La diplomatie entre le Cameroun et la Guinée encore mise à mal
Manguen Eric, le frère de la victime, revient sur les circonstances : «Nous
étions en train de jeter le filet à l'embouchure. Guillaume avait la quatrième
pirogue allant vers le large. Des militaires équato-guinéens l'ont suivi. Nous
avons vu la pirogue de Guillaume passer avec le zodiac équato-guinéen qui le
suivait. Quelques temps après, le zodiac est revenu après avoir remorqué la
pirogue emportant aussi deux autres pêcheurs. Jusque là, nous ne savions pas ce
qui s'est passé. Nous pensions qu’ils voulaient leur extorquer de l’argent comme
ils le font parfois. Après coup, ils ne se sont pas arrêtés à la base comme
d'habitude mais dans un campement situé à quelques kilomètres de là. Nous avons
soupçonné un mauvais coup» raconte-t-il. D’autres sources indiquent que chef
Marquez menaçait de mort Guillaume Mpenda lorsque ce dernier refusait de lui «
graisser la patte» avec du poisson ou de l'argent.
Pour l’heure, le mystère demeure entier au sujet de la direction qu’a prise la
dépouille mortuaire de Guillaume et de la situation des pêcheurs capturés. «
J'étais chez ma sœur qui vend la nourriture du coté de la Guinée. C'est là que
j'ai vu deux pêcheurs que j’ai reconnus. Ils étaient pieds et poings liés. Le
corps ensanglanté de Guillaume Mpenda traînait aussi là avant l’arrivée d’un
corbillard qui l’a transporté en compagnie des deux détenus», raconte une jeune
Camerounaise qui se trouvait du côté de Rio Campo. Face à cette situation, les
populations de Grand-Batanga et de Campo sont déterminées à en découdre avec les
Equato-guinéens. «Nous voulons que le gouvernement réagisse face à cette
situation car nous ne pouvons pas laisser passer ce crime comme cela »,
entend-on ça et là.
Des éléments de la gendarmerie nationale sont descendus sur le terrain ainsi que
les troupes du commandant Kome Divahe Kome de la base navale de Kribi qui
accompagnaient le sous-préfet de Kribi 1er et le maire de Kribi 1er Bell Hervé
Martin Bénaé venus calmer les esprits surchauffés et apporter leur soutien à la
famille éplorée. Une source proche de l'armée équato-guinéenne indique sous
anonymat que «les actes isolés d'un individu n'engagent pas la responsabilité de
toute l'armée guinéenne. Aussitôt que nous avons appris ce qui s’est passé, nous
avons dépêché une commission sur place afin d'évaluer la situation». A
Grand-Batanga, on continue de pleurer ce jeune pêcheur, mort à quelques jours
des funérailles de son épouse qu'il a perdue il y a un an. Il laisse deux
enfants inconsolables et une mère tétanisée.
Source : Le Messager
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