Noumoye Serge, informaticien à Akwa
Bonjour monsieur Noumoye, pouvez-vous vous présenter aux bérinautes et nous dire quel est votre sentiment suite à la grève de la semaine dernière et les manifestations violentes qui ont suivi ?
Bonjour, je suis Mr Noumoye Teuwa Serge, informaticien, je fais dans la vente de matériel informatique. Je dois dire que j'ai vécu la grève en direct. J'étais en ville, je voulais être près de l'action. Ce qui fait que ma boutique, par exemple, a failli être détruite à un moment. Mais nous avons réussi à dissuader les pilleurs d'agir. Par contre, mes voisins ont subi de lourdes pertes, leurs magasins ont été entièrement saccagés. Nous étions totalement impuissants face à la situation vu que les jeunes étaient particulièrement nombreux, entre 400 à 500 personnes.
D'après vous, quels sont les causes de cette grève, de ce soulèvement populaire ?
C'est parti d'abord d'un problème de carburant : les syndicats de transporteurs se plaignaient de l'augmentation du prix de l'essence. Puis, le problème a été récupéré par la jeunesse, la vie chère, tout sur la marché est cher, mais aussi la révision de la constitution. Dans tous les cas, les jeunes revendiquaient surtout la baisse des denrées de première nécessite selon les slogans qui étaient visibles sur leurs pancartes, tels que le riz, le pain, le savon etc. Il faut dire que la jeunesse en a marre des promesses des dirigeants qui ne sont pas tenues et qui ne se concrétisent jamais.
Avez vous participé à cette grève de manière active?
Non, je n y ai pas participé.
Avez-vous eu des proches qui ont été victimes ou qui ont été arrêtés, ou même tués ?
Non personnellement, je n ai pas eu de proches qui ont été victimes des manifestations. Juste des voisins qui ont été pillés. Par contre, j'ai vu des morts : les forces de l'ordre ont tiré sur les manifestants. Comme par exemple les deux morts de Bessengué, cela a eu lieu devant moi. Et également au quartier cité Cicam, où un homme a été abattu devant moi.
Mais alors, quelle a été la réaction des manifestants à la vue des morts?
Bon, les manifestants ont été dopés après les tirs. Parce que comprenez que quand vous êtes en groupe et qu'on tire sur l'un d'entre vous, vous essayez naturellement d'être solidaires et de vous venger.
Est-ce que cette grève et tous ces mouvements étaient légitimes selon vous?
Même si on est d'accord qu'on ne grève pas en cassant, je pense que les jeunes se sont dits qu'en faisant une grève pacifique, peut-être qu'ils ne seraient ni compris ni pris en compte par les instances dirigeantes. Toujours est-il que quand il y a une grève, même en Europe, on accuse toujours quelques déboires par ci par là. Sauf que là, ils ont globalement exagéré, d'autant plus que parmi ces jeunes, il y avait des brigands.
Quel serait votre mot de fin par rapport à la situation qui prévaut au Cameroun, ce climat de peur qui règne actuellement ?
Moi, j'interpelle d'abord le gouvernement : il faut qu'il fasse quelque chose pour la jeunesse. Puis, je demande aux Camerounais de vaquer à leurs occupations, de ne pas à avoir peur et de savoir revendiquer. Et comme le président l'a dit, il y a des institutions légales pour le faire. Par contre, ce qu'il faut qu'il comprenne aussi, c'est que quand les choses ne vont pas, les jeunes utilisent d'autres moyens d'expression. Ce n'est certainement pas la plus belle des manières, mais on va faire comment ? on fait seulement avec...(rires)
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