Chaudes empoignades hier à l’hôtel Hirgoyo de Maroua. L’établissement hôtelier dont la salle de conférence fait office de quartier général (Qg) du Rdpc s’est transformé, le temps d’un après-midi électoral, en un véritable ring de boxe. Les violences entre militants de l’Undp/Andp (d’une part) et ceux du Rdpc font suite à une rumeur persistante impliquant Sali Dahirou, ex-ministre et député sortant du Diamaré.
La tête de liste du Rdpc aux législatives est accusé par des militants de l’Undp et de l’Andp d’avoir dissimulé des urnes bourrées dans une pièce du Qg. « Nous l’avons vu entrer avec une dizaine d’urnes dans l’hôtel. Dans la matinée déjà, il a donné de l’argent à nos électeurs pour que ces derniers votent pour les listes du Rdpc. Ceux-là sont venus tout nous raconter », dénonce un responsable de l’Andp à l’Extrême-Nord.
Ce que soutient mordicus ce militant de l’Undp, candidat aux municipales dans la circonscription électorale de Maroua 3e. « Sali Dahirou a caché des urnes dans l’hôtel et même dans son domicile. Il les a bourrées et il a l’intention de les sortir le soir pour les emmener dans les bureaux de vote », dit-il. L’homme affirme en plus que de l’argent lui aurait été proposé contre sa démission de l’Undp.
Alors que le vote suivait son cours à travers la ville de Maroua, 500 militants de l’Undp et de l’Andp ont fait irruption dans le Qg. Les uns ont littéralement encerclé Sali Dahirou, menaçant de le molester si toutes les urnes « dissimulées » ne leur sont pas livrées. Alertés, quelques éléments de la Police déversés dans les rues de Maroua sont intervenus. Mais la meute de manifestants était déjà passée à la fouille de l’établissement hôtelier. Des militants du Rdpc qui ont tenté de leur opposer une résistance sont passés à tabac. Suite à ces accrochages, un militant du Rdpc est grièvement blessé à la tête. Ses jours ne seraient pas en danger. L’intervention d’autres éléments de la Police venus en renfort a permis de disperser la foule. Le Qg du Rdpc a tout de même été mis à sac par les assaillants.
Joint finalement au téléphone après moult tentatives, Sali Dahirou nie tout en bloc. Pour lui, « ce sont des allégations de l’Andp qui visent à discréditer notre parti. Ils étaient plus de 400 à nous envahir à notre Qg, mais ils n’ont rien trouvé ». Sur son éventuelle interpellation par la Police et sa détention provisoire, le député sortant dit avoir demandé personnellement à la police de laisser les manifestants passer le Qg à la fouille complète.
« Les éléments de la police sont venus, je leur ai demandé de ne pas bouger. Nous, on ne va pas céder à la provocation (…) les gens sont en position de faiblesse et veulent créer des incidents», tance Sali Dahirou. A l’occasion d’une entrevue accordée la veille du double scrutin au reporter de votre journal, le gouverneur Augustine Awa Fonka invitait les partis politiques au calme. Son appel n’a pas été entendu.
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