" Nous avons reçu les deux corps à 7h30. Le jeune homme avait encore sa machette en main, puisque les gendarmes les ont amenés avec lui. Le premier examen des dépouilles atteste bien que ce sont des coups d’un objet comme la machette qui ont donné la mort… ", explique le Dr Paul Eloundou Onomo, directeur de l’hôpital de district d’Obala.
Le médecin et d’autres témoins du dépôt à la morgue des deux corps décapités décrivent le spectacle insoutenable des jeunes filles baignant dans le sang. " Il s’est vraiment acharné sur elles. Il suffit d’un coup pour donner la mort, mais il était possible de voir les os de la colonne vertébrale, c’est le signe qu’il a frappé longtemps et à plusieurs reprises pour ôter la vie à ces sœurs", explique Désiré, un jeune d’Obala qui a couru voir le "monstre" dès que la nouvelle a fait le tour de la ville, attirant une foule considérable.
A tel point que l’accès à la brigade de gendarmerie a été fermé. D’après les premiers éléments de l’enquête des gendarmes de la brigade d’Obala, c’est à la faveur de la nuit qu’Emile Onana est passé à l’acte. La demeure familiale dans laquelle il vivait avec ses sœurs est en effet retirée et éloignée des habitations environnantes. L’assassin présumé n’a donc pas pu être " dérangé " quand il s’en est pris à Thècle Nadine Bella Ebanga, élève en seconde au lycée d’Obala et Marie Nanga Ebanga, élève au Cm2 à l’école catholique d’Efok. Une tante dans le voisinage, s’apercevant de la folie meurtrière et des cris, se serait barricadée pour ne pas subir le même sort.
La furie décrite par les témoins n’explique pourtant pas les causes du meurtre. Comment un jeune homme, vivant de travaux champêtres comme nombre de paysans d’Efok, a-t-il pu froidement assassiner la fratrie dont-il avait un peu la charge ? Les parents des trois jeunes gens étant en effet permanemment éloignés du foyer familial pour diverses raisons.
Drame
La maman avait quitté son ménage. Le père entretenait ses champs dans le département voisin du Mbam-et-Kim. Ils n’ont donc pas pu prévenir le drame qui s’est signalé. " Deux jours avant la nuit fatidique, selon le témoignage d’une parente, il avait à nouveau présenté des signes de malaise. Il se disputait avec les siens. L’on pensait qu’il était sujet à ses troubles psychiques comme depuis quelques mois. Il s’était rétabli pourtant… ", explique un gendarme.
Quelle que soit la raison de son acte, le fou furieux que serait Emile ne trouvera pas grâce aux yeux de son père. A la gendarmerie où la vigilance a dû être renforcée pour décourager la foule qui se proposait de le lyncher, son géniteur est venu le réclamer pour lui ôter la vie, raconte un gendarme.
" Un homme qui est fou peut-il tuer et se cacher sous le lit après avoir soigneusement dissimulé la machette qu’il a utilisée ? ", s’interroge un autre habitant d’Efok venu s’enquérir de la situation du jeune homme.
C’est à cette question que les juges d’Emile Onana Ebanga devront répondre, puisque le procureur de la République " ne va pas tarder à l’entendre ". D’après le Dr Paul Eloundou cependant, il n’est pas exceptionnel de recevoir à l’hôpital d’Obala des personnes blessées plus ou moins grièvement à la machette dans la région. " Cela se passe, explique le médecin, notamment lors des récoltes de cacao ou des disputes au sujet des terrains et ce sont des attitudes qui n’ont rien à voir avec la psychiatrie ou la médecine. " Mais quelle récolte ou quel lopin de terre, Marie et Thècle pouvaient bien convoiter en même temps qu’Emile ?
Source: Quotidien Mutations
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