Sorcier africain
Il dit s’appeler Lazare, son nom de baptême après une séance de prière. Il se serait appelé avant cela Bob. Il affirme être venu d’un monde d’où il était maintenu comme prisonnier. Dans un français impeccable et dans un ton occidental, il raconte à qui veut l’entendre qu’il a longuement souffert dans une geôle où il était machiniste. “ J’étais dans une prison en Europe où je manipulais les machines. Après, nous nous sommes révoltés et on a décidé de m’envoyer à Kribi où je devais être amené vers une autre prison où je devais souffrir encore plus à cause de ma rébellion ”, raconte Lazare.
Selon le “ revenant ”, il aurait atterri mystérieusement à Bonamoussadi à Douala avant d’effectuer trois jours de marche en direction de Kribi. “ Je suis arrivé à Kribi après trois jours de marche et suis arrivé au bord de la plage, lieu de rendez-vous pour le transfert vers un autre lieu, et je n’ai trouvé personne. Et c’est pour cela que je suis encore à Kribi et je continue d’attendre, n’ayant aucune autre issue ”, ajoute-il. Dans une conversation à bâtons rompus, le garçon dit ne rien savoir de sa nationalité, ni de son âge et est sûr de ne connaître personne en Afrique. Par ailleurs, il décrit les sévices qu’il y a subis dans sa précédente vie : “ D’où je viens, on nous battait copieusement après avoir été ligoté. Nous buvions le sang qui coulait d’un robinet ”, affirme Lazare.
Aujourd’hui, il ne consomme plus que les crevettes crues et des aubergines. Dans la nuit, les voisins disent suivre ses conversations dans un langage incompréhensible. Il avoue communiquer avec les morts. Son lieu de recueillement préféré était il y a encore quelques jours le cimetière de Mboamanga. Il réside actuellement dans une famille d’accueil, chez maman Silla où il fait presque déjà partie de la famille.
“J’ai remarqué ce jeune homme, il y a de cela quelques semaines au niveau du hangar de vente du collège Cetm de Mboamanga. Il était assis tranquillement. Le lendemain je l’ai revu à la même place et il m’a abordé pour me demander si je pouvais lui montrer le domicile des prêtres. Je l’ai emmené chez le surveillant général du collège qui est un établissement catholique. Je l’ai revu le lendemain et c’est là que je l’ai conduit à la maison. Ma mère a accepté de le garder à la maison ”, confie Cathy, la fille aînée de maman Silla.
Il y a de cela quelques jours on l’a amené chez une radipraticienne. Après y avoir passé un séjour de deux semaines, il en est sorti avec un pied et une main paralysée. Pour une proche de cette tradipraticienne, on parle d’un esprit maléfique qui aurait pris possession de cet enfant. “Quand il est venu chez nous, ma tante a essayé de le soigner à travers tous les rites et les prières mais elle a avoué que c’était un esprit très fort qui était dans ce garçon et qu’elle était incapable de le faire sortir. Elle a été obligée de le renvoyer dans sa famille d’accueil ”, avoue Cathy. Dans toutes les chaumières et gargotes de Kribi, les sujets de conversations tournent essentiellement sur ce “ revenant ”. Les prêtres exorcistes et les médecins psychiatres sont sollicités pour déchiffrer cette énigme vivante.
Kribi, terre de “ revenants ”
Au mois de juillet 2003, une affaire de revenant avait déjà défrayé la chronique au Cameroun. Le jeune Essengué Pierre-Victor, 23 ans, décédé en septembre du côté de Bali à Douala, avait semblé revenir à la vie sous les traits d’un autre jeune, Roland Nformi, qui s’était échappé des champs du côté de Bamenda est passé par Kribi avant d’atterrir à Douala. L’affaire avait tenu en haleine les populations du poumon économique du Cameroun et bien au-delà.
La supercherie a été levée lorsque la famille Essenguè qui résidait alors à Mbanguè, a commencé à monnayer les visites des curieux qui voulaient absolument voir de leurs propres yeux ce phénomène qui dépasse l’entendement. Finalement, la famille du revenant présumé a fait le déplacement à Douala pour récupérer Roland Nformi (un de ses fils reconnu notamment grâce à la photographie publié par Le Messager) et le ramener à…Bamenda ! Décidément, Kribi est une terre qui prospère en revenants.
Source: Le Messager
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