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Douala: Encore des morts par balles
(26/02/2008)
Une journée de débrayage ensanglantée par les affrontements entre la population et les forces de l’ordre
Par Denis Nkwebo

Aux premières heures de la matinée d’hier, lundi 25 février, les rues de Douala étaient désertes. Aucun véhicule ne circule. Aucun engin roulant n’est visible. Des colonnes de fumée noire s’élèvent vers le ciel, partout. Elles sont alimentées par de dizaines de vieilles roues de voiture mises à feu. Plusieurs dizaines de jeunes gens aux muscles bien ressortis patrouillent et veillent au strict respect du débrayage. Pour bien tenir leurs piquets de grève, ils hurlent et menacent à tout vent. En face de ces grévistes déterminés, la police et la gendarmerie effectuent des incursions sporadiques, pour étouffer un mouvement qui montre tous les signes de violence. C’est en tout cas ce décor qui a marqué le début de la première journée de la grève décrétée par les syndicats des transporteurs.

Pourtant, c’est à une journée d’émeutes que l’on va assister. Dans la nuit déjà, autour de 1 heure du matin, les populations riveraines de l’université de Douala avaient donné le ton. Là, les commerces ont été pillés, des barricades érigées le long de la voie qui mène au quartier Ndokoti, tandis que les activistes collectionnaient en même temps les pneus pour la suite des opérations dès la levée du jour. Les habitants du coin ont d’ailleurs découvert un quartier plutôt sinistré, comme si un orage de colère avait engendré des casses aveugles. La route qui mène à Ndokoti, en passant par l’Essec, est parsemée du même décor de déluge qui a pris corps.

Le carrefour Ndokoti n’a donc pas été épargné par un mouvement plutôt bien suivi. Ce lieu désert a en plus connu une intense activité des bandes en colère. Les écueils des casses récentes effectuées en ces lieux par l’autorité municipale, ont sans doute attisé la hargne des manifestants. Ces derniers ont mis le feu aux roues de voiture, bravé l’intervention policière pour s’en prendre aux édifices importants et aux grands commerces tels que la station Tradex, le complexe Belavie et l’agence Bicec. C’est ici que les altercations les plus violentes entre les forces de l’ordre et la population ont eu lieu. La nouvelle de la mort de deux gendarmes y a même circulé ; information aussitôt démentie de source policière.


Fusillade


A Bessengué, les jeunes du quartier ont maintenu le siège de la rue comme si une rancœur couvait depuis des lustres. La fumée noire du feu qui brûle partout sert de bouclier, dans une ambiance dominée par les tirs nourris des gendarmes. Les manifestants dissimulés derrière les habitations guettent les hommes en tenue qui tirent à bout portant. Les éclats de gaz lacrymogène, les impacts de balles réelles ont l’air d’exciter la foule qui envahit la voie de façon intermittente. Dans la foulée, les bavures sont signalées. Les fusils à pompes déversent leur gaz à l’intérieur d’une école maternelle. Au même moment, les élèves des lycées et collèges tentent difficilement de se frayer un chemin, pour se mettre à l’abri. « Ils ont attaqué notre école. Ils ont mis le feu dehors et nous étions obligés de fuir », raconte une jeune fille du lycée de Déido.

Douala a donc basculé dans la violence. Le spectacle des affrontements ouverts entre forces de l’ordre et manifestants difficilement identifiables était le même partout. Notamment à Bonabéri où les échauffourées ont opposé la police à une meute de jeunes gens prêts à tout. C’est là que le véhicule du délégué provincial de la Sûreté nationale du Littoral, Joachim Mbida Nkili, a été attaqué. Des tessons de verre ont d’ailleurs blessé le commissaire divisionnaire qui s’est dit surpris par l’ampleur de la violence. «Rien n’explique l’attaque contre les fonctionnaires de la police alors qu’ils essayent juste d’œuvrer à ramener le calme dans la ville », dit-il. Comme lui, des journalistes ont connu de pires moments d’incertitude. Eric Roland Kongou, en reportage pour Mutations, a été pris à partie par des badauds non loin du commissariat du 7ème. Ses agresseurs lui ont arraché son appareil photo, après l’avoir frappé au visage. Liliane Nyatcha de Stv a également perdu sa caméra au profit des gendarmes. Ces derniers lui reprochent ses reportages diffusés sur la Bbc.

Dans les hôpitaux, le bilan des émeutes est très lourd. Au moins quatre morts sont enregistrés dont deux à l’hôpital Laquintinie. Les deux autres victimes sont tombées sous les balles des forces de l’ordre, du côté de Bonabéri. Les blessés graves se comptent par dizaines. Les manifestants ont d’ailleurs bravé des embûches pour conduire les victimes dans les hôpitaux. Au cours des scènes rappelant celles de l’Intifada palestinien, les corps transportés souvent dans des bacs à ordures ont défilé le long du boulevard de la République. Sur les brancards de fortune, certains blessés ayant un impact de balle en pleine poitrine, ont été vus, poussant apparemment leurs derniers souffles.

Hier soir, le général Sally Mohamadou, commandant de la 2e région militaire est allé autour de 17h30 à la rencontre des manifestants à Bonabéri. C’était non loin de la mission catholique de ce quartier qui a connu de nombreux actes de pillage et de violence tout au long de la journée. Vêtue de sa tenue et ses attributs, les mains levés comme pour attester qu’il est inoffensif, l’officier supérieur de l’armée de terre a avancé vers ses interlocuteurs et les a invités à arrêter les casses et pillages. Le général a promis aux manifestants son encadrement et sa protection s’ils se limitaient à marcher.

Source: Quotidien Mutations


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