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De l'homosexualité au Cameroun : réflexion et analyse
(16/11/2010)
Point de vue d'un internaute qui s'est proposé d'analyser sur quelques axes de réflexion le climat autour de l'homosexualité au Cameroun
Par Ebanda Guillaume
Bonjour à tous, j’ai l’honneur d’écrire ces quelques mots pour aborder un sujet trépidant qui fait à chaque fois qu’il est abordé de près ou de loin : l’homosexualité. J’ai pu lire avec beaucoup d’intérêt, sur ce site, Facebook ou d’autres, des propos injurieux, durs voire plus à l’égard de la communauté homosexuelle camerounaise, accusée de tous les maux : pédophilie, menace de la survie de l’espèce humaine, propagation du SIDA, et pis encore.

J’ai parfois lu qu’il faudrait brûler ces suppôts du diable qui n’ont rien à faire dans un pays d’aussi bonnes mœurs que le Cameroun, qui n’a rien à voir avec des pays plongés dans le vice comme la France. C’est pourquoi je trouve qu’il serait intéressant, de se pencher réellement sur la question, et analyser si ce qu’on reproche aux homosexuels est fondé.

En point d’introduction, je voudrais m’interroger sur l’origine de l’homosexuel au Cameroun, qu’on attribue souvent à la copie de l’occident : pour beaucoup, l’homosexualité est une dépravation importée tout droit d’Europe. Intéressant. Qu’on me dise qu’une jeune fille de 17 ans qui voit son idole Rihanna changer de coiffure veule à tout prix la même coiffure pour être in, c’est compréhensible.

Après tout, quand Rihanna sera remplacée par Lady Gaga, il suffira de repasser chez le coiffeur ; les enjeux sont minimes. En revanche, j’ai réellement du mal à concevoir qu’une personne puisse orienter ses pratiques sexuelles, avoir des sentiments pour un autre du même sexe, devoir vivre caché dans la honte en ayant le sentiment d’être différent, tout cela parce qu’il aurait vu en occident ?


Je lisais dernièrement le cas de personnes présumées homosexuelles, soumis à des examens anaux afin d’avérer ou non leur homosexualité. Et je suppose que ces cas ne sont pas isolés. Il est tellement une tare au Cameroun d’être homosexuel que des quotidiens camerounais, dans leur génie brillantissime ont décidé il y a quelques années de publier la « liste des pédés de chez nous ». Sans commenter la qualité et l’intérêt réellement discutables d’un tel titre, on y voit en tout cas clairement les signes que les homosexuels sont loin d’être les bienvenus au Cameroun. Dans ce contexte, si une personne a le courage – car c’est bien de courage ici qu’il faut parler – de vivre telle qu’elle se conçoit être, il faut éviter d’utiliser le raccourci trop facile de l’exemple européen. La pauvreté au Cameroun, l’homosexualité, la dépravation des mœurs, viennent d’Europe, évidemment.


Certaines pratiques hétérosexuelles ne sont pas moins contre-nature que celles des gays

Pour continuer, le second point intéressant ici est la conception qu’on a de l’homosexualité : le paroxysme de la débauche, la luxure, la dépravation, le contre-nature dans toute sa splendeur… Encore une fois étonnant. Lorsque je suis en vacances au Cameroun, le phénomène qui aurait tendance à me choquer, c’est la prolifération dans les boîtes de nuit ou ailleurs, de jeunes filles prêtes à tout pour passer une soirée assise avec une table bien garnie de quelque alcool ; la vente de VCD pornographiques au rond-point, là où passent une bonne partie des élèves allant au collège Libermann, au Lycée Joss ou au Collège Alfred Saker.

Ne sont-ce là de vrais signes de luxure ou de pertes de valeurs ? A ce niveau je pense que l’homosexuel représente un danger bien moindre pour nos enfants que les phénomènes que j’ai cités ci-avant. On me rétorquera que l’homosexualité est contre-nature, s’opposant au plan merveilleux du Dieu tout-puissant qui a conçu l’homme et la femme pour s’unir dans une chair et procréer. Bien ! Mais les a-t-il créés pour la fellation ? La sodomie ? Les parties à plusieurs ? L’échangisme ? Les coups d’un soir ? Pardonnez le cru de mes mots, mais ces pratiques sexuelles sont parfaitement présentes au Cameroun, comme ailleurs.

Et elles ne sont pas moins contre-nature que celles des gays. A la différence qu’étant hétérosexuelles, elles sont tolérées, voire encouragées. Une jeune fille ne voulant pas s’adonner à certaines pratiques sera coincée, avec un balai dans le derrière ne voulant pas vivre dans son siècle. Fera-t-elle des choses beaucoup plus sobres avec une personne du même sexe, elle deviendra aussitôt le diable incarné. Deux poids, deux mesures.


