Au stade municipal de football, une effervescence à la veille de la nouvelle édition sacrifie à une tradition consistant à créer une ambiance chaude autour de cette compétition qui, au fil des ans, s'est imposée comme un rendez-vous sportif majeur, national et international, bien qu'elle ne soit pas homologuée par la Fédération internationale d'athlétisme.
En dépit de quelques couacs liés à des retards dans l' organisation, les manifestations ont été officiellement lancées ce vendredi après-midi dans une atmosphère de détente lors d'une cérémonie au stade de football municipal de la ville, marquée par un défilé représentatif des délégations sportives participant à la compétition.
Pour la nuit, une animation artistique faisant intervenir des vedettes de la chanson nationale et l'élection Miss Mont Cameroun 2010 est annoncée.
Un millier d'athlètes nationaux et internationaux se lanceront samedi matin à l'assaut de cette course de montagne unique au monde, effectuée en une étape, contrairement à d'autres ailleurs, sur une distance d'environ 40 kilomètres en aller et retour.
Une dizaine de pays étrangers y sont représentés, a souligné dans une allocution le secrétaire général du ministère des Sports et de l'Education physique et sportive, David Hanack Tonyé, citant notamment l'Allemagne, la Belgique, la Chine, l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, la Guinée équatoriale, le Japon, la Kenya, le Maroc et les Etats-Unis.
"C'est la première fois que je participe à l'ascension du Mont Cameroun. Ce qui me motive, c'est d'abord, l'amour de la course à pied, ensuite l'amour de la montagne et enfin l'amour du Cameroun et de ce sommet qui est quand même mythique. C'est le plus haut sommet de l'Afrique de l'Ouest", a confié à Xinhua le Français Pierre Mouly, alpiniste et employé à la Banque de France à Paris.
C'est un habitué du pays depuis 10 ans. Il affirme le visiter au moins une fois par an, pour des raisons professionnelles. "Je connais le Cameroun. J'ai beaucoup d'amis dans ce pays. Mais, je n' ai jamais vu cette montagne. En 2000, il y a une éruption, je suis allé voir la lave. J'ai même marché dessus, elle était encore chaude".
Son objectif, a-t-il assuré, est de "faire le sommet et passer la ligne d'arrivée". Aucune prétention de "battre les Camerounais". Il s'est dit partagé entre "beaucoup d'excitation" et "un peu d' appréhensions", à cause de la chaleur et de la difficulté à grimper la montagne.
"J'ai fait des courses plus longues avec autant de dénivelés positifs, mais là, ça monte très raide. Donc, je vais partir tout doucement", a-t-il avancé.
Spécialiste de hautes altitudes, il aligne dans son palmarès les épreuves d'ascension sur l'Aconcagua en Argentine (7.000 m), le Mac Kinley en Alaska (6.200 m), le Cotopan en Equateur (5.000 m) , le Servin en Suisse (4.200 m) et une dizaine de fois le Mont Blanc en France (4.807 m).
Telesforo Owono Micha de Guinée équatoriale conduit pour la quatrième fois une délégation d'athlètes de son pays à cette compétition. Il accompagne deux jeunes qui cherchent à faire leurs preuves sur les pistes d'athlétisme : Vicente Obama et Benjamin Manuel Enzema, respectivement champions du semi-marathon international de Malabo le 5 juillet 2009 chez les seniors et les juniors.
"L'ascension du Mont Cameroun, c'est très difficile. C'est la première course de montagne qu'ils vont faire. Traditionnellement, ils font du 1.500 m. On vient ici pour chercher à améliorer nos performances et préparer les grandes compétitions internationales", a-t-il dit.
En sept participations, aucun athlète de la Guinée équatoriale n'a pu atteindre le sommet du Mont Cameroun, baptisé Char des dieux par un explorateur carthaginois.
"Le plus important pour nous, c'est d'arriver au sommet et revenir. Nous voulons dépasser les performances de nos prédécesseurs. Nous nous sommes préparés physiquement et on va fournir les efforts possibles pour cela", a fait savoir Vicente Obama.
Les champions seniors messieurs et dames de la course reçoivent une récompense de 3 millions francs CFA (environ 6.000 dollars US). Contre 2 millions (environ 4.000 dollars) et 1 million (soit près de 2.000 dollars) de francs pour les deuxièmes et troisièmes.
En 2009, l'épreuve avait été remportée par les Camerounais Momo Voffo chez les hommes et Yvonnne Ngwaya chez les dames. C'est la première victoire de l'un et l'autre.
Le record de succès, sept fois, reste détenu par Sarah Lingu Etonge, surnommée la "reine des montagnes" camerounaise.
La dernière victoire d'un étranger, remportée par le Suisse Pierre André Gobet, remonte en 1990. Et la Britannique Sally Goldsmith, la même année. Seul Walter Stifter, également de nationalité anglaise, a réussi à vaincre la suprématie camerounaise en s'imposant trois fois d'affilée en 1976, 1977 et 1978.
C'est aussi le premier participant étranger à se hisser sur la première marche du podium. Il a fallu attendre 1987 pour saluer le premier exploit féminin, grâce à l'Argentine Hélène Diamentides.
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