Ngalle Moussongo et Jacques Njanga quittaient la tribune de la place des fêtes de Penja hier, à la fin de l’installation du nouveau sous préfet de la localité, lorsqu’ils ont été cernés par des gendarmes. “Deux gendarmes ont foncé sur Ngalle qui était derrière le chef Njanga, esquivé sans doute à cause de la tenue d’apparat qu’il portait ”, rapporte une source qui a requis l’anonymat.
Un avocat, Me René Manfo, de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), qui accompagnait les deux hommes, s’est interposé pour empêcher cette arrestation. “ Je leur ai demandé de me présenter le mandat qui leur donne l’ordre d’arrêter mon client. Ils ne l’avaient pas. Je leur ai signifié qu’ils ne pouvaient pas l’amener ”, explique l’avocat.
Ses arguments ne suffiront pas, puisque d’autres gendarmes se joignent aux deux premiers pour “ amener de force le conseiller municipal ”. A la brigade de gendarmerie de Penja, l’interpellé apprend qu’il a été arrêté sur ordre du procureur de la République près le tribunal de grande instance du Moungo. Joint au téléphone, Bifouna Ndongo explique que “ de passage dans la localité pour assister à l’installation du nouveau sous préfet ”, il a appris que des personnes dont les noms se retrouvaient sur la liste des promoteurs de la grève produite il y a quelques jours au tribunal, par le sous préfet sortant, Richard Akwe Mengué, se trouvaient sur le lieu des cérémonies. Le procureur reconnaît avoir donné l’ordre au chef du bureau des enquêtes du groupement de gendarmerie du Moungo de les interpeller et les entendre dans les brefs délais.
Des trois personnes visées par cette arrestation, une seule a pu être effectivement interpellée. Les autres, Jacques Njanga et Noé Moumié, ont pu s’échapper. Tous conseillers municipaux, ils sont en fuite et recherchés depuis le 29 février par les forces de l’ordre qui les soupçonnent d’avoir orchestré les émeutes de février dans la localité.
Jacques Njanga nie les faits qui lui sont reprochés. Il crie à la manipulation et au règlement de comptes. “ J’ai un contentieux avec le sous-préfet sortant. Je l’ai empêché de vendre les terres de mon village avec le chef Poula, Daniel Songa, ils ont juré de se venger. C’est pourquoi mon nom figure sur la liste des recherchés ”, martèle-t-il.
Ces interpellations rentrent dans le cadre de l’affaire Kingué, pendante devant le Tgi du Moungo. L’ex-maire de Penja et 28 autres personnes sont accusés d’avoir pillé et cassé des édifices publics en février, dans la localité. Selon le ministère public, d’autres complices courent toujours. D’où ces interpellations qui vont continuer, assure le procureur.
Source : Mutations
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