Le commerce illicite plombe les entreprises au Cameroun qui respectent la loi
Jeudi dernier, 18 décembre au siège du Gicam à Douala, dans un exposé qui entrait dans le cadre du Dîner Débat organisé par le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) et qui portait sur le thème " Commerce illicite : entre complicités et inertie, comment sortir de l'ornière ? ", Ugolini a reconnu " qu'un gros importateur de motos de contrefaçon de marque Yamaha vend ses produits à l'administration ". Il l'a démontré en indiquant clairement que le nom Yamaha n'était pas convenablement écrit, soit Iamaha.
En s'intéressant à son secteur, il s'est attaqué aux pièces de rechange de contrefaçon vendues au vu et au su de tout le monde au lieu dit Camp Yabassi à Douala. Des produits contrefaits dont les prix défient toute concurrence. " Une plaquette de frein pour un Coaster revient par exemple à 10.000 francs Cfa Ttc, au lieu de 30.000 francs Cfa l'originale ", indique t-il. C'est aussi le cas du filtre à huile qui est vendu à 2.000 francs Cfa, au lieu de 3.000 francs Cfa. La conséquence immédiate sur Cami Toyota au Cameroun, c'est la perte de 50% dans le magasin des pièces détachées en 10 ans. Pour lui, comme solution, " il faut aider la douane à avoir des moyens juridiques ".
Enquête
Alain Behls de la société Ycrafon s'est quant à lui penché sur la situation de la marque Bic. En 2008, l'entreprise a connu une chute de 20%. Le responsable de Ycrafon a identifié les niveaux de contrefaçon et trouvé des différences sur les lames, pas toujours reconnaissables pour les clients. Pour les stylos, la différence est à noter, a-t-il conseillé, au niveau de la solidité des bouts : en appuyant sur un objet dur, le bout du vrai stylo Bic ne s'enfonce pas, contrairement au stylo de contrefaçon qui s'enfonce facilement. Cette année, grâce à la douane, 3 millions de stylos ont été saisis. Une quantité importante au regard des 17 millions de stylos que la société vend chaque année au Cameroun. Les produits phytosanitaires connaissent aussi ce phénomène.
Henri Fosso de la société Fimex a attiré l'attention sur ces produits parce que des conséquences existent sur le produit final destiné à la consommation. Pour le Directeur général de Bat Cameroun, " l'Etat perd 2 milliards par an ", à cause du commerce illicite dans le secteur du tabac. Aliou Sadjo est alors favorable pour " l'introduction du timbre sur les produits ". En retenant ce thème, le Gicam entendait ainsi contribuer à la lutte contre ce fléau. La cellule de lutte contre le commerce illicite du Gicam vient en effet de rendre publics les résultats de son enquête dans les trois provinces septentrionales du pays. Il en ressort de cette étude que plus de 13 milliards de francs Cfa par mois sont perdus par les opérateurs de la filière carburant.
Ce qui représente 1/5 de la distribution mensuelle de la Scdp et entraîne une perte de 5 milliards pour les caisses de l'Etat. Tout comme 8 milliards de francs Cfa représentent les pertes de l'Etat dues à la piraterie des oeuvres de l'esprit, soit 90% de pertes de parts de marchés pour les artistes. Face à cette situation, le Secrétaire Exécutif du Gicam, Martin Abéga, justifie ce dîner débat par le fait qu'on " doit tendre vers des solutions en 2009 ". Une tâche qui ne sera facile si l'on constate avec Christophe Zimmerman, expert de l'Organisation mondiale des douanes (Omd), qu'il n'y a que " 800.000 douaniers dans le monde ", pour de centaines de millions de conteneurs qui sont transportés chaque jour.
Source: Quotidien Mutations
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