Mourinho a essayé de retenir Eto'o plus longtemps
Si en général, les entraîneurs des clubs n'aiment pas les matchs internationaux - pour lesquels ils doivent céder des joueurs qui reviennent parfois blessés -, il y a une période particulièrement difficile pour les managers européens : la Coupe d'Afrique des Nations.
Cette compétition, qui réunit tous les deux ans l'élite des pays africains est comme une épine dans les pieds des clubs européens, dont les joueurs provenant du vieux continent représente un pourcentage élevé des joueurs de l'élite.
Et forcément, certains clubs font tout pour retenir leurs joueurs le plus longtemps possible, voire essaient même de les empêcher d'aller à la Coupe d'Afrique des Nations.
Ainsi, l'Inter de Milan a essayé de conserver Eto'o plus longtemps, mettant en avant le fait que le Cameroun ne rentrerait dans la compétition que le 13 Janvier. Arrangement refusé par Le Guen et les dirigeants camerounais.
Santos avait perdu sa place de titulaire à Sochaux à son retour de la CAN
Pour retenir leurs joueurs, certains entraîneurs n'hésitent pas à utiliser tous genres de moyens de pression. Si en général, les stars africaines n'ont aucun problème ni scrupule à aller défendre les couleurs nationales en Afrique, certains joueurs de niveau plus modeste hésitent sérieusement, pas sûrs du tout de retrouver une place de titulaire à leur retour.
Ainsi, Santos, Brésilien naturalisé Tunisien s'était vu attribuer une place en or sur le banc à son retour de la CAN 2006, Guy Lacombe n'ayant pas apprécié que son attaquant participe à la compétition malgré son refus. Le Ghana devra se passer de Derek Boateng pour cette édition de la CAN, que le Borussia Dortmund a refusé de libérer.
Pour citer un exemple local, Joël Matip n'est toujours pas certain de rejoindre les lions indomptables en Angola, Schalke04 étant peu disposé à laisser partir le Camerounais.
Momo Sissoko n'avait pas hésité, en pleine CAN à abandonner ses coéquipiers maliens pour aller discuter avec les dirigeants de la Juventus son transfert de Liverpool. Jean François Jodar - le sélectionneur malien - n'avait que très modérément apprécié.
Dans cet arbitrage, certains joueurs, bien que patriotes doivent souvent se plier à la dure réalité : c'est le club qui paie le salaire et lui qui peut hypothéquer une carrière, comme l'avait souligné Lauren Etame en 2002, furieux d'avoir raté un match de plus que prévu avec Arsenal - les lions avaient dû revenir à Yaoundé pour recevoir une récompense décernée par le chef de l'Etat.
Il faut dire que la Coupe d'Afrique des Nations tombe au plus mauvais moment pour les championnats européens, à l'aurore de la reprise après la trève hivernale. Et elle coûte très cher à certains clubs. En 2008, Eto'o qui revenait à peine de blessure, avait dû abandonner une nouvelle fois le FC Barcelone.
Chez les grands comme les petits clubs, cette CAN ampute de nombreux joueurs essentiels. Ainsi, pour une durée pouvant aller jusqu'à un mois, Chelsea sera privé d'Essien, de Didier Drogba, Salomon Kalou et de John Obi Mikel. Le FC Barcelone perdra Yaya Touré et Seydou Keita, Manchester City devra se passer d'Adebayor et de Kolo Touré, tandis qu'à Arsenal on déplorera le départ d'Alexandre Song.
Difficile dans ces conditions de voir la CAN d'un bon oeil, car elle peut significativement changer la donne d'un championnat. Ainsi Chelsea, intraitable depuis le début du championnat devra se passer de son trio d'attaquant, Nicolas Anelka étant blessé, Kalou et Drogba partants pour la CAN.
Manchester United qui ne perdra pas de titulaire lors de la CAN, sera alors forcément avantagé.
En France par contre, le constat est plus équilibré : Chamak côté Bordeaux, Niang et Mbia à Marseille, Makoun à Lyon, les clubs du haut de tableau perdront chacun des joueurs importants.
L'idée a déjà été émise de déplacer la CAN pour la placer à une date qui dérangerait moins. Seulement, le mois de Juin n'est pas envisageable pour cause de Coupe du monde ou d'Europe, et parce que le temps ne serait pas idéal - saison des pluies en Afrique.
De plus, placer la CAN pendant la trève européenne serait handicapant non seulement pour les championnats nationaux africains, mais aussi pour les joueurs qui auraient un calendrier insoutenable.
D'ici là donc à ce qu'une solution soit trouvée, la CAN continuera de déranger : autant les coaches obligés de composer pendant des semaines avec des absences, autant les joueurs forcés de rester avec leur club pour ne pas perdre une précieuse place de titulaire.
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