Entrée d'un ciné club
Dans une salle sombre du quartier Mvog-Mbi de Yaoundé, une télévision trône sur une estrade. La vétusté des lieux contraste avec l’affluence des clients. On est ici dans une salle de cinéma de quartier plus connue sous le nom de « ciné-club ». Bien qu’il ne soit qu’11h du matin ce 27 février 2009, de nombreux téléspectateurs, sont déjà assis sur des bancs. Ils regardent avec grand intérêt le film qui est diffusé.
Les projections diffusées ici sont des films dits d’action, des films pornographiques et des grandes rencontres sportives. Les prix vont de 100fcfa pour les films classiques à 200fcfa pour les grands films, entendez les films pornographiques. Les prix des rencontres sportives quant à eux, varient en fonction du type de rencontre et de l’humeur du patron. Les motivations des cinéphiles sont nombreuses. Pour Madelin, 20 ans, « le ciné-club est un moyen de détente car je n’ai rien à faire de toute la journée ». Roger par contre vient ici par passion : « j’aime beaucoup les films d’action et ici, je suis tous les nouveaux films à vil prix », dit il. Le ciné-club est également un lieu de refuge pour les écoliers buissonniers. A la question de savoir pourquoi il y a tant d’écoliers en tenue de classe dans son ciné-club, Atango, le gérant donne une réponse pragmatique : « c’est aux parents de s’occuper de leurs enfants, moi je suis là seulement pour encaisser mon argent » répond il. La question relative à la présence des élèves dans ce ciné-club semble embarrassante. Ces jeunes ne souhaitent pas s’exprimer sur leur présence en ces lieux et Atango nous intime gentiment l’ordre de nous en aller de peur de « faire fuir ses clients ».
Les films diffusés dans les cinés-clubs de Yaoundé, sont achetés au marché central. Il s’agit de VCDs piratés achetés à environ 800fcfa le VCD. Une fois le film diffusé 2 à 3 fois, « il est revendu aux loueurs de films » déclare un gérant d’un autre ciné-club. Les loueurs de films, comme leur nom l’indique, louent et échangent des films aux particuliers. Le secret de la longévité des cinés-clubs est ainsi dévoilé : pas de taxes à payer puisque n’étant pas officiellement reconnus comme entreprises. De plus, la matière première à savoir les films, coûte moins cher et l’amortissement est garanti.
Bien que les cinés-clubs soient en marge de la réglementation, il s’agit d’activités génératrices de revenus qui permettent de nourrir bien des familles et d’entretenir la passion des cinéphiles.
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