Le député de la Mefou et Afamba, Dieudonné Ambassa Zang, dont le Grade des sceaux a demandé la levée de l'immunité parlementaire en raison des soupçons qui pèsent sur lui dans le cadre de la conduite des travaux de réfection des ponts sur le Wouri et la Sanaga à Ebebda, lorsque l'intéressé était ministre des Travaux publics ; a embarqué samedi dernier, 11 juillet 2009, dans le vol Air France qui a quitté l'aéroport international de Yaoundé-Nsimalen peu après 20h. De sources généralement bien informées, Dieudonné Ambassa Zang se trouve en ce moment quelque part en Amérique du Nord.
Cette sortie du pays de l'ancien ministre des Travaux publics a d'ailleurs valu, selon des sources internes à la délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn), des remontrances au commissaire principal Adolphe Edimo, commissaire de l'aéroport de Yaoundé Nsimalen. En effet, mercredi dernier, ce responsable de la police a été sermonné par ses supérieurs hiérarchiques pour avoir laissé Dieudonné Ambassa Zang sortir du Cameroun, alors qu'il était sous le coup d'une procédure de levée de son immunité parlementaire.
Pour sa défense, a-t-on appris de très bonnes sources, le commissaire principal Edimo a fait remarquer à ses supérieurs qu'il n'avait reçu aucune instruction allant dans le sens d'interdire toute sortie du Cameroun à Dieudonné Ambassa Zang, lequel ne figure pas sur la liste noire des personnalités dont les mouvements doivent être surveillés, liste généralement mise à la disposition des commissaires des différents aéroports du pays par la présidence de la République, via la Dgsn.
Au demeurant, l'ancien ministre des Travaux publics, affectueusement appelé Daz (les initiales de son nom), a-t-il quitté le Cameroun parce qu'il craignait que ces collègues députés accèdent à la demande du vice Premier ministre en charge de la justice de lever son immunité parlementaire, afin qu'il réponde devant la justice des faits qui lui sont reprochés ; ou alors est-il simplement en voyage de routine à l'étranger ?
L'hypothèse de la "fuite" semble la plus répandue à l'hémicycle de Ngoa-Ekellé, où le bureau a pourtant décidé mardi dernier, et ce contre toute attente ; de ne pas céder à la demande du Garde des sceaux de lever l'immunité parlementaire de Daz, en renvoyant l'examen du dossier à plus tard. Au mois d'août prochain plus précisement.
En effet, nombre de parlementaires ne s'expliquent pas pourquoi le député de la Mefou et Afamba ne s'est pas présenté à la réunion du bureau de l'Assemblée nationale le jour de l'examen de son cas, afin d'apporter des explications à ses pairs. Même si avant le déclenchement de l'affaire, l'intéressé avait déjà fait du lobbying dans l'ombre, en adressant son mémoire de défense à certains députés camarades de son parti. "Selon la procédure, lorsque le président de l'Assemblée nationale est saisi d'une demande de levée de l'immunité parlementaire d'un collègue, le bureau qui doit statuer convoque ledit collègue afin de lui présenter la situation, et lui donner la possibilité de s'expliquer. C'est pour cette raison que des démarches ont été entreprises pour joindre Ambassa Zang avant la réunion de mardi. Mais il était injoignable, parce que personne ne parvenait à mettre la main sur lui", confie un parlementaire.
En rappel, la levée de l'immunité parlementaire de cet élu du Rdpc a été demandée par le Garde des sceaux suite à un rapport du Contrôle supérieur de l'Etat, qui a décelé des détournements des deniers publics d'un montant global de plus de 8 milliards de Fcfa sur les fonds affectés aux réfections des ponts sur le Wouri et la Sanaga, au moment où Dieudonné Ambassa Zang était ministre des Travaux publics. Dans un mémoire de défense rédigé par l'intéressé, ce dernier dénonce une cabale contre lui, invoquant par exemple le fait qu'il n'était plus ministre au moment de la conclusion du marché pour la réfection du pont sur la Sanaga, à Ebebda. Une dénonciation qui semble rencontrer l'assentiment de certains de ses collègues députés, y compris ceux de l'opposition.
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