L'Union sacrée n'aura pas marché. La « réconciliation » Eto'o – Emana, les retours d'Alexandre Song, Achille Emana et Geremi, les cercles en début de mi-temps, tout cela n'aura finalement servi à rien puisque pour la première fois de son histoire, le Cameroun est éliminé d'une coupe du monde au bout de deux matchs.
De ce mondial, on retiendra en effet selon l'angle d'observation, soit que ça ne s'est pas joué à grand chose, soit que les lions indomptables ont établi de bien tristes records. En effet, à part au mondial 1994, considéré comme la pire aventure camerounaise en coupe du monde, les lions n'avaient jamais concédé deux défaites en phase de poules. Chose désormais faite ce soir après la défaite face au Danemark.
Aussi, pour la première fois, le Cameroun a perdu son match d'ouverture et est le premier éliminé du mondial. Un bilan déjà lourd après seulement deux matchs qui aura au moins l'avantage de montrer l'immensité du chantier avant de faire de l'équipe nationale un réel collectif plus qu'une somme d'individualités.
En effet, si sur le papier cette génération est la meilleure de l'histoire camerounaise avec les joueurs évoluant dans les meilleurs clubs d'Europe – Inter Milan, Olympique de Marseille, Ajax d'Amsterdam, Schalke04, Arsenal, Majorque... -, elle est aussi celle qui aura fait le plus de peine à voir jouer, enchaînant les erreurs défensives et les errances défensives.
Alors ce soir face au Danemark, le Cameroun a certainement livré son meilleur match depuis 2006 : de la générosité dans l'effort, un pressing très haut, de jolies combinaisons, de nombreuses occasions de but, on a eu droit encore une fois à une élimination dès le premier tour et une défaite, comme pour rappeler que la coupe du monde, même organisée en Afrique reste une compétition qu'il ne faut prendre à la légère ; on n'oublie pas non plus que c'est le seul match décent des lions depuis Janvier.
Les « balades » organisées au Cameroun à quelques jours du coup d'envoi, les querelles de vestiaires, les clashs entre anciens et actuels, la propension trop forte à s'étaler devant les médias et surtout la domination des égo des uns et des autres auront déconnecté les lions de la réalité et conduit à ce résultat.
Incapables de s'imposer face une équipe du Danemark largement prenable, les lions indomptables ont montré leurs limites et payé les pots cassés du désordre déjà en place. La coupe du monde a été compromise face au Japon, match qui ne devait jamais être perdu. C'est cette pression trop forte qui a conduit les lions à démarrer le match fort, trop fort. La demi-heure passée, on a accusé le coup et été incapable de revenir.
Dans un contexte différent, sans la défaite face au Japon, sans le désaveu quasi total de Paul Le Guen, sans les diverses déclarations de part et d'autre, il y aurait sans doute eu le brin de lucidité qui a manqué pour gérer les efforts, gérer les actions et éviter les erreurs défensives dans un match qu'on a pensé maîtriser. Certes on pourra reprocher à Assou-Ekotto ses erreurs de placement sur les buts, mais ce serait oublier celles de Souleymanou qui n'ont pas conduit à des buts, celle de Stéphane Mbia face au Japon ou encore celles des attaquants qui n'ont su ni tuer le match ni revenir au score.
Dans une coupe du monde qui ne pardonne les imprécisions à personne, l'Allemagne, le Portugal ou l'Espagne l'ayant expérimenté, le Cameroun a peut-être trop joué avec le feu et s'est certainement pensé plus prêt qu'il ne l'était réellement dans un groupe qui passe pour l'un des plus faciles, le grand favori hollandais n'ayant lui-même pas montré grand chose.
Il s'agira maintenant de reconstruire ou plutôt de reconstruire avec des joueurs qui ne devront pas se reposer sur ce bon match pour penser qu'il y a eu de l'évolution : non seulement ce match a été dû à une survolonté qui ne pourra clairement pas être de mise à chaque rencontre, mais surtout au bout de 9 matchs sans victoire, il faut commencer à considérer les limites globales et non pas réduire le tout à quelques détails qui auraient pu tout changer.
|
