La pauvreté n'a pas reculé au Cameroun, selon un rapport de l'Ins
                                                 												 
                                                
        Les gouvernants qui ronronnent à longueur de discours sur les grandes avancées 
        du Cameroun en matière de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales 
        sont désormais dans une posture incommode depuis qu’ils ont pris connaissance 
        des résultats de la troisième enquête sur les ménages.
        Car, les résultats de la toute dernière enquête menée au Cameroun auprès des 
        ménages montrent que la pauvreté a, au mieux, stagné. 
         
        Selon les conclusions de cette enquête sur les ménages conduite par le très 
        officiel Institut national de la statistique (Ins) : “ Le recul de la pauvreté 
        constaté entre 1996 et 2001 s’est estompé entre 2001 et 2007 ; les performances 
        économiques n’ayant pas été suffisantes”. La personne pauvre étant ici décrite 
        comme vivant dans un ménage dont la dépense moyenne alimentaire et non 
        alimentaire par adulte n’excède pas 738 francs par jour. Cet indicateur ayant 
        été conçu avant l’envolée des prix des denrées alimentaires, on voit bien que 
        même ceux qui dépenseraient 1000 francs par jour resteraient sous le seuil de 
        pauvreté. Les conclusions de cette enquête sont si embarrassantes que le 
        gouvernement tarde à rendre public ce document censé orienter les 
        administrations dans l’élaboration des politiques. 
         
        Selon les résultats de l’enquête Ecam 3, “ la croissance économique de la 
        période n’a pas été à la hauteur des attentes. En effet, le taux réel de 
        croissance du Pib n’a été que de 3% à 3,4% en moyenne contre un objectif de 7% 
        en moyenne retenu pour la période ”. Les enquêteurs font d’ailleurs remarquer 
        que le taux de croissance connu par l’économie camerounaise est à peine plus 
        important que le taux de croissance démographique qui est de 2,7%. Autant dire 
        que l’économie camerounaise a fait du sur place. Pourtant, au début de la 
        période, fort du document intérimaire de stratégie de réduction de la pauvreté, 
        et des documents de stratégies sectorielles qui y étaient annexés, le 
        gouvernement se faisait fort de faire repartir l’économie camerounaise vers des 
        niveaux de performance proches de ceux du début des années 80. Le chef de l’Etat 
        lui se faisait fort, au lendemain de sa réélection, en 2004, de porter le 
        Cameroun vers des taux de croissance à deux chiffres. 
  
                                                                                                 
                                                												
                                                
        Un échec qui s’est rapidement répercuté sur le niveau de vie des Camerounais, 
        dont la même proportion qu’en 2001 vit sous le seuil de pauvreté. Il y a 39,9% 
        de personnes très pauvres au Cameroun en 2007, contre 40,2 en 2001, lors de la 
        précédente enquête. Il est vrai que sur la même période, les objectifs du 
        gouvernement (37,1%) n’étaient pas particulièrement ambitieux, mais ils n’ont 
        même pas été atteints. En somme, la prétention du Cameroun à atteindre les 
        objectifs du millénaire de réduction de la pauvreté va être corrigée à la 
        baisse. 
         
        La situation aurait probablement été plus grave, signalent les analystes de 
        l’Institut national de la statistique, si des mesures de protection du pouvoir 
        d’achat des populations n’avaient pas été prises à deux reprises ces dernières 
        années. “ Les mesures gouvernementales de lutte contre la vie chère mises en 
        place depuis 2006, notamment les maîtrises des prix des produits pétroliers, la 
        réduction ou la suspension des droits de douane sur les produits alimentaires 
        importés de grande consommation, ont contribué très positivement à l’atteinte de 
        ce résultat, le pouvoir d’achat des ménages ayant été relativement préservé ”. 
         
        Si ces mesures de surface à objectifs limités ont pu 
        donner l’illusion de préserver l’accès à certains bien à ceux qui le pouvaient 
        déjà, les fondamentaux de la pauvreté au Cameroun sont restés les mêmes. “ Au 
        plan spatial, note l’Institut national de la statistique, la stabilité du taux 
        de pauvreté au niveau national cache d’importantes disparités. Le phénomène est 
        plus accentué en milieu rural 55% qu’en milieu urbain (12,2%). Par rapport à 
        2001, la pauvreté est ainsi en aggravation de 3 points en milieu rural et en 
        recul de 5,7 points en milieu urbain ”. D’autre part, en ce qui concerne les 
        déterminants de la pauvreté, ils échappent à l’influence de mesures de 
        correction des tarifs douaniers et autres décisions présidentielles ponctuelles 
        censées soulager les populations. Les près de 52 000 Camerounais enquêtés dans 
        les dix provinces considèrent que les déterminants les plus importants de la 
        pauvreté, et qu’il faut corriger si on veut la faire reculer, sont les suivants 
        : le niveau d’instruction, la situation sur le marché du travail (qualité de 
        l’emploi et niveau de revenu), l’accès aux infrastructures économiques, l’accès 
        aux facteurs de production (la terre, le capital et les intrants agricoles) la 
        taille des ménages et le milieu de résidence. Source : La Nouvelle Expression
  
                                                												
                                                
  
                                                												
                                                
  
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