. Les groupes électrogènes dans les résidences huppées prennent le relais. L'hôtel Le Sahel de Maroua où est installé un générateur est très sollicité sur le coup. Des personnalités de la ville viennent avec les membres de leur famille pour y trouver un gîte, le temps pour que les travaux engagés dans la nuit du 30 avril au 1er mai débouchent sur des résultats probants. Entre temps, l'usine Cimencam de Figuil tourne au ralenti, avec une incidence sur le volume de production en cette période où la demande est forte.
Dans la vallée de la Benoué à la sortie de Garoua, les trois pylônes dont les crêtes ont été victimes de torsions sont pris d'assaut par les services techniques d'Aes Sonel. Ahmadou Bivoumg directeur régional de la production explique, " nos équipes sont descendus sur le terrain dans la nuit même de jeudi pour prendre la mesure du problème. On s'est donc rendu compte de ce qu'il s'agit d'un pylône qui dans sa chute a entraîné deux autres. Il s'agit des effets induits de la chute d'un pylône. Cette chute est due en réalité au vol des cornières qui constituent le socle du pylône. " Ces actes de vandalisme ainsi que le fait remarquer Issou Baba, chef de la division technique sont devenus légion dans la région. " Des campagnes ont été menées, les chefs traditionnels ont été associés. Mais les actes se poursuivent. Parce qu'il y a deux semaines, un problème similaire a été enregistré sur l'axe Lagdo-Garoua. Nous avons du refaire la texture de ces pylônes. "
De jour comme de nuit, les équipes techniques ont travaillé d'arrache pied à en croire le directeur régional de la production. " Nous avons d'abord pris des mesures conservatoires afin que les usagers des zones victimes de l'arrêt de la fourniture de l'énergie aient l'électricité chez eux. Ensuite, nous allons attendre le matériel qui vient de Douala pour nous permettre de résoudre de manière pérenne le problème. "
Le courant électrique est revenu dans les ménages hier dimanche en début de matinée pour le plus grand bonheur des populations. Ceci après plus de 72 heures d'infidélité. Mais le spectre d'autres chutes de pylônes plane encore. Tant est que la sécurité autour de ces infrastructures n'est pas des plus optimales, la contribution des populations riveraines a ce processus est mitigée, la disponibilité des cornières de reprise n'est pas assurée. Des chantiers sur lesquels un accent particulier doit être mis pour préserver les populations des coupures longues du courant électrique. Surtout que les mécanismes de surveillance et d'entretien de ces pylônes par les agents de Aes Sonel alimentent les conversations.
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