La reconstituion des faits dans l'assassinat de la veuve Moumié a été faite à Ebolowa
Comme dans un film, le principal suspect, Franck Eboutou Minla’a a rejoué les séquences de la scène macabre, pour les besoins de l’enquête policière. Ce qui dans les faits, correspond aux déclarations qu’il a faites à la police le jour de son interpellation. C’est aux environs de 12h que l’opération s’est déroulée, sous les regards des curieux, et la présence des autorités de la police, de la Justice et du secrétaire général de la région du Sud. La facilité avec laquelle Franck a accompli le forfait tient, selon la police, du fait qu’il était un habitué des lieux. “ Il fréquentait Mme Moumié contre sa volonté. Cette dernière l’avait chassé ”, indiquait déjà le responsable de la division régionale de la police judiciaire pour le Sud, Enguéné Magloire.
D’après les aveux que détient la police, Franck Eboutou Minla’a s’est introduit chez Mme Moumié dans la soirée de mercredi 7 janvier 2009. Il aurait ensuite donné l’impression d’être parti, en se cachant dans la maison. C’est ainsi qu’il a pu sortir de sa cachette en pleine nuit pour demander de l’argent. Car le porte-monnaie soutiré quelques heures plus tôt ne contenait que la somme de… 1 300 Fcfa. Toujours selon les policiers, Franck la croyait pleine aux as parce que sa fille vivant en Europe (Helen), lui envoie souvent de l’argent en plus des royalties générées par la vente de son livre édité en février 2006, “ Victime du colonialisme français : Mon mari Félix Moumié ”. Il aurait donc brutalisé sa victime parce qu’elle n’avait pas d’argent. Cette dernière en est morte. Mais avant, il a abusé d’elle sexuellement. Il s’agit d’une étape du forfait que Franck avait d’abord nié. La police affirme qu’il a aussi avoué le viol.
Négligences
La fille de 9 ans vivant dans cette maison n’a apparemment rien entendu. Elle dira plus tard que peu avant 6h du matin, le 8 janvier, Eboutou Minla’a l’a obligée à sortir de la maison pour aller à l’école. Il a ensuite emporté un lecteur Dvd, une valise et un poste de télévision. Sa présence n’était pas du genre à inquiéter. “ Son père et lui ont été les voisins de Marthe Moumié. Quand ils sont partis de là, Franck continuait à rendre visite à Mme Moumié. Comme c’était un voyou, elle le chassait et il revenait toujours ”, raconte maman Ruth, la tante de Franck vivant à Nko’ovos, non loin du marché à Ebolowa. Cette dernière accusait déjà Franck du meurtre, bien avant qu’il ne soit retrouvé. Cela n’a pourtant pas empêché les policiers de camper chez elle dans la nuit de vendredi à samedi dernier ; espérant que le suspect allait venir s’y réfugier.
“ Est-ce que je peux garder un criminel comme ça chez moi ? ”, finira-t-elle par lancer aux flics après. Elle affirme que deux ans plus tôt, Franck Eboutou Minla’a a tenté de la tuer, au détour d’une tentative de cambriolage. Elle avait déposé une plainte au tribunal ; mais ne comprend pas que l’affaire ait été apparemment classée par la Justice. Franck serait donc un délinquant que la Justice n’a pas jugé utile de neutraliser. Ce que confirme la police. “ On savait qu’il ne pouvait pas fuir vers le Gabon parce qu’il a déjà commis des gaffes de ce côté-là ”, révélait le commissaire Enguéné Magloire à la presse, pince-sans-rire. La police parade. La Justice prépare sa session de rattrapage. On ne peut néanmoins s’empêcher de constater que la police a agi avec une célérité peu ordinaire dans cette affaire pour retrouver celui qu’elle présente comme le meurtrier de Marthe Moumié.
Source: Le Messager
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