A travers des correspondances signées de certains patriarches et fils de la localité, le président de la République et le Premier ministre ont été largement informés, quelques jours auparavant, des conséquences malheureuses que pourrait entraîner la cérémonie d'intronisation traditionnelle du chef de 3è degré de Sodiko, village de l'arrondissement de Douala 4ème. Les signataires de ces documents qui ont pris fait et cause pour un autre prétendant au trône, Ndambwe Guillaume Marcel, indiquaient qu'ils allaient, samedi 12 avril, "s'opposer vigoureusement " à l'installation de Essombey Ndambwe Ness Ruben comme chef, parce que ce dernier n'appartient pas au foyer régnant.
En dépit de l'arrêté du préfet du Wouri qui entérine sa désignation comme chef par les notables de Sodiko. Le 10 avril dernier, le groupe de patriarches acquis à Ndambwe Guillaume Marcel avait d'ailleurs, au cours d'une conférence de presse, donné des arguments nécessaires à la compréhension de la succession à la tête de cette chefferie, à travers quelques documents historiques appartenant aux différents chefs de Sodiko et actuellement en possession de Ndambé Guillaume Marcel, mais surtout annoncé l'apocalypse samedi dernier à Sodiko. Mais le pire a été évité et le samedi noir annoncé n'a pas eu lieu. Toutefois, l'installation du nouveau chef, désigné depuis 2004, ne s'est pas faite dans la sérénité. Et pour cause.
Samedi 12 avril, dans la matinée, à l'entrée de la grande cour de la chefferie où s'est déroulée la cérémonie, quelques femmes d'un âge avancé, appartenant au foyer régnant, se sont données en spectacle. Torse nu, laissant à découvert leurs mamelles, ces femmes ont donné de la voix et agité des cloches au passage des invités, pour marquer leur désapprobation. " Heureusement que ce ne sont que des femmes ", a fait remarquer un capitaine de gendarmerie, présent à la tête d'une escouade de gendarmes dépêchés sur les lieux.
Pas moins de vingt gendarmes ont ainsi été mobilisés pour cette opération. Sans oublier un autre détachement impressionnant de la police dont les éléments étaient visibles à tous les coins de ce village. Un déploiement qui n'a pas été suffisant pour éradiquer toutes les poches de contestation. Selon certains témoignages, une personne aurait été blessée par couteau au cours d'une bagarre.
Malgré cette agitation, Essombey Ndambwe Ness Ruben a finalement été intronisé. Avant l'arrivée sur les lieux, aux alentours de 14 heures, du sous préfet de Douala IV et du Secrétaire général de la province du Littoral pour apporter l'onction administrative, c'est le chef supérieur des Bele Bele, sa majesté Mbappe Bwanga Paul Milor, qui a posé l'acte final du volet purement traditionnel.
Un chasse-mouche, objet de paix, un bâton de commandement, une machette pour chasser l'ennemi et une hotte pour recueillir tous les points de vue des populations de Sodiko ont ainsi été remis au fils de Ndambwé Essombe Emile Ness qui fut chef entre 1971 et 1983. Une date qui correspond, selon les opposants du nouveau chef, à la période de régence à la chefferie. Voilà pourquoi, soutient le patriarche Moukoko Confiance, il était normal que la lignée régnante reprenne le pouvoir par l'entremise de Ndambwe Guillaume Marcel.
Source: Quotidien Mutations
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