Ngamo Hamani a été arrêté
Par deux fois, Paul Ngamo Hamani a jeté un coup d'œil en arrière pour voir la
position de la voiture qui transportait sa femme. D'abord, aux environs de 18
h30, à la Cour d'appel du Littoral au quartier Bonanjo, alors que la voiture de
la police qui le transportait venait de quitter les lieux en trombe. Puis,
quelques instants plus tard, au niveau du lieu dit " Texaco Aéroport ", sur
l'axe lourd Douala-Yaoundé. L'ancien et dernier Administrateur provisoire (Ap)
de l'histoire de la compagnie nationale aérienne camerounaise, Camair, a ainsi
été baladé par la police, non seulement entre deux points différents de la ville
de Douala, mais également entre Yaoundé et la capitale économique.
Tout a donc commencé, selon des témoignages concordants, à Yaoundé, dans la
matinée. C'est là que Paul Ngamo Hamani a été interpellé pour être conduit à
Douala, sous escorte de cinq policiers assis à bord d'un 4*4 double cabine.
Arrivé à Douala en début d'après midi, il a été présenté au Procureur Général
près la Cour d'Appel du Littoral. Très peu d'informations ont filtré de cette
audience qui aura duré quelques heures. Tout ce que l'on sait, par contre, c'est
qu'il est ressorti du bureau de Luc Ndjodo aux environs de 17 h 45minutes. Et
qu'il est passé, il y a quelques jours, devant le conseil de discipline
budgétaire du contrôle supérieur de l'Etat.
Mais la pression psychologique a déjà commencé pour lui. Sorti du bureau du Pg
autour de 17h45 minutes, l'ancien Ap a dû attendre (on ne sait pourquoi) encore
près d'une heure assis dans la voiture. "Je suppose que vous m'appelez par
rapport aux informations qui circulent". Voilà la réaction qu'a eu hier autour
de 18h Paul Ngamo Hamani après que son interlocuteur a décliné son identité et
sa qualité. "Je n'ai pas encore été arrêté", a poursuivi l'ancien administrateur
provisoire de la Cameroon Airlines, avant de conclure sur un ton posé : "je suis
entendu depuis des mois dans le cadre d'une enquête qui n'est pas bouclé et j'ai
déféré aujourd'hui (ndlr, hier) à une nouvelle convocation et j'ai été conduit à
Douala".
Entre temps, quelques provisions lui ont été servies par des individus présentés
comme des membres de sa famille, au rang desquels son épouse avec qui il a
échangé, au téléphone, de temps en temps. Après avoir consommé deux oranges achetés
par les siens en face des locaux de la Cour d'Appel, Paul Ngamo Hamani et ses
gardes policiers vont reprendre le chemin de Yaoundé. Mais le voyage retour a
connu une escale au lieu dit " Texaco Aéroport ". Ici, les policiers et leur "
colis " ont passé quelques moments agréables, avec au menu de la viande braisée
et de quoi assouvir la soif qui traverse le groupe depuis le matin.
A 19h25, le dernier virage a été lancé. La voiture qui transporte celle qui a
été présentée comme l'épouse de l'ancien Ap a failli être semée par les
policiers. La Pajero immatriculée Ce 4677 Z a finalement suivi le mouvement. A
bord, une femme presque abattue. Qui vit le début d'une séparation qui risque,
peut être, être longue d'avec son mari. Mais la question que certains se posent
déjà c'est pourquoi ce retour à Yaoundé. Quelques hommes de droit, rencontrés à
la Cour d'Appel du Littoral, affirment que l'ancien Ap ne peut être ramené à
Yaoundé que sur décision du Procureur général près la Cour d'Appel du Littoral.
C'est lui qui devrait envoyer Paul Ngamo Hamani, d'abord devant le procureur de
la République, puis devant un juge d'instruction.
Autour de 21h30, Paul Ngamo Hamani était encore sur l'axe lourd Yaoundé - Douala
et n'était toujours pas fixé sur l'endroit où il devait passer la nuit quand
nous l'avons à nouveau joint sur son téléphone portable. Revenu à Yaoundé à bord
d’une camionnette de la police suivie de sa Pajero immatriculée Ce 4677 Z,
l’ancien administrateur provisoire de la Camair se trouvait toujours dans les
locaux de la police judiciaire au quartier Elig Essono hier nuit vers minuit.
Peu avant, des proches parents lui ont remis de l’eau et des provisions . Il
était alors 23h35. Juste après, son épouse, son chauffeur et un de ses frères
ont quitté l’esplanade de la direction de la police judiciaire (Dpj),
probablement pour trouver du matériel de couchage à M. Ngamo visiblement
fatigué.
Source : Mutations
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