C’est une première victoire pour l’opposition : Elecam, l’organisme chargé d’organiser les élections et de maintenir les listes électorales va procéder à une refonte en profondeur. Mardi dernier, une session extraordinaire du conseil a validé la refonte des listes avant les prochaines échéances législatives et municipales.
Il y a un mois pourtant, Mohaman Sani Tanimou, le numéro 1 de cet organisme avait refusé l’idée d’une refonte, privilégiant le nettoyage du fichier. Une position défendue en invoquant la difficulté de lancer un tel projet en quelques mois, les prochaines élections ayant lieu en Juillet. La garantie du gouvernement, qui devrait financer l’opération, aura fini par faire tomber les dernières réserves de l’organisme électoral.
Côté opposition, on était décidé à obtenir cette refonte, de nombreux partis ayant prévu des boycotts purs et simples des prochaines échéances si la fameuse refonte du fichier électoral n’était pas faite : le Manidem avait d’ailleurs prévu des manifestations publiques, réclamant la refonte du fichier, le bulletin unique et surtout l’inscription biométrique afin d’éviter les fraudes et erreurs qui ont émaillé la dernière élection présidentielle.
D’après de nombreux observateurs, le fichier électoral qui a connu de jours meilleurs n’est plus du tout à jour et ne représente plus aucune réalité tangible : les cas de personnes décédées mais toujours inscrits et votants, de personnes recevant plusieurs cartes d’électeur – dans leur lieu de résidence et dans leur village d’origine en général – ont été monnaie courante lors de l’élection d’Octobre.
C’est un nettoyage en profondeur qui sera effectué, les opérations de révision ayant été suspendues depuis le mois dernier, les antennes d’Elecam attendant les consignes pour le démarrage de la refonte du fichier.
Cette victoire de l’opposition, obtenue dans la paix et sans heurts, devrait maintenant s’accompagner d’une manifestation citoyenne et d’une reprise d’intérêt pour les différentes échéances politiques camerounaises. Les taux d’abstention des précédentes élections témoignent du désintérêt que démontrent les différentes classes socioprofessionnelles vis –à-vis des élections, et devrait baisser significativement afin d’obtenir une représentativité et une diversité plus fortes des diverses classes politiques aux différents postes. Ainsi, la démocratie pourra devenir un rêve accessible au Cameroun.
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