Rattrapage inadéquat. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier la descente lundi
13 octobre 2008 des agents de la mairie de Bafoussam IIIe sur le site du
glissement de terrain survenu le 9 octobre au quartier Kamkop à Bafoussam. Car
arrivés sur les lieux du sinistre, les commis du maire Bernard Tchanou ont
apposé précipitamment des mentions indiquant que le site concerné était n’était
pas propice à l’habitation. Les populations riveraines qui ne sont pas prêtes à
partir brandissent des titres fonciers et des permis de bâtir délivrés par les
autorités compétentes.
“Nous avons bien peur d’être fauchés ou engloutis par un autre glissement. Mais
les gens de la mairie ne doivent pas se comporter comme si nous étions
responsables de cette dégradation de la nature. Ce n'est pas de manière
clandestine que nous nous sommes installés ici”, souligne Alliance, une
riveraine. Seulement, nier la responsabilité des riverains ne serait-elle pas
faire preuve de mauvaise foi ? En tout cas, nul n’est besoin d’être expert en
géologie pour constater que cet espace marécageux ne saurait accueillir le poids
des immeubles de plusieurs niveaux qui encombraient cet endroit jusqu’en date du
mercredi 7 octobre 2008.
“ Sur quelle base a-t-on attribué le permis de bâtir dans une zone marécageuse
impropre à l’habitation ? Les textes qui régissent les constructions sont
pourtant formels. Le permis de bâtir est l’outil qui permet de contrôler la
conformité des habitats au plan d’urbanisme. Et pour construire dans une zone
marécageuse, il faut s’entourer d’un ensemble de précautions, tout ceci sous le
contrôle des architectes commis par la municipalité. Donc, dans le cadre de
glissement de Kamkop, il faut retenir la responsabilité des autorités ayant
délivrés les permis de bâtir pour les construction en question ”, explique
Stephan Yimdjo, juriste publiciste à Bafoussam.
Apathie des autorités administratives
Après la forte pluie qui s’est abattue sur la ville de Bafoussam le 9 octobre,
la nappe superficielle de l’écorce terrestre a lâché à quelques mètres du siège
de la Société camerounaise de savonnerie (Scs) à Bafoussam. Sous le choc, les
maisons construites dans cette zone marécageuse, y compris un immeuble de trois
niveaux encore en construction, ont cédé. “ Tout a commencé autour de 16 heures.
Nous avons juste vu comment les maisons étaient en train de s’enfoncer dans le
sol. Comme s’il y avait un tremblement de terre. Cela a duré moins d’une minute.
On a juste constaté que la superficie du marécage s’est élargie ”, témoigne
Antoinette.
Heureusement, on ne déplore aucune perte de vie humaine. Le bilan indique
néanmoins une dizaine de maisons englouties. Est-ce pour cela qu’hormis le maire
de Bafoussam IIIe, aucune autorité administrative de la place de même que les
responsables de la délégation provinciale de l’Environnement et de la protection
de la nature ou de l’Administration territoriale et de la décentralisation n’ont
pas fait le déplacement sur les lieux du sinistre ? Pourtant l’implantation de
plusieurs industries et de nombreuses maisons d’habitation à Kamkop commandaient
une telle démarche…
Ce n’est pas la première fois qu’un glissement de l’écorce terrestre survient
dans la région. En septembre 2007 par exemple, une montagne s’était affaissée au
lieu dit “ 44 Pongo ” à Kékem. A la suite de cet éboulement, l’axe routier
Bafoussam-Douala s’était coupé en deux. Causant d’énormes pertes pour l’économie
nationale, les transporteurs étaient obligés d’emprunter une voie de
contournement plus coûteuse.
Source : Le Messager
|