Donnés favoris lors de cette compétition, le Cameroun a été défait d'entrée par une équipe du Gabon bien préparée pour bousculer son adversaire ; si dans la presse, on parlait déjà de podium voire de victoire finale pour les lions tandis que Giresse admettait à demi-mots ne pas être surpris sur le terrain par une défaite face au Cameroun, c'est bien le Gabon qui l'a emporté ce soir face au Cameroun. Contre toute attente ? Pas forcément si on analyse profondément la situation des lions indomptables.

En effet, le Cameroun a montré un visage rappelant des périodes que nous croyions révolues, comme l'absence des joueurs de couloir que nous dénotions après le nul face au Maroc, et que nous considérions comme l'un des plus, voire le plus grand chantier de celui qui était alors sélectionneur, Thomas Nkono. Associée à une insuffisance physique et une frilosité dans les duels, on a eu l'impression de revoir à peu de choses près le Cameroun qui a été en quart de finales en 2006 par la Côte d'Ivoire, corrigé en 2008 par l'Egypte, battu par le Togo et tenu en échec à domicile par le Maroc en qualifications.

Alain Giresse semblait avoir parfaitement étudié le Cameroun et avait préparé ses joueurs en conséquence. Compacte et regroupée, cette équipe a fait passer un sale quart d'heure aux attaquants camerounais qui sont tombés dans l'entonnoir et ont eu le plus grand mal à faire sauter le verrou adverse. L'absence des joueurs de couloir a lourdement influé, le Cameroun ayant délivré très peu de centres et ayant plutôt opté en attaques placées à circulation de balle très rapides : une option pas forcément adéquate ; Webo préférant jouer dans la surface ou en pivot plutôt qu'en profondeur, a du beaucoup courir dans le vide, offensivement comme défensivement. L'entrée de Tchoyi en seconde période a fait du bien aux lions, le joueur ayant pris le côté droit et permis d'écarter le jeu et d'offrir des solutions.

Du côté des latéraux, Bedimo pour sa première sélection a montré un peu de frilosité et n'est que peu monté. Geremi à droite a privilégié le jeu long et n'a pas fait profiter son équipe de sa qualité de centre. Résultat, le Cameroun a forcé dans l'axe et offert de nombreux espaces sur les côtés. Au milieu de terrain, la triplette A. Song - Makoun - Nguémo n'a pas du tout fonctionné : gênés par le pressing adverse, les milieux de terrain ont perdu beaucoup de ballons, souvent joué long et eu du mal à fluidifier la circulation de jeu. Si A. Song a essayé, notamment en seconde période, il a eu beaucoup de mal à s'exprimer comme d'habitude, peu aidé par ses compères. Le manque de circulation et d'appels n'aura pas aidé, Eto'o très discret notamment en première mi-temps.

Derrière, si on s'inquiétait pour Rigobert Song, c'est Nkoulou qui aura montré des carences ; dans un mauvais match, le Monégasque a été de tous les mauvais coups défensifs du Cameroun. Coupable d'entrée sur un ballon qui aurait pu faire mouche, c'est encore lui qui a laissé passer le ballon sur le but de Cousin. Peu inquiétés en général par un Gabon aux vélléités offensives limitées, la défense a été mise en difficulté dans les relances face à un bon pressing offensif et a été gênée par un excellent Daniel Cousin.

L'attaque devant n'a pas tourné comme il le fallait. Eto'o et Webo ont souvent dû descendre très bas chercher les ballons, et ont beaucoup couru dans le vide, gaspillant des forces et se retrouvant à court de forme en seconde période. Emana a essayé - souvent avec succès - de donner du tonus aux attaques avec des gestes techniques et des une-deux qui ont fait mouche, mais le manque de réalisme ou la grande forme du gardien ont empêché les lions de transformer les occasions qu'ils se sont créé. Au vu des erreurs et errements défensifs gabonais, on a d'ailleurs regretté une application insuffisante dans les attaques.

En somme, le Cameroun a réussi sur des exploits individuels à apporter le danger dans les derniers mètres, et a payé son manque de réalisme. Collectivement par contre, les lions ont montré un visage rappelant celui de 2008 : de grandes difficultés à faire circuler le ballon, asphyxie face au pressing adverse. Eto'o et ses coéquipiers ont souvent donné l'impression que face à un Gabon plus ambitieux et plus décomplexé, le résultat aurait été pire, à l'image des nombreux sauvetages in extremis de Carlos Kameni.

Paul Le Guen devra rapidement trouver la solution pour améliorer la circulation de balle et surtout de fermer les espaces offerts au milieu de terrain en attaque comme en défense.

Note des joueurs

Carlos Kameni : 6.5.
Impuissant sur le but, le gardien a souvent sauvé la mise à ses coéquipiers peu rassurants en défense. N'a pas eu beaucoup de travail dans l'ensemble.

Henri Bedimo Nsame : 5.5
Appliqué défensivement, le néo international n'a pas encore totalement pris ses marques. A hésité sur ses rares montées mais a apporté un plus à chaque fois, gagnant un très bon coup-franc

Nicolas Nkoulou 3.5
En difficulté, le Monégasque n'a pas montré sa sérénité et sa vivacité habituelles. Coupable sur le but, il a eu du mal à gérer Daniel Cousin et a paru en manque de repères.

Rigobert Song : 5
Un match sérieux de l'ancien capitaine, qui n'a pas été mis en danger par les attaquants adverses

Geremi Ndjitap : 4.5
On aurait apprécié plus de montées de Geremi qui a préféré jouer long. Défensivement, il a été dominé par son vis-à-vis. Aurait pu marquer sur deux coup-francs.

Alexandre Song : 6
Dominé en première période par le pressing adverse, "Alex" a pris ses responsabilités en seconde et a beaucoup tenté. Peu aidé par l'apathie de ses coéquipiers.

Jean II Makoun : 2
Fantômatique, le Lyonnais a remontré ses carences de 2008. Il a paru noyé, hésitant dans ses prises de balles. N'a pas apporté de solutions offensives et a paru léger dans les duels.

Landry Nguémo : 4
En première mi-temps, il a essayé mais n'a pas toujours fait les bons choix. Un peu trop porté vers l'offensive, il a abandonné le milieu de terrain

Achille Emana : 7
Sans conteste le poumon des lions. A tenté et réussi de nombreux gestes et a apporté le danger, soit sur ses frappes ou sur ses bonnes combinaisons. A paru essouflé en seconde période.

Samuel Eto'o : 4.5
Transparent en première période, Eto'o a essayé en seconde, mais a souffert d'un mileu de terrain frileux. Dans la surface, il n'a pas été aussi incisif que d'habitude.

Achille Webo : 5.5
A manqué l'immanquable sur un excellent coup-franc d'Eto'o. Webo s'est retrouvé dans des positions inhabituelles mais a eu le mérite d'essayer, se dépensant sans compter.

Somen A. Tchoyi : 6
Bonne entrée de Somen qui a pris le couloir et apporté le danger. A progressivement disparu

Eyong Enoh (non noté)

Mohamadou Idrissou (non noté)

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