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Elections au Cameroun : La démocratie kalachnikov
(07/11/2013)
Analyse de la situation électorale du Cameroun et des causes et conséquences sur la population camerounaise
Par Ahanda Mbock

C’est sans surprise que nous constatons l’issue des récentes élections au Cameroun. C’est aussi sans surprise que l’on sait que cette énième élection ne chargera en rien les réalités sociales et économiques de la nation. Les nouveaux élus, méritants ou pas, sont pris dans une structure de béton qui limite la pensée, le mouvement et la moindre initiative en faveur de l’amélioration des conditions de vie des populations, si tel était encore l’objectif de l’activité politique.

Les conditions d’existence ont atteint un tel niveau de décrépitude que seule «la politique» ou plutôt le positionnement politique semble pouvoir nourrir son homme. Même les positions administratives jadis très convoitées ne mettent plus personne à l’abri d’une mauvaise surprise. Tous les services publics sont ainsi déserts à l’approche de ce qu’on appelle « les échéances électorales ».

Une crise sociale est inévitable sans une distribution équitable des ressources et une politique de travail à grande échelle à travers les travaux communs, l’agriculture, les grands aménagements du territoire et de l’espace et la transformation locale des matières premières. Bien sûr, il ne suffit pas de le dire, d’autres l’ont dit avant nous et de bien meilleure manière.

L’exode massif de la jeunesse camerounaise vers l’occident aura désamorcé une situation déjà critique mais pour ne mieux que la reporter à demain. En tant que force de travail et de consommation, l’immigration de l’Africain est méticuleusement planifiée et organisée à l’insu de son plein gré. Étant de nature dynamique comme tout phénomène humain, l’immigration atteindra (si ce n’est pas encore le cas) un état d’équilibre annonciateur d’une nouvelle donne.




Et voilà que le cœur d’une nation bat tous les 5 ans ou tous les 7 ans. Et, entre deux « échéances électorales », rien. Peut-être le football ou les sorties sporadiques de l’épervier sans grand intérêt pour le Camerounais qui a faim et qui se plaint. Une fois les élections terminées, il ne reste plus aux uns et aux autres qu’« à commenter les commentaires ».

À quelques exceptions près, le schéma de l’action politique est toujours le suivant : se déclarer opposant (opposant à quoi ? Personne ne sait) – adhérer à un parti politique dit d’opposition ou créer le sien – attendre les élections – se présenter aux élections – dénoncer les fraudes et la corruption – se taire – attendre à nouveau les prochaines échéances électorales.

Il est surprenant de voir que même les nouveaux arrivants sur la scène politique se lancent tête baissée dans les « échéances électorales » sans faire une quelconque critique historique et culturelle du pays et de la marche du monde. Sans nier les difficultés locales, notamment les contraintes administratives, il a été démontré que la mobilisation des masses est conditionnée par la traduction de sa réalité en langage populaire, en concepts opérationnels et par la perspective d’une amélioration de sa condition socio-économique.



Acteurs ou spectateurs, il est crucial de saisir de manière radicale la densité du problème camerounais. La machine est grippée, malgré quelques bonnes intentions, malgré les efforts consentis. « Le fer de lance de la nation » a pris un coup de rouille, des « forces vives de la nation » il ne reste plus que les refuges ardents du désespoir.

Le problème est aux sources mêmes de la nation. Aucun projet national fondateur, consensuel et durable ne pourra émerger sans authenticité culturelle, sans puiser aux sources de l’Être Africain. Décrier la corruption aujourd’hui c’est ignorer ou faire semblant d’ignorer le passé récent du Cameroun. On ne peut coloniser sans corrompre; or les Camerounais n’ont jamais fait le bilan de l’indépendance, interrogé ses piliers afin de définir un projet national à la lumière de l’histoire multimillénaire du continent.

Cette situation perdurera tant et aussi longtemps que les Camerounais n’auront pas en toute sérénité organisé ce qui serait appelé par exemple, « Les États Généraux de la Nation » qui consisteraient à apaiser la vie politique et sociale avec comme fil conducteur la recherche du bien-être général, la protection et la perpétuation de la vie sous toutes ses formes. Pour cela il suffirait de répondre à : Qui sommes-nous et que voulons-nous ?

Bien que les questions de santé, d’alimentation, de logement, d’accès au travail préoccupent en premier chef les populations que nous sommes, notre conscience avant d’être économique et sociale est d’abord historique. Conscience historique sans laquelle aucun bon qualitatif et quantitatif n’est envisageable sur les plans matériel et immatériel.


Les populations ne se font plus guères d’illusions sur les élections et sur la démocratie qui, jeunes élèves, nous disait-on, est « le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ». Oui à la démocratie, mais de quelle démocratie s’agit-il ? Le contenu d’un concept est tout aussi si non plus important que son nom.

Certains objecteront en disant que la démocratie n’est peut-être pas parfaite, mais demeure tout de même le plus acceptable des systèmes politiques. D’autres demanderont ce qui peut bien être proposé à la place ?

Il suffirait pourtant d’interroger l’histoire multimillénaire du continent pour découvrir ce que les Africains ont fait de grand et de beau en matière de gestion de superstructures étatiques dans lesquelles il n’y avait ni prison, ni opposant, ni suffrage universel, ni majorité, ni minorité, où 51 % ne pouvaient dicter leur loi à 49 %, et où, le premier venu, sous prétexte de « la liberté de candidature » propre à la démocratie actuelle, et sous prétexte d’avoir de l’argent et des relations peut prétendre aux plus hautes fonctions.

La gestion de la vie est une chose trop importante pour l’abandonner au hasard des urnes, de l’intrigue, de la ruse et des groupes d’affaires.
C'est la démocratie électoraliste qui ici est pointée du doigt.
Démocratie qui, comme la kalachnikov, est une invention ingénieuse, mais qui depuis son introduction en Afrique n’a fait que prolonger, de manière mois bruyante peut-être, le drame africain.



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