Il y'a une pénurie réelle de poulets dans la ville de Douala.
" Ça fait deux semaines que j'attends qu'on me livre les poussins que j'ai commandés ", confie Bernard, éleveur de volaille installé au quartier Bépanda. "Il faut s'inscrire sur des listes et attendre deux, voire trois semaines avant la livraison. Et il est préférable de faire preuve de patience auprès de la première structure pour ne pas perdre sa place pour la livraison", se plaint Madeleine, une autre éleveuse basée à Mbangué. Les éleveurs indiquent que cette situation est due à la demande qui est de plus en plus forte.
" Depuis que le gouvernement camerounais a interdit l'importation des poulets congelés, plusieurs personnes se sont lancées dans l'élevage de la volaille. Aujourd'hui, la demande est si forte que nous ne parvenons pas à satisfaire tout le monde à la fois ", explique un employé d'Africhicks, une société de vente des poussins d'un jour basée à Bonabéri. Cet employé précise d'ailleurs que l'entreprise est obligée de faire une programmation des livraisons, en fonction bien évidemment des dates de sortie des poussins des couveuses. De méthodes différentes sont utilisées par d'autres sociétés. Certains éleveurs avertis ont pour cela passé des commandes auprès d'Agrocam, avant même la sortie des poussins des couveuses. Suivant cette logique, ce sont d'abord ceux là qui sont servis. Les autres clients ne sont servis qu'après ces vagues. " Nous produisons en fonction de la demande. Ceci nous évite de réaliser les pertes ", explique un agent à Agrocam.
D'autres arguments sont aussi utilisés pour expliquer cette rupture annoncée de poulets à Douala. " Pendant les fêtes de fin d'année, plusieurs éleveurs ont vendu leurs poules pondeuses. Et il faut six mois pour que de nouvelles pondeuses soient capables de pondre à nouveau ", soutient un employé travaillant pour la société Epa à Bonamoussadi.
Matières premières
La vente de ces pondeuses a entraîné la hausse des prix des œufs dans les marchés au lendemain des fêtes de fin d'année. Désormais, une alvéole coûte 1.900 francs Cfa au lieu de 1.600 francs Cfa. Soit 65 francs Cfa, un oeuf. L'œuf de 50 francs Cfa a presque disparu des marchés. Les éleveurs promettent d'ailleurs une autre hausse dans les marchés.
La situation de pénurie est relativisée par les responsables d'Élevage promotion, d'Afrique (Epa). " Nous avons des poussins d'un jour. Mais nous n'aimons pas donner de faux rendez-vous à nos clients. Lorsque vous voulez les poussins, on vous donne une date de retrait. Si ce que nous vous proposons ne vous satisfait pas, vous allez chercher ailleurs ", indique un employé d'Epa. Néanmoins, les éleveurs et les fournisseurs sont unanimes sur le coût élevé des matières premières. " Les prix ont pratiquement doublé dans les marchés. Nous avons aujourd'hui un sceau de maïs de 15 litres à 4.500 francs Cfa, un sac de soja de 50kg à 21.000 francs Cfa, un kilogramme de remoulage coûte 150 francs Cfa. En appliquant ces prix, on ne s'en sort plus dans l'élevage ", confie Mme Wouking. Avec cette hausse des prix de matières premières sur les marchés, les éleveurs envisagent d'autres augmentations. Et implorent le soutien de l'Etat.
Source: Quotidien Mutations
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