Des gendarmes vont se retrouver sans lieu de travail fixe à Douala
« La création de nouvelles unités de gendarmerie, dès l’année 2000, ne s’est pas faite avec des mesures d’accompagnement. Aujourd’hui, nous avons le sentiment que l’on a mis la charrue avant les bœufs », lâche ce commandant de brigade de gendarmerie à Douala, nerveux. Il déplore le manque d’infrastructures adaptées au bon fonctionnement de son unité. Comme lui, l’écrasante majorité des unités de ce corps, dans la capitale économique et ailleurs dans le reste du pays, est dans un piteux état. Tout simplement parce que les textes imposant la création de nouvelles compagnies et de nouvelles brigades, ne semblent guère avoir prévu l’acquisition des locaux fonctionnels.
« Les locaux qui abritent les unités de gendarmerie sont souvent pitoyables. Ils traduisent souvent, dans l’esprit de beaucoup de gens, une institution misérable qui peine à survivre au quotidien », pense P. Eboumbou, qui habite Deido, non loin de la brigade territoriale du coin. Une unité qui stigmatise l’ensemble des problèmes que la gendarmerie vit chaque jour dans son fonctionnement. Elle occupe depuis 6 ans, au lieu dit Total Bonatéki, le rez-de-chaussée d’un immeuble en construction, mis à disposition par M. Essaka, un gendarme retraité. Une situation qui arrangeait bien les deux parties. Le chantier du sieur Essaka était de la sorte en sécurité, pendant que la brigade de gendarmerie trouvait sans effort un local qui ne lui coûte rien en terme de loyer.
Fonctionnalité
Mais voilà. Depuis quelques mois, le bailleur a décidé d’accélérer les travaux de construction. Les murs de plusieurs niveaux sont montés en flèche. Et M. Essaka demande à la brigade d’aller voir ailleurs : « C’est une situation stressante, qui ne permet pas de travailler avec sérénité. Nous devons la patience du bailleur au fait qu’il utilise l’eau de la gendarmerie pour son chantier. Il n’a donc pas de problème de facture d’eau », confie un agent de cette brigade. Même le véhicule affecté à cette unité est garé à l’extérieur, les pneus dégonflés.
A Bépanda, une autre brigade créée par les textes de 2002, la situation est tout aussi dramatique : « On nous demande de partir, comme dès le lendemain de notre installation dans le quartier. Au départ, les visiteurs vidaient la vessie dans la cour. La bailleresse a dû nous interpeller à plusieurs reprises, nous enjoignant de sortir de ses locaux si on n’est pas capable de construire des sanitaires ». Ainsi, comme l’indique un agent ayant travaillé dans cette brigade, « les bâtiments sont parfois d’anciennes dépendances qui étaient à l’abandon. Ce qui fait même que quand les propriétaires avaient eu des sanitaires, généralement, ils ne sont plus en état de fonctionnement. Il faudrait les refaire, les réadapter aux nouveaux besoins.»
Logistique
La misère des unités de gendarmerie touche également les compagnies. Ces regroupements couvrent plusieurs brigades territoriales. Ainsi en est-il de la Compagnie de Douala 2ème, à Bassa. Des huit brigades territoriales qu’elle regroupe, seule la brigade de Nylon a des locaux qui lui sont propres. Et encore… Le bâtiment est la donation d’un homme d’affaires qui habite juste derrière la brigade. Son geste n’est pas un simple élan de cœur. Il entend profiter pleinement de l’implantation des hommes en tenue sur le lieu pour bénéficier en retour de leur protection.
Mais comme faisait remarquer un habitant voisin du siège de la compagnie, « il n’y a même pas un véhicule de service ». Comment alors patrouiller sur le terrain pour lutter contre le grand banditisme et autres fléaux? « Parfois quand nous sommes saisis par les populations, nous sommes obligés de recourir aux conducteurs de moto taxi pour aller à la traque des malfaiteurs », explique un gendarme. Il ajoute : « Nous n’avons même pas de magasin d’armes ni de pièce qui serve de débarras ». Pourtant, dans le budget 2007, la Défense a reçu une enveloppe de 142.198.000.000, dont 131. 098.000 Fcfa destinés au fonctionnement. Un budget qui est en hausse par rapport à l’exercice 2006 où il était de 134.345.000.000 Fcfa. Soit plus.
Ailleurs, le respect des hommes en tenue est d’abord forgé par la qualité des locaux des institutions qui les emploient. Au Cameroun, la vétusté des bâtiments, leur manque de fonctionnalité, … tranche avec les missions qui sont les leurs.
Source: Le Messager
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