Les corps de Julius Ntah Kehbuma, 36 ans, et Richard Tanouo Fogué, 32 ans, chef
d’équipe, étaient méconnaissables hier matin, sur les lieux de l’accident.
Le premier a été projeté à une centaine de mètres de l’usine ; le second à
environ 400 mètres. Selon les témoignages du voisinage, les corps ont été
propulsés à plus de 50 mètres, avant de retomber. “Ils planaient dans l’air
comme des oiseaux et criaient au passage”, se souvient une femme qui a vécu le
film de la tragédie.
A en croire le docteur Tchinda, médecin légiste, les corps ont subi plusieurs
traumatismes suite à la chute. Si des câbles électriques et téléphoniques ne les
avaient pas un peu freinés au passage, ils seraient tombés encore un peu plus
loin.
Richard Tanouo Fogué est arrivé à Bafoussam. La grande sœur et le petit frère de
Richard Tanouo Fogué étaient inconsolables. Son épouse, enceinte de quelques
mois, après une première maternité, a-t-on laissé entendre, n’a pas pu faire le
déplacement. De sources concordantes, les techniciens qui travaillaient sur la
cuve de drèche qui a explosé étaient un groupe de quatre personnes. Partis tous
de Douala, ils seraient en service à la société Cmts, un sous traitant des
Brasseries du Cameroun qui opère dans la soudure métallique.
Peu avant 8 heures, les deux qui ont trouvé la mort étaient déjà perchés sur la
cuve, à environ 30 mètres du sol, qu’ils étaient en train de réparer. Chacun,
comme témoignent d’ailleurs les images, était muni d’une ceinture de sécurité et
du matériel de travail. Malheureusement pour eux, le drame intervient quelques
minutes seulement après le démarrage des travaux. Un employé des Brasseries
raconte : “Quand j’ai suivi le bruit, j’ai couru vers la zone du danger. J’ai
constaté que l’explosion a eu lieu au sein des Brasseries et ça a projeté deux
personnes. Le premier était à côté du goudron et le deuxième corps dans une
concession environnante.”
Pour Basile Tchounkeu, boutiquier, “j’étais devant ma
boutique en train d’attacher mes bouteilles de gaz pour les mettre en sécurité.
Subitement
j’ai suivi un bruit et j’ai vu
comment des morceaux de fer sortaient de la citerne là, située dans l’enceinte
des Brasseries. J’ai fui pour entrer dans la boutique. Une masse de ferraille et
un corps sont tombés devant ma porte.”
Négligence ?
Approchée, une autre source proche de l’usine confie qu’il s’agit des travaux
d’extension parce que “les Brasseries sont en train de faire des travaux lourds,
afin de changer les installations pour passer à une nouvelle chaîne de
production qui cadre avec les nouvelles technologies de l’industrie alimentaire.
C’est pour cette raison qu’on a fait appel aux techniciens supérieurs en la
matière. De sources dignes de foi, cette explosion serait le corollaire du
mélange de deux produits chimiques incompatibles que sont le butane et le gaz
carbonique. Avant de conclure que quelqu’un aurait mis une machine en marche
pendant que les deux techniciens se trouvaient sur le silo de drèche. Les
démarches engagées par le reporter de La Nouvelle Expression pour vérifier cette
information sont restées vaines.
L’une des réceptionnistes de l’entreprise a laissé entendre que “depuis le
matin, le directeur d’agence de Bafoussam [Bertrand Philippe Lacroux] et le
directeur de l’usine sont en concertation avec les gendarmes et le préfet de la
Mifi.” Même par téléphone, il n’a pas été possible d’avoir la version des faits
du directeur d’agence. En attendant l’aboutissement des enquêtes ouvertes, les
corps ont étés déposés à la morgue de l’hôpital provincial.
Source : La Nouvelle Expression
|