Le magazine de Sophie Gillard, Marchés Africains, traite dans ce numéro hors-série, du Cameroun et de la crise économique.
Tous les secteurs sont concernés par ces enquêtes et reportages : politique, sociétés, banque, pétrole, sports, télécom, hôtel, agriculture, services, etc. D'entrée de jeu, l'éditorialiste Nicolas Delacour plante le décor de cette édition spéciale Cameroun: " Aucune nation n'échappe à la crise. Le Cameroun pas plus qu'une autre. Si nous consacrons un Hors-série à ce pays, c'est aussi parce que la façon dont il traverse cette période mondialement bousculée donne à tous les autres pays des enseignements très utiles ". Le mag s'ouvre sur une interview du premier Ministre, Inoni Ephraïm, qui, dans un style dépourvu de langue de bois, avoue que " la conséquence directe (de la crise financière internationale) sera la baisse drastique des recettes du cours du baril de pétrole (40 dollars aujourd'hui contre 140 avant la crise) pour les pays producteurs (tels que) le Cameroun ".
Par ailleurs, le magazine panafricain donne des informations qui annoncent des lendemains incertains pour l'économie camerounaise. La crise financière " se traduit par la baisse amorcée des cours d'exploitations (pétrole, bois, café, coton), mais également la raréfaction des capitaux et la baisse de certains produits primaires comme le bois. Une matière qui est le deuxième poste d'exportation pour ce pays (le Cameroun) qui exporte 66% de ses grumes, et environ 88% de ses sciages vers le vieux continent. La filière subit une baisse de 30% de ses commandes européennes et américaines qui ont été annulées ". Toutes choses qui font que le taux de croissance du Cameroun en 2009 a été revu à la baisse à 2,8%. En guise de post-scriptum, le Hors-série Marchés africains permet aux lecteurs de souffler, avec un florilège de bonnes adresses (où sortir?) à Yaoundé et Douala. Cette édition du magazine panafricain s'ajoute au premier Hors série spécial Cameroun paru en 2006.
Au-delà de ces révélations, le magazine de Sophie Gillard, la directrice de la publication, a quelques angles de traitement qui laissent songeur. Sur les enjeux économiques et perspectives politiques de la péninsule de Bakassi rétrocédée au Cameroun le 14 août 2008, le magazine panafricain omet de faire mention de l'insécurité grandissante dans cette région, complexifiant dangereusement l'exploitation de cette île. Autre oubli du Hors-série de Marché africain qui a pourtant réservé 8 pages aux informations "Société", l'insécurité urbaine (grand banditisme) et inter-urbaine ("coupeurs de routes") qui constituent un goulot d'étranglement " à la politique de grands travaux " de Paul Biya. Par ailleurs, le magazine de Sophie Gillard a fait une série de reportages et d'interviewes des entreprises camerounaises, sans que le lecteur ne discerne exactement la frontière du publi-reportage et de l'information.
Autre curiosité: des bandeaux d'informations déclinées sur forme …de teasing du genre : " quel opérateur a fait chuter le prix d'accès à Internet jusqu'à 90%? Réponse P.40-41 ". Dans ce magazine abondamment illustré, on retrouve des signatures connues telles que Eugène Dipanda (Mutations) et François Bambou (La Nouvelle Expression). Cependant, l'abondante signature de certains confrères (19 articles chacun pour François Bambou et Anne Sophie Lallemant) amène le lecteur à s'interroger. Quoi qu'il en soit, ces remarques n'enlèvent rien à la qualité du hors-série n°11 des "Marchés africains" qui constitue un cocktail de chiffres, de statistiques, et d'informations sur l'économie camerounaise. Le lecteur restera, en tout cas, difficilement sur sa faim à la fin de la lecture de ce Hors série de "Marchés africains" qui a le mérite de donner la parole aux différents acteurs de premier ordre.
Source: Quotidien Mutations
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