Pour continuer sur la question du pour ou contre nature, il est intéressant de noter que la pratique homosexuelle existe chez les animaux. Si ce n’est une preuve irréfutable que l’homosexualité est une pratique allant dans le cycle naturel des choses, le cannibalisme ou d’autres phénomènes existant tout autant, cela démontre du moins qu’elle n’est pas contre-nature, ou alors que nous sommes incapables de définir ce qui est contre-nature et ce qui ne l’est pas.

Et bien souvent, ce que nous appelons « contre-nature » est en fait ce qui ne colle pas avec notre conception de l’ordre naturel. Un parent européen trouvera absolument aberrant qu’il existe des pays où les professeurs ont le droit de porter la main sur les élèves, tandis qu’un parent africain trouvera le contraire absolument incompréhensible et incompatible avec l’éducation normale d’un enfant. Qui a raison et qui a tort ? Bien malin qui pourrait le dire.

Un autre point intéressant, et central dans la répulsion de la perversion du siècle, la religion : Dieu, qu’il s’appelle Jéhovah ou Allah, a horreur de l’homosexualité. Nous nous limiterons à ceux-là parce qu’il semblerait que Zeus et ses compères grecs n’avait rien contre l’homosexualité. C’est vrai, la bible interdit l’homosexualité. Tout comme elle interdit l’inceste, le vol, le mensonge, l’envie, la convoitise, la méchanceté, le meurtre, l’usure, et de nombreuses autres choses qu’il serait fastidieux de recenser.

Et s’il fallait pointer du doigt tous ceux qui violent les interdits de la bible ou du coran – qui pour sa part, proscrit l’alcool ou la cigarette –, on ne serait pas sortis de l’auberge et on devrait tous se jeter en prison. C’est vrai, n’en déplaise à certains, du point de vue strict de la bible, nous sommes tous des pécheurs ne pouvant nous penser mieux qu’un autre. Et cela est résumé en une phrase simple, mais pourtant pleine de sens d’un personnage emblématique de ladite bible : « que celui qui n’a jamais fauté jette la première pierre ».

Pour aller plus loin, toujours dans le sens de la religion, si l’on regarde les deux points centraux des ancien et nouveau testament, l’homosexualité n’y paraît pas : dans les 10 commandements, qui constituent le noyau dur de la loi divine, bien malin qui pourrait voir une allusion quelconque à l’homosexualité. Dans le nouveau testament, personnage central qu’il n’est pas besoin de citer, invite chacun à témoigner d’un amour sans faille pour son prochain. Il ne met pas de bémol à la nature pécheresse ou sainte de celui-ci, et va jusqu’à demander de prier pour ceux qui nous font du mal.

Se servir donc de la bible pour fustiger l’homosexualité n’est pas pertinent, et demander une persécution ou un châtiment à l’encontre de ceux qui la pratiquent, c’est se faire Dieu à la place de lui-même et lui rendre des services qu’il n’a jamais demandés. Et au fond, en affirmant parfois faire la justice de Dieu, il apparaît bien souvent que c’est notre propre justice, ou plutôt notre propre conception de la justice que nous appliquons.

Notons d'ailleurs au passage que c'est au nom de la religion que certains extrémistes commettent des actes qui coûtent des vies, ou que des nations se sont mené des guerres dans le passé.

L'homosexuel est aujourd'hui en Afrique ce que le noir était à l'Occident hier : un être aliéné

Enfin, pour terminer, la communauté noire de part le monde, devrait être l’une des plus compréhensibles et tolérantes envers l’homosexualité. Pourquoi ? Il n’y a pas si longtemps, elle a été victime d’esclavage parce que d’autres peuples qui étaient différents et avaient des pratiques différentes.

Les peuples dits « évolués et normaux » ont jugé que des êtres à la peau noire comme de l’ébène, et avec des pratiques barbares, marchant nu comme des singes ne pouvaient être des hommes à part entières. Considérer l’homosexuel comme un être anormal pour ses pratiques est un raisonnement similaire.

En effet, sans avoir été à la table des grands décideurs de l’esclavage, on peut supposer qu’ils ont conclu que l’être humain normal ne se taillait pas les dents, s’habillait correctement, construisait des maisons, pratiquait le commerce, construisait des routes… et avait la peau blanche.

Aujourd’hui, on est tous d’accord pour dire qu’ils ont eu profondément tort, mais on continue cette ségrégation qui consiste à établir des normalités et à exclure ceux qui ne rentrent pas dans ce cadre normal.

J’en ai terminé.


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