Pendant que des voix s'élèvent pour s'insurger contre ces procès expéditifs, le vice-Premier ministre, ministre de la Justice, Garde des Sceaux (Minjustice) était hier face à la presse. Amadou Ali soutient que "les droits de la défense sont régulièrement assurés" dans les poursuites judiciaires engagées à l'encontre de ces "auteurs des faits d'activités dangereuses, troubles sur la voie publique et à l'ordre public. Le ministre a précisé qu'il s'agissait d'abord "d'agir et d'arrêter le désordre qui se déroule. Dans le cadre d'un Etat de droit, on peut trouver des solutions". Il a évoqué le cas de l'enquête de flagrance telle que prévue par les articles 103 du code de procédure pénale.
" Et les personnes condamnées peuvent, si elles le désirent, relever appel de ces décisions pour un second examen de leurs affaires devant la juridiction d'appel", a-t-il indiqué.
Le vice-Pm qui était assisté de son collègue de la Communication Jean-Pierre Biyiti bi Essam, de son ministre délégué Maurice Kamto, ainsi que de son Secrétaire d'Etat chargé de l'Administration pénitentiaire, Emmanuel Ngafesson, a donné le nombre de personne arrêtées dans chaque province concernée. 671 personnes interpellées dans le Littoral, 400 dans le Centre, 280 à l'Ouest, 220 dans le Nord-Ouest et 100 au Sud-Ouest.
Soit un total de 1671 personnes, selon des informations qu'il dit tenir des procureurs de la République à la date du 27 février dernier. La justice reproche à ces 1671 "vandales de s'être jetés dans la voie publique, entraînant l'arrêt des activités économiques, empêchant la libre circulation des personnes et des biens, détruisant et brûlant des édifices dans certaines localités du pays les 23, 24, 25, 26 et 27 février dernier", selon Ahmadou Ali.
"Apprenti-sorciers"
A la question de Mutations de savoir si la justice a eu le temps nécessaire de démasquer les commanditaires dont parle le pouvoir pour justifier la descente de ces "vandales" dans la rue, Ahmadou Ali pense que "cet aspect doit faire l'objet d'une enquête bien approfondie". Et d'ajouter, d'une manière péremptoire : "Je suis formel là-dessus, il y a des commanditaires. Ce n'est pas une affaire spontanée. Il s'agit des enfants qu'on a jetés dans la rue afin que la situation devienne incontrôlable. Des gens qu'on a intéressés, drogués ou menacés". Ahmadou Ali, qui a pris l'exemple des élèves de Bamenda "qu'on a sortis des salles de classes pour les mettre devant les forces de l'ordre afin que ces dernières tirent sur eux".
Parmi les personnes interpellées, seules 87 personnes ont déjà été condamnées, 56 relaxées et une affaire mise en délibéré.
Soit un total de 114 personnes déjà passées devant la barre, sur les 1671, selon le Garde des sceaux. Le ministre de la Justice souligne qu'à Yaoundé les juridictions de jugement poursuivent l'instruction des affaires encore pendantes en audience publique, "en présence des avocats et des journalistes" et que des enquêtes se poursuivent dans d'autres villes, "selon le code de procédure pénale".
Mais alors, comment ces personnes ont-elles été interpellées?
Le Minjustice explique que l'enquête de flagrance se déclenche lorsque le crime ou le délit se commet actuellement ou vient de se commettre, si la personne est poursuivie par la clameur publique ou encore si le suspect est trouvé en possession d'objets ou présente des traces ou indices laissant penser qu'il a participé à la commission de l'infraction. La fourchette des condamnations varie entre quatre mois et deux ans d'emprisonnement. Le ministre a tenu à préciser à l'intention des journalistes dont il dit attendre plus de responsabilité que : "Ce que je dis, c'est ça qui est la vérité".
Source: Quotidien Mutations
